#LPDC8 : Real Club Celta de Vigo (1/2)

Lorsqu’on parle de la Liga avec des amis, on se réfère souvent au Real Madrid, au Barça ou à l’Atlético Madrid. Mais ce championnat n’est pas considéré comme l’un des meilleurs  seulement parce qu’il y a ce big three, il l’est aussi grâce à des clubs dont on ne parle pas souvent et qui font progresser le football espagnol. Le Celta Vigo en fait partie.

Un temps sous la houlette du grand cycliste Luis Enrique, parti vers le soleil de la Catalogne et le FC Barcelone lors de l’été 2014, les Celticos s’imposent petit à petit comme une équipe avec un football ultra-offensif et tout en toucher de Liga. Tout cela est normal puisque la direction a décidé de s’attacher les services d’Eduardo Berizzo. L’ancien joueur de l’Olympique de Marseille, le temps de 20 matchs, est un entraîneur plus rugueux que joga bonito.

« Bielsa m’a enseigné que rien n’est appris, que tout est encore à découvrir. Il a été comme un guide, quelqu’un qui m’a éduqué et m’a appris à diriger. »

La composition d’équipe

Avant même de parler de tactique et de dispositif, l’entraîneur doit avoir ses propres convictions sans se montrer rigide mais sans les renier. Il doit savoir s’adapter aux joueurs qu’il a à disposition pour pouvoir tirer profit des points forts de chacun. De plus, il doit aussi être capable de trouver une harmonie entre l’individuel et le collectif. Un joueur va généralement chercher la performance et du coup, le plaisir individuel. L’entraîneur doit être capable d’être performant collectivement en permettant aussi aux joueurs d’être épanouis, comme s’ils jouaient au stade près de chez eux.

Pour ce faire, Toto Berizzo a décidé de mettre en relation toutes ces notions et de mettre en place un 4-2-3-1 pour être dans un équilibre parfait entre conviction et harmonie individuelle et collective.

Lorsque l’on ne possède qu’un seul véritable attaquant de pointe, le 4-4-2 se transforme en 4-2-3-1 avec le deuxième attaquant qui évolue dans une position plus reculée sur le terrain. Les joueurs excentrés se positionnent un peu plus haut, permettant d’avoir une occupation rationnelle de l’espace. La difficulté avec ce dispositif, c’est que les relations entre les joueurs sont beaucoup plus compliquées. On a donc du mal à garder un bloc groupé dans la phase offensive. Le bloc est intéressant dans le sens où il est étiré dans la largeur mais les relations sont vraiment beaucoup moins riches entre les joueurs.

Pour cela, ce dispositif est aussi modulable en 4-3-3 avec des changements de poste comme on peut le voir

Dans ce 4-3-3 traditionnel, l’animation se déroule avec un milieu récupérateur et deux milieux relayeurs. Toujours est-il que le dispositif demande des profils très spécifiques en particulier au niveau des joueurs de couloirs, capables de déborder et assez bridés finalement dans leurs déplacements, bénéfique quand on a des joueurs comme Sisto et Bongonda. L’attaquant axial, lui, doit assurer une présence constante devant le but, mais peut aussi décrocher pour créer des espaces aux joueurs excentrés en plus d’être présent à la création du jeu.

Dans les buts, on retrouve un joueur originaire du centre de formation du Celta Vigo, Sergio Alvarez Conde. Le gardien de but âgé de 30 ans est assez bon sur sa ligne avec une détente correcte et avec un jeu de jambes qui lui ont permis de faire des gros matchs comme contre le Real Madrid en 8èmes de finale de la Coupe d’Espagne. Il a quelques lacunes notamment avec son jeu au pied qui doit être son plus gros point faible (45,9% de passes réussies cette saison).

