Le Standard de Liège commence sa saison 2007-2008 25 ans après son dernier sacre. Au terme d’une saison maitrisée, les «Rouches» retrouvent la gloire. Retour sur la période la plus difficile et la plus belle de l’histoire du club liégeois.
Le titre, puis l’attente interminable
Le Royal Standard Club Liégeois a été fondé en 1898. Il s’agit d’un des clubs les plus titrés de Belgique. Il compte dix titres de champion, huit Coupes de Belgique et quatre Supercoupes. Les «Rouches» tiennent leur surnom de la couleur de leur équipement (rouge et blanc) prononcé avec l’accent liégeois. Le Standard évolue au Stade Maurice Dufrasne, également appelé «stade de Sclessin» ou «l’enfer de Sclessin» situé en périphérie de Liège, en bord de Meuse. Le club liégeois possède un des meilleurs centre de formation du pays. Même si la confiance envers les jeunes semble un peu mise de côté ces dernières années, beaucoup de gloires passées ont été formées là-bas.
Les «Rouches» entrainent une forte rivalité avec le plus grand club de Belgique : le Sporting d’Anderlecht. La rencontre de ces deux formations fait office de Clasico en Belgique. Deux autres grandes rivalités sont également à compter en bord de Meuse : une très actuelle ainsi qu’une un peu mise de côté. La première les oppose au Sporting de Charleroi. Ces deux équipes sont actuellement les deux meilleures équipes wallonnes et le «derby wallon» est un moment fort de chaque saison de Jupiler Pro League. La deuxième oppose les Liégeois à l’autre club de Liège : le RFC Liège. Il s’agit du premier club de la ville de Liège et également du premier club champion de Belgique de l’histoire. Fondé avant le Standard, le «Football Club Liégeois» a vu le Standard se créer et rapidement se développer. Au fil des années, une grande rivalité s’est développée entre les frères ennemis. Cette rivalité est actuellement moins à l’ordre du jour, le RFC Liège évoluant en troisième division. Le dernier «derby liégeois» officiel remonte à la saison 1994-1995.
Lors de la deuxième partie du XXe siècle, le Standard a vécu ses meilleures années. En particulier entre 1981 et 1983. Avec Raymond Goethals aux commandes, le Standard sera deux fois successivement champion de Belgique, double vainqueur de la supercoupe de Belgique et surtout finaliste de la Coupe d’Europe des vainqueurs de coupe où ils s’inclineront dans une défaite controversée face au FC Barcelone. Le titre de 1992-1993 sera le dernier titre du Standard avant 25 ans. Une attente interminable pour les supporters liégeois.
Durant cette période d’attente le Standard sera marqué par le scandale de l’affaire Waterschei, révélé en 1984. En fin de saison 1982, le club de Liège avait approché le capitaine de l’équipe de Waterschei pour qu’il laisse gagner les liégeois lors de la dernière journée de championnat et soient sacrés champions. Durant ces 25 ans, le Standard ne remportera qu’une coupe de Belgique, subira de multiples changements d’entraineurs et sera racheté par Robert Louis-Dreyfus qui placera rapidement Lucien D’Onofrio en tant qu’homme fort de Sclessin.
La saison de la délivrance
Le Standard entame la saison 2007-2008 avec Michel Preud’homme à sa tête, revenu pour un deuxième mandat la saison précédente. Saison qui a été une excellente préparation à celle de 2007-2008. Le Serbe Milan Jovanovic ainsi que le Brésilien Dante avaient été recruté. Plus important encore, le triangle d’or du Standard avait été formé : Marouane Fellaini, Steven Defour et Axel Witsel. Trois joueurs de 18 ans devenus un des meilleurs milieux de terrain du football belge au 21ème siècle. Le Standard avait terminé troisième et avait échoué en finale de la Coupe de Belgique face au Club de Bruges.
