Seleção : Le dilemme du latéral droit

Depuis Paulo Ferreira il y a dix ans de cela, la sélection portugaise peine à trouver un arrière droit efficace dans la durée. Mais la génération actuelle, ainsi que celle qui arrive, risque de complètement chambouler cette logique. Focus sur un vivier qui semble inépuisable.

Un poste, trois joueurs

Quatre latéraux droits ont un niveau qui leur permet de prétendre à une place de titulaire en sélection nationale : Cédric Soares (Southampton), Nelson Semedo (FC Barcelone), João Cancelo (Inter Milan) et Ricardo Pereira (FC Porto). Un véritable casse-tête apparaît alors pour Fernando Santos. Lequel ?

Débutons avec l’actuel titulaire, en tout cas celui qui a disputé la Coupe des Confédérations en tant que numéro un : Cédric. On lui a souvent reproché d’être dans un registre trop défensif. Néanmoins, il accumule les montées et les dédoublements depuis à peu près un an et demi, au léger détriment de ses qualités défensives. Un mal pour un bien, finalement.  En revanche, on ressent toujours dans certaines de ses actions ses lacunes offensives. Ses centres en sont sûrement le meilleur exemple, tant ils donnent l’impression d’être faits à l’arrache. Il est pour l’instant le petit préféré de Santos mais sa place va être sans aucun doute largement remise en cause.

Nelson Semedo aka Nelsinho peut être celui qui viendra ravir la place de titulaire à Cédric. Rapide, puissant et propre, il incarne parfaitement le latéral moderne. Sa signature au Barca en juillet dernier n’est que le fruit d’une très bonne saison avec Benfica ponctuée par un titre de champion. Il manque peut-être un poil d’intelligence de jeu, mais cela fait partie des choses qui s’acquièrent avec l’expérience entre autres. Et oui, le néo-catalan n’a que 23 ans et fait déjà preuve d’une maturité pour le moins surprenante. Avec six passes décisives la saison dernière, l’aspect offensif de son jeu est en effet déjà très développé. Contrairement à Cédric Soares, ce sont ses qualités défensives qui laissent un peu à désirer, notamment au niveau de l’anticipation et de la lecture du jeu adverse. Ces errements sont principalement compensés par sa vitesse mais les améliorer permettrait une véritable transformation.

On continue le tour de la boutique avec Cancelo. Ailier de formation, il s’illustre souvent par des percées d’une vitesse et d’une technique rarement vues. Sa capacité à combiner dans les petits espaces est impressionnante. Mais ce n’est pas tout. Même défensivement, ses qualités sont a priori largement suffisantes pour prétendre à une titularisation. Ses 58 interceptions la saison dernière attestent bien de son utilité dans une défense. Accumulant les allers-retours au long de sa ligne, il est probablement le plus apte à être titulaire, pas tant pour son travail offensif (il se fond dans la masse plus qu’il ne se démarque) mais réellement pour ses qualités défensives qui lui valent de concéder peu d’occasions. La faute à pas de chance, il s’est blessé récemment à l’entraînement et en a pour six mois de rétablissement.

Dernier prétendant à cette gente dame qu’est la place de titulaire en sélection nationale : Ricardo Pereira, prêté à Nice la saison dernière, aujourd’hui de retour à Porto, et un des plus fidèles soldats de Sergio Conceição. Sa saison en Ligue 1 s’est extrêmement bien déroulée et il a parfois été aligné au poste d’ailier droit par Lucien Favre. Il est un peu une fusion des trois joueurs évoqués précédemment. Sans être excellent dans un seul registre, il est bon voire très bon dans tous les registres exigés pour son poste. Ce qui explique pourquoi il a mis Maxi Pereira (autre latéral droit portista) sur le banc après seulement deux matchs de présaison.

Afin de mieux visualiser les qualités et défauts de chacun, voici un comparatif avec statistiques sur 90 minutes.

Défensivement :

Offensivement :

Des jeunes qui montent

En plus de ces quatre-là, une bonne génération de moins de 20 ans pourrait aussi venir bousculer la hiérarchie. Parmi ces cracks, on compte Diogo Dalot (FC Porto), Pedro Pereira (SL Benfica) et Gonçalo Duarte (Vitória Sétubal).

A 18 ans, Diogo Dalot a déjà intégré l’équipe A de Porto mais principalement pour de la rotation. En effet, celui dont le pied droit fait des ravages aux seize mètres cinquante fait preuve d’une maturité importante dans la prise de décisions notamment. Lors de la Coupe du Monde U20 et de l’Euro U19 de juillet dernier, il a époustouflé les observateurs par sa qualité technique et son intelligence. De même, le fait de jouer deux compétitions internationales en un mois et demi, après avoir fait toute la saison avec Porto B, dit quelque chose de ses qualités athlétiques. Autre qualité : son placement. Il sait être toujours disponible et ne se met que rarement en danger que ce soit à la relance ou au pressing. Aussi adroit avec son autre pied, il ne ressemble à aucun latéral portugais actuel.

Lui n’a pas encore explosé. Cependant, Pedro Pereira a le mérite d’avoir déjà vingt-et-un matchs de Serie A avec la Sampdoria, ce qui lui confère un peu plus d’expérience que ses concurrents. Du haut de ses 19 ans, il lui reste néanmoins de grosses lacunes défensives à combler puisqu’il a beaucoup de mal à maintenir son adversaire direct sans se livrer. Et malgré son mètre quatre-vingt-deux, il est encore un peu frêle physiquement et se fait pas mal bouger à l’épaule, plutôt fâcheux quand on est défenseur. Mais pas d’inquiétude, il a encore le temps de s’améliorer.

On finit la revue des troupes avec un shanta Cancelo en la personne de Gonçalo Duarte. Jeune ailier, il a, lors de son arrivée en pro, été repositionné piston droit dans une défense à trois avant de descendre encore d’un cran pour se retrouver latéral à quatre derrière. Il est le plus âgé des trois puisqu’il a vingt ans. Bon, en réalité, en termes de profil, il est plus proche de Semedo que d’un autre joueur en raison de son ultra-offensivité qui laisse des boulevards, que dis-je, des avenues derrière lui. En revanche, son pied droit est un petit caramel Werther’s. De même, el tiempo le dará la razón.

Avec tout ce petit monde, il y a de quoi faire. Non pas seulement des remplacements mais aussi pourquoi pas des associations. Un Cédric, par exemple, semble avoir la discipline pour jouer central de côté dans une défense à trois avec Semedo un cran plus haut à droite.

Allez, bon courage monsieur Santos !

Crédits photos : AFP PHOTO / Yuri KADOBNOV

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4-4-2 losange et presunto comme exutoires.