Sur le côté droit, il y a le capitaine de l’équipe : Hugo Mallo. Le latéral droit formé lui aussi au centre de formation est un joueur qui a connu les sélections espagnoles de jeunes avec les -19 ans, les -20 ans et les espoirs durant ses premières années dans le monde professionnel. Ce joueur de 25 ans a une activité et un volume de jeu conséquents et adéquats par rapport au poste où il évolue. Ça permet d’avoir quelqu’un qui est présent dans les phases défensives, en étant performant dans les duels avec ses adversaires directs, en plus d’être une solution lors des phases offensives grâce à une qualité de passes assez bonne.

Pour protéger les buts, il y a une charnière centrale Cabral-Roncaglia. Dans un premier temps, on a Gustavo Cabral dans l’axe droit de la défense. L’ancien joueur de River Plate et du Racing est une pièce essentielle dans le jeu de Berizzo par son expérience et son intelligence de jeu. De plus, il a une qualité de passes conséquente (83,6% de passes réussies cette saison) permettant de compenser les difficultés aux pieds de son gardien de but.

A côté de lui, on retrouve une ancienne cible de l’ère Bielsa à l’OM, Facunda Roncaglia. L’ancien joueur de la Fiorentina est un défenseur polyvalent (8 matchs en tant que défenseur droit, 7 en tant que défenseur central et 4 en tant que défenseur gauche) qui est souvent bon lors de ses différentes prestations. Il est très agressif lorsqu’il vient aux duels contre son adversaire direct (1,8 fautes par match) mais compense aussi par le nombre de ballons gagnés (2,9 interceptions par match).

« Pour moi, c’est important et c’est une fierté d’être dans le groupe de joueurs sélectionnés mais la qualité des joueurs est de haut niveau.»

Pour consolider cet axe central, il y a deux joueurs qui prétendent à du temps de jeu et sur qui l’entraîneur argentin peut compter. Il y a premièrement un ancien joueur de la Masia, et qui prend maintenant du plaisir à Balaidos, c’est Andreu Fontas. Le vainqueur de la Ligue des Champions (oui, oui, il l’a gagnée) vient au Celta Vigo après des années de banquette et un prêt non concluant du côté de Majorque. C’est un défenseur qui a gardé des qualités que les joueurs de la Masia gardent dans leur carrière, les qualités techniques. Il apporte une assurance au niveau du jeu au pied qui permet à Berizzo d’avoir une base défensive qui peut faire sortir le ballon proprement (80% de passes réussies). Mais ce n’est pas que pour ça que l’international catalan est utilisé par le coach argentin : c’est aussi un joueur qui va être juste sur ses déplacements et présent dans les duels face aux attaquants (3 tacles tentés et 2,4 interceptions par match).

Enfin, un jeune joueur est aussi présent dans les pensées du coach avant les matchs et le 11 de départ, c’est Sergi Gomez. Le jeune Espagnol qui a fait ses classes à Vigo est un défenseur qui suit la lignée des autres. Il est assez fin techniquement avec une bonne qualité de passes (81,8% de passes réussies) et des qualités défensives qui font de lui un bon joueur de Liga.

Sur le côté gauche de la défense, Berizzo décide d’aligner le jeune Jonathan Castro Otto surnommé Jonny. Le latéral de 22 ans est un joueur rempli de qualités avec une présence constante offensivement et défensivement grâce à son profil. Le vainqueur du championnat d’Europe des moins de 19 ans (génération Jesé, Alcacer, Deulofeu) représente typiquement le poste d’arrière de la Liga : fin techniquement, étant porté vers l’offensif (3 passes décisives cette saison).

Au cœur du jeu, on trouve la présence de deux joueurs qui s’entendent très bien avec une assez bonne complémentarité : Nemanja Radoja – Pedro Pablo Hernandez. L’ancien joueur du Vojvodina Novi âgé de 23 ans, d’origine serbe, est arrivé du Balaidos pour la modique somme de 900 000 euros (vous avez bien lu). Habile techniquement, c’est un milieu de terrain qui peut prendre en main le jeu de l’équipe (87,3% de passes réussies // 4 passes clés par match). L’international serbe est essentiel dans l’équilibre du jeu du fait qu’il est capable de poser le pied sur le ballon et de créer les décalages.

Son compère vient lui plutôt d’un pays ensoleillé du côté du sud de l’Amérique : Pablo Hernandez. Il arrive dans les valises de Berizzo puisque le joueur de 30 ans vient lui aussi d’O’Higgins, club du Chili. Ayant connu 7 équipes durant sa carrière, il apporte une expérience que ce soit dans le vestiaire ou sur le terrain. Capable de jouer en tant qu’attaquant, l’entraîneur argentin a décidé de le faire jouer plus bas dans un système modulable avec l’autre milieu de terrain qu’est Daniel Wass. « El Tucumano Hernandez » a surtout été connu par rapport à un but qui a fait le tour des télévisions européennes :

Parlons maintenant d’un ancien joueur de notre chère Ligue 1, Daniel Wass. Etant connu pour être un joueur polyvalent, il permet à un coach de l’utiliser dans différentes positions et de lui faire toujours confiance. C’est un joueur qui a toujours les qualités offensives qui ont fait de lui un joueur réputé en France avec sa vitesse, sa qualité technique ou son volume de jeu. Son importance se montre surtout par le fait que c’est le joueur qui a joué le plus depuis le début de saison (1449 minutes, soit 18 matchs joués).

Offensivement, il y a 4 joueurs qui se battent pour avoir une place de titulaire mais il n’y a que 3 places. Premièrement, on retrouve la star de cette équipe qui s’adapte généralement à la demande de l’entraîneur : Iago Aspas. L’ancien joueur de Liverpool ou de Séville s’épanouit actuellement dans un club où il a une importance et qui est stable pour lui. Auteur de 11 buts depuis le début de saison, il se positionne généralement au poste d’attaquant de pointe et est constamment présent dans la surface de réparation pour conclure les actions. Il est aussi là lorsqu’il faut défendre pour faire le premier pressing sur les défenseurs centraux par exemple. Mais dès que l’entraîneur décide de le mettre au poste d’ailier droit, il est aussi bien capable de provoquer et d’aller au duel avec son adversaire direct pour créer une action de but.

Lorsque l’ancien espoir espagnol n’est pas titularisé au poste d’attaquant de pointe, un international suédois prend sa place : John Guidetti. Âgé de 22 ans, c’est un avant-centre massif et puissant qui a un pied gauche de qualité qui a fait mal à des équipes comme l’Ajax durant sa carrière en marquant un triplé lors du Klassiker avec le Feyenoord. Mais l’ancien joueur de Manchester City n’est pas connu seulement pour ses qualités footballistiques, c’est aussi lui qui a dit au revoir à Kurzawa pour les qualifications espoirs pour l’Euro, souvenez-vous.

Les deux autres joueurs ont un profil similaire mais l’un est en avance sur l’autre pour être titulaire. Théo Bongonda est un jeune joueur belge qui est venu renforcer l’équipe du disciple de Bielsa durant l’été 2015. Il a un profil qui est assez important dans une équipe : percutant, dribbleur, vif, il arrive souvent à créer des décalages par sa vitesse de percussion et par son culot de jeunesse. Depuis le départ de Nolito, il est maintenant son digne successeur et peut dans les années à venir prétendre à un avenir radieux.

Pione Sisto est lui aussi un joueur qui peut prétendre à une place de titulaire. C’est un joueur rapide avec une fréquence d’appuis digne des grands dribbleurs africains qui est arrivé de Midtjylland cet été. Marquant 3 buts en 23 matchs joués toute compétitions confondues, c’est un élément qui peut créer des différences lors de ses rentrées et sur qui Berizzo peut compter.

Cette équipe du Celta Vigo est joueuse et on peut voir que l’effectif est aussi conséquent que les ambitions de ce club. Qualifié en 16e de finale d’Europe League, en course pour la Copa del Rey, Berizzo peut se permettre d’effectuer des rotations dans son équipe sans perdre de la qualité. Et tactiquement, tout cela suit.

Credit photo : goal.com // footmercato.net

0

Le football est une véritable partie d'échec.