Pour préparer cette nouvelle saison, les «Rouches» ont transféré Grégory Dufer et surtout Dieumerci Mbokani, leur futur meilleur buteur. Les Standardmen commencent la saison sur les chapeaux de roues mais ne maintiennent pas la série de victoire. Ils restent tout de même excellents et partagent la tête avec le Club de Bruges avant la trêve hivernale. Le club du bord de la Meuse recommence 2008 plus forts que jamais. À l’issue de la 27ème journée, les hommes de Preud’homme sont premiers et comptent neuf points d’avance sur Anderlecht et dix sur le club de Bruges. Lors de la 31ème journée, les Brugeois ne parviennent pas à s’imposer sur le terrain de La Gantoise et offrent au Standard la chance de leur vie : s’ils battent Anderlecht lors du Clasico, ils seront champions. L’enfer de Sclessin, plus chaud que jamais accueille son rival historique et vont s’imposer 2-0 grâce à deux buts de l’inévitable Dieumerci Mbokani. Sclessin explose, Michel Preud’homme devient une légende et Liège fera la fête jusqu’au bout de la nuit.
En route pour le doublé ?
À l’aube de la saison 2008-2009, le Standard a vécu un gros changement. Leur entraineur Michel Preud’homme quitte le bercail en direction de La Gantoise et est remplacé par le Roumain László Bölöni. Un membre du triangle d’or : Marouane Fellaini s’envole en direction d’Everton dans un transfert record à cette époque. Enfin, le Standard recrute Wilfried Dalmat et Benjamin Nicaise pour pallier à ce départ.
Les «Rouches» débutent avec une victoire en Supercoupe 3-1 face à Anderlecht. Ils réalisent une bonne première partie de saison en terminant deuxième à 4 points derrière Anderlecht. Lors du mercato hivernal, Dante quitte les siens en direction du Borussia Mönchengladbach. L’arrivée la plus marquante sera celle d’un gardien qui marquera l’histoire en bord de Meuse : Sinan Bolat. Ce dernier gagnera sa place de titulaire et terminera la saison. Lors de l’ultime journée de championnat, le Standard se déplace sur le terrain de La Gantoise, équipe d’un certain Michel Preud’homme. La tâche est simple : la victoire sinon rien. S’ils s’imposent, les Liégeois rejoindront Anderlecht en tête du classement, autrement, le titre leur échappera. La mission semblait accomplie à 0-1 et plus que quelques secondes à jouer lorsque l’arbitre désigne le point de penalty à la 91ème pour une faute d’Oguchi Onyewu. Bryan Ruiz, le tireur de La Gantoise qui n’a raté pratiquement aucun penalty de la saison s’élance face à Sinan Bolat qui a l’espoir de tout un peuple au bout de ses gants. Ruiz s’élance et son tir est arrêté par le portier turc qui devient le héros de la saison. Le Standard se dirige donc vers deux «test matchs» face à Anderlecht. Il s’agit d’une double confrontation entre les deux équipes qui couronnera l’équipe championne. La première rencontre s’est déroulée à Bruxelles et s’est soldée sur un nul 1-1. Le match retour à Sclessin s’est terminé sur le score de 1-0 avec un but d’Axel Witsel sur penalty. Le Standard est champion pour la deuxième année consécutive et hérite d’une étoile au-dessus du blason pour symboliser les dix titres remportés.
Depuis ces deux saisons, le Standard est passé proche du titre à plusieurs reprises sans jamais le remporter. Il a néanmoins soulevé trois autres coupes de Belgique. Onze ans nous séparent déjà du dernier sacre «Rouche» et les supporters se montrent de plus en plus impatient avec leur nouvelle direction. Après avoir fait fuir le successeur de Lucien D’Onofrio : Roland Duchâtelet pour manque de résultats sportifs, Bruno Venanzi pourrait subir le même traitement vu l’absence de gros résultats. Le peuple «Rouche» ne veut pas avoir à attendre 14 autres années pour retrouver la gloire et même l’actuel troisième mandat de Michel Preud’homme ne semble pas trouver de conclusion positive pour le moment. La place Saint-Lambert (lieu où le Standard fête les titres avec ses supporters) n’attend qu’une chose : rugir de nouveau aux chants rouges et blancs.
Crédits photo : Iso Sport / Icon Sport.