Danemark 92′ : de l’élimination à la victoire

Le football est imprévisible. La neuvième édition du championnat d’Europe des nations restera à jamais une surprise dans son histoire.

A l’époque, la compétition se dispute seulement à huit équipes. Tout se déroule bien après les éliminatoires. Rappelons que dans les sept groupes de qualifications, seuls les premiers iront en Suède. Les huit participants sont donc la France, qui a survolé ces éliminatoires avec huit victoires en huit matchs, l’Ecosse, l’URSS, dont les joueurs feront leurs rencontres sous le drapeau de la CEI suite à l’effondrement de celle-ci, l’Italie, la Yougoslavie, l’Allemagne, les Pays-Bas, vainqueurs de l’édition précédente, l’Angleterre et la Suède, qualifiée d’office car elle est le pays organisateur.

Mais l’histoire rattrape le football. En 1991, la guerre éclate en Yougoslavie. En 1992, quelques mois avant le début de la compétition, c’est l’implosion. Le pays est exclu de la compétition. Le Danemark, deuxième du groupe 4, prend part à la compétition. S’en suit une épopée qui va surprendre l’Europe et le football.

Les deux groupes sont donc constitués. La Suède, l’Angleterre, la France et le Danemark composent le groupe A. Pour le groupe B, l’Allemagne et les Pays-Bas sont les gros, rejoints par la Communauté des Etats indépendants et l’Ecosse. Les Danois, à peine préparés, entament la compétition le 11 juin avec un 0-0 face à l’Angleterre. La France quant à elle fait également match nul face à la Suède 1-1. Les premiers points sont donc partagés. L’équipe est pourtant bonne. Avec Notamment Peter Schmeichel, gardien évoluant à Manchester United et Brian Laudrup, attaquant du Bayern. Elle peut également compter sur son capitaine Lars Olsen, patron de la défense Nordique.

Les rencontres se poursuivent, chaque équipe du groupe A étant à égalité avec un seul point pris, rien n’est encore joué. Pour la deuxième journée des phases de poule, deux gros chocs se présentent. La France affronte l’Angleterre et le Danemark rencontre la Suède. Les Bleus enchaînent un deuxième match nul tout comme leur voisin britannique. La Suède bat le Danemark un but à zéro et prend donc la tête du groupe A avec trois points, laissant les Three Lions et le Coq derrière avec deux points. Les Danois sont quant à eux derniers avec un seul point. Mais le plus beau reste à venir. Dernières confrontations, les Bleus affrontent le Danemark et l’Angleterre la Suède. Enorme surprise, la France qui avait maté ses adversaires lors des qualifications est mystifié par le Danemark 2-1. Pareil pour les Britanniques qui s’inclinent eux aussi 2-1 face au pays hôte. Les deux pays Scandinaves rejoignent donc le dernier carré de la compétition, leurs voisins français et anglais sont quant à eux éliminés.

Pour ce qui est du groupe B, ce sont bien évidemment les Pays-Bas et l’Allemagne qui se qualifient. Les Bataves, menés par des noms tels que Rijkaard, Koeman, Van Basten ou encore Bergkamp, font un sans faute avec deux victoires, dont une face aux Allemands 3-1, et un match nul. Quant à la Mannschaft, avec des noms comme Klinsmann, Sammer, Völler ou Effenberg, le bilan est équilibré avec une victoire contre l’Ecosse, un match nul contre la CEI et une défaite contre les Oranges. Les demi finales sont donc actées. La Suède affrontera l’Allemagne tandis que les Danois rencontreront la Hollande.

Le 21 juin 1992, le premier match du dernier carré se joue à Solna, dans la banlieue de Stockholm. Thomas Hässler ouvre le score à la onzième minute, Karl-Heinz Riedle fait le break en seconde période à la cinquante-neuvième. Les Suédois réduisent l’écart cinq minutes plus tard avec un penalty de Brolin. En fin de match, Riedle s’offre un doublé. Les Suédois reviennent à 2-3 par Anderson mais cela ne suffira pas. Le pays hôte est éliminé et l’Allemagne est le premier finaliste de cet euro 1992.

Un jour plus tard, c’est au tour des Danois d’affronter les Hollandais, grands habitués des phases finales de compétitions internationales. C’est pourtant le « petit Poucet » qui ouvre le score dès la troisième minute par le milieu Henrik Larsen. Bergkamp remet les compteurs à zéro et égalise vingt minutes plus tard. Mais dans le dernier quart d’heure de la première période, les Nordiques reprennent l’avantage au score avec un nouveau but de Larsen. L’équipe tient sa place en finale jusqu’à la quatre-vingt sixième minute. Rijkaard égalise et les Bataves ne lâchent pas. A la fin du temps règlementaire, c’est l’égalité parfaite deux partout. Personne ne marque durant les prolongations, le deuxième finaliste va devoir obtenir son ticket aux tirs au but. Le Danemark se qualifie en réussissant tous ses penaltys alors que Van Basten rate le sien, ce qui coûte la place en finale. Celle-ci se jouera à Göteborg entre la Mannschaft, également habituée des grands matchs, et le Danemark.

22 juin 1992, la finale se joue enfin. D’un côté la grande Allemagne, qui a remporté sa troisième coupe du monde deux ans plus tôt, avec à sa tête l’ancienne gloire de Gladbach Berti Vogts. De l’autre, le Danemark, heureux finaliste plus ou moins décontracté. La Mannschaft aligne une équipe assez imposante, avec notamment Hassler, Sammer, Effenberg, Riedle et Klinsmann. Les Danois ont une défense plutôt compacte avec le capitaine Lars Olsen à la baguette. Mais ils peuvent également compter sur Schmeichel dans les buts et sur Laudrup devant. Le match débute et les Danois portent un premier coup aux Allemands avec un but de John Jensen, future recrue d’Arsenal. A la mi-temps, la Mannschaft perd avec un but de retard. En deuxième période, c’est un deuxième coup qui est porté par le milieu Kim Vilfort, grand joueur du club de Brondby, dans le dernier quart d’heure du match. Le score ne bougera plus, le Danemark est champion d’Europe.

1992 reste donc une année particulière pour le Danemark. Peut-être l’Allemagne avait-elle trop sous estimé son voisin nordique. Peter Schmeichel est élu meilleur joueur de la compétition et figure dans l’équipe type avec Laudrup. Henrik Larsen fait partie des meilleurs buteurs de l’euro avec 3 réalisations, à égalité avec Riedle, Brolin et Bergkamp. Les Danois terminent également meilleure défense du championnat d’Europe avec 3 buts encaissés hors tirs aux buts.

Aujourd’hui, la génération danoise est belle. L’équipe est loin d’être mauvaise et a des joueurs jouant dans les grands championnats européens. Ils n’ont cependant pas participé au dernier Euro en France, éliminés en barrages par leur voisin suédois. Avec un match nul face à la Roumanie il y a deux jours, les Danois disputeront les barrages pour aller en Russie. Affaire à suivre donc pour les Nordiques.

 

Photo credits AFP PHOTO / BORIS HORVAT

 

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Nissart, Scouser. Xabi Alonso est l'essence même de la classe sur le terrain comme en dehors.