[Allemagne] Quand le Werder Bremen se pavanait

Après Valence ou encore Leeds, une autre équipe emblématique du passé mérite d’être remise sous le feu des projecteurs. Cette équipe n’est ni plus ni moins que le Werder de Brême puisqu’au cours des années 2000, la formation du nord de l’Allemagne a tutoyé les sommets grâce à des joueurs d’exception qui ont contribué à inscrire encore un peu plus le nom de leur club dans l’histoire du football allemand.

Sommet en vert et blanc

Durant cette décennie, toujours (ou presque) de vert et blanc vêtu et accompagné de Thomas Schaaf, le Werder a connu un palmarès enrichi et les amoureux de football se sont délectés de certaines de leurs performances. Que ce soit au niveau national ou européen les joueurs ont amusé la galerie, ils ont fait le show, et encore aujourd’hui cette formation reste gravée dans les mémoires. Choisir une seule saison marquante n’est pas si simple. Toutefois, une d’entre elle marque plus ou moins un tournant :  2003-2004. Année symbolique, historique, fabuleuse.

Cette saison-là, les Werderaner ne débutent pas forcément la saison dans une position de favoris, ayant terminé à la sixième position la saison précédente. Et puis il faut lutter avec le Bayern Munich, le VfB Stuttgart ou encore le Bayer Leverkusen qui sont sacrément impressionnants. Les journées passent et doucement ils montent en puissance, ils s’installent. Le géant Ailton marque, encore et encore, tout comme Ivan Klasnić et Johan Micoud qui prennent un malin plaisir à martyriser leurs adversaires. Et au milieu de la saison, à la 15e journée, ils s’installent sur la première marche du podium sans plus jamais la quitter…

(Credit photo: bild.de)

Finalement, le 8 mai, le Werder de Brême est sacré champion d’Allemagne. En l’espace de 30 minutes, ils éteignent le stade olympique de Munich alors rempli à craquer. Le trio cité quelques lignes auparavant marque de son empreinte ce match qui restera pour toujours dans les mémoires. Les bavarois ont chuté et les supporters du tout récent champion se tombent dans les bras, remplis de bonheur. Au terme d’une saison fabuleuse avec 78 buts inscrits dont 28 pour le Brésilien qui termine meilleur buteur, Schaaf, l’homme du club (il y est arrivé en 1878 en tant que joueur et en est parti en 2013, laissant sa place à un autre coach), et ses joueurs soulèvent un meisterschale amplement mérité. Mais ce n’est pas encore terminé.

Quelques semaines plus tard c’est à l’Olympiastadion qu’il faut se rendre. Un autre rendez-vous déterminant, un rendez-vous pour l’histoire attend cette équipe : remporter la coupe d’Allemagne et faire partie de ce petit groupe à avoir réussi le doublé. Pour ce faire, il faut venir à bout de l’Alemannia Aachen, alors en deuxième division et qui a notamment fait tomber le Bayern Munich et M’Gladbach. Pas une mince affaire donc, en dépit de l’écart entre les deux équipes sur le papier.

Et le match le prouve bien puisque si les champions d’Allemagne prennent l’avantage grâce au légendaire Tim Borowski, puis Klasnić, Aachen ne se laisse pas abattre et revient au score… Mais encore une fois Borowski marque et c’est tout un peuple qui est soulagé à 6 minutes de la fin du temps réglementaire. Le second but de leur adversaires à la 93e minute a sans aucun doute fait peur mais la victoire est acquise, l’exploit est là, ils l’ont fait. La Pokal rejoint leur vitrine pour la cinquième fois, et eux deviennent la troisième équipe à réaliser ce superbe doublé après le Bayern Munich et le FC. Cologne Merveilleux n’est-ce pas ? Pourtant l’histoire ne s’arrête toujours pas ici.

Encore l’envie de briller

Après cette saison hors du commun, ils restent au sommet, toujours en haut du classement. Ils s’aventurent en Ligue des champions, ils recrutent aussi Miroslav Klose puis Torsten Frings, Diego, Per Mertseacker, Nadlo, Max Kruse, Mesut Özil etc. Chaque saison de beaux joueurs viennent s’ajouter à un collectif solide. Ces joueurs font rêver les observateurs, les supporters. Tout le monde.

Pourtant plus aucun titre n’est remporté, et sur la scène européenne rien n’est simple, surtout cette défaite 7-2 contre Lyon. Les déconvenues successives sont douloureuses, notamment en 2006 où les Allemands passent à rien de l’exploit face à la Juventus, mais une erreur fatale de Tim Wiese va brutalement achever leur  parcours en huitièmes de finale. Si cruel est le football.

Cependant les petites histoires européennes brêmoises sont loin d’être finies. Et le nom du club va rapidement réapparaître sur le devant de la scène.

(Credit photo: goal.com)

Nouveau retour en arrière, cette fois c’est lors de la saison 2008/2009. Depuis le doublé, de l’eau a coulé sous les ponts, mais l’envie de l’équipe reste intacte. La faim est encore là, larvée, elle se fait discrète avant de se manifester. Au cours de cette saison Brême est directement qualifié en Ligue des champions grâce à une deuxième place obtenue en championnat, au nez de Schalke 04. Dans leur groupe se trouvent l’Inter, le Panathinaikos et l’Anothosis (club chypriote). Ils ne sont pas favoris mais ils ont les capacités de sortir de ce groupe. Et en effet, ils vont s’en échapper mais uniquement en étant reversé dans la seconde compétition.

Petit à petit, ils vont progresser en faisant tour à tour tomber le Milan AC, l’ASSE, l’Udinese puis leur rival du nord de l’Allemagne : Hambourg. Toutes ces rencontres se révèlent être éreintantes puisque le Werder passe de justesse à chaque fois. Comme un funambule, il marche sur un fil, en tremblant parfois mais sans tomber. Jusqu’au moment où la finale arrive. Et là il faut retrouver le Shakthar Donetsk qui avait aussi terminé troisième de son groupe en Ligue des champions. Autre similitude, ils ont aussi dû se défaire d’un rival national en demi-finale puisque leur adversaire n’était ni plus ni moins que le Dynamo Kiev.

L’équipe de Darijo Srna, Willian, Luiz Adriano ou encore Fernandinho est coriace. Mais les Allemands aussi, bien qu’ils soient globalement dominés. Au tableau d’affichage un Brésilien répond à un autre laissant le score à 1-1 à la fin du temps règlementaire bien que les deux équipes aient eu d’autres occasions. Mais il faut jouer les prolongations. Et là on se dit que le Werder accuse le coup, ils ont dépensé tant d’énergie lors des matchs précédents mais aussi en championnat où ils souffrent. Sur un centre de Srna