Monaco, le Rocher se rode

S’il y a une équipe qui était attendue au tournant en ce début de saison, c’est bien l’AS Monaco. Parce qu’elle est championne en titre, mais aussi et surtout à cause de son mercato agité. Premier bilan après deux mois de compétition.

Mbappé, Bernardo Silva, Mendy, Bakayoko pour ne citer qu’eux. L’AS Monaco est aussi champion de France du dégraissage. Un dégraissage dont on ne sait s’il était programmé pour une telle ampleur. Peut-être que, sur le Rocher, on s’est dit que c’était le bon moment pour vendre ses pépites au prix fort. Car avec les quatre noms cités, les actionnaires Rouge et Blanc vont encaisser plus de 330 M€ (répartis sur deux ans, en tenant compte du prêt avec option d’achat de Mbappé). Jackpot dans la capitale européenne des casinos.

Pas friable mais plus vulnérable

Sans ses stars, le club de la principauté peut-il se maintenir à un niveau de compétitivité proche de celui qui l’a propulsé en demi-finale de Ligue des Champions l’an passé, et devant le PSG en championnat ? A priori, non. La dernière semaine de compétition l’a démontré : cette nouvelle ASM possède des failles. Comme toute équipe, certes. Mais probablement ces failles sont-elles un peu plus visibles que la saison dernière, un peu plus exploitables pour l’adversaire.

D’abord, le Monaco cuvée 2017-2018 est moins inspiré à la création. Si les stats ont tendance à dire le contraire (24 buts TCC), les matchs contre Leipzig, Porto et Montpellier ont été révélateurs de certaines difficultés des Asémistes à déséquilibrer un adversaire bien regroupé. Sûrement la vista d’un Kylian Mbappé aurait pu faire la différence dans ce genre de rencontre.. Mais orphelin de son petit génie, le Rocher doit maintenant lui trouver un héritier. Cela pourrait être Lemar ou, à plus long terme, une jeune recrue comme Keïta Baldé. Quoiqu’il en soit, ce successeur n’aura sûrement pas la précocité du joyau cédé au PSG.

Plus récemment, Monaco a aussi eu une fâcheuse tendance à se laisser déborder par des contres. Quand ils sont à court de solution, les hommes de Jardim s’exposent et laissent parfois trop de profondeur aux attaquants adverses. Vendredi dernier, si Montpellier n’avait pas mangé la feuille dans le premier acte d’un match bien triste, les Monégasques auraient pu encaisser un second revers en une semaine à domicile.

En prenant en compte le Trophée des champions, l’ASM a déjà perdu trois rencontres en onze matchs, contre Paris, Nice et Porto. Faut-il s’en inquiéter ? Oui et non. Oui, car dès que le niveau de l’adversaire s’est élevé, l’équipe chère au Prince Albert est repartie bredouille. Non, car Monaco est toujours diablement efficace. Une petite machine de guerre, moins impressionnante que l’an dernier mais machine de guerre quand même. Explications.

Une ossature conservée, mine de rien

Certes, Monaco a perdu ses fers de lance durant l’été. Mais Jardim et son staff ont aussi conservé un squelette du onze qui a illuminé l’exercice 2016-2017. A raison d’un joueur par ligne, en partant de Subasic et en passant par Glik, Fabinho, puis Lemar et enfin Falcao, les Rouge et Blanc ont gardé un brin d’ADN sur lequel sont venus se greffer de nouveaux talents comme Jovetic, Tielemans ou des super subs tels que Ghezzal, Diakhaby, Benaglio et Keïta Baldé. Des recrues qui n’ont pas tardé à s’intégrer : transfuge de Rennes, Adama Diakhaby s’est déjà montré décisif (un but et deux passes) tout comme Rachid Ghezzal. L’international algérien, à qui l’on pourra toujours reprocher un certain manque de clairvoyance, ne ménage pas ses efforts sur les phases offensives comme défensives ; il a été récompensé par un but et une passe dé. Enfin, le dernier à avoir posé ses valises sur le Rocher, Stevan Jovetic, a dévoilé en quelques matchs la relation intime qui le lie au but : sa faculté à se mettre dans le sens de la cage et à « dégainer » instantanément, sont rares. Associé à Falcao, il devrait faire des étincelles.

Et Falcao, justement. Impossible de parler de l’AS Monaco sans mentionner son capitaine, auteur d’un début de saison tonitruant.
Le Colombien, que tout le monde voyait fini après sa blessure à l’aine, poursuit cette saison son retour vers le sommet de la hiérarchie des grands attaquants. Finisseur d’une précision diabolique, Radamel est solidement installé en tête du classement des buteurs de la Ligue 1, avec 12 buts en huit matchs. C’est quatre de plus qu’Edinson Cavani et le double de Neymar, qui complètent le podium des artilleurs du championnat de France. Evidemment, on peut se dire que le Tigre aura du mal à maintenir cette cadence sur toute une saison, mais la simple confirmation de son regain de forme vaut largement une top recrue et nul doute que le salut du club de la principauté passera par son attaquant de pointe. Tout comme il passera par un Fabinho moins fantomatique et un Lemar plus expressif. En bref, par des cadres au niveau où on les attends.

Alors que peut espérer l’ASM cette saison ? Le club de Vadim Vasilyev aura assurément du mal à conserver son titre, face à un PSG classé hors catégorie. Mais il est tout à fait capable de réaliser un bon exercice 2017-2018, sur plusieurs tableaux. Avec moins d’éclat que la saison dernière mais une discrétion qui fait désormais partie de son identité, le Rocher figurera bien en championnat, peut envisager de glaner une coupe nationale sur un faux pas de la Capitale et a encore tout à jouer dans la reine des compétitions européennes, à condition de ne pas griller un deuxième joker. Messieurs, à vous de jouer.

 

Crédits photos :  AFP PHOTO / VALERY HACHE

 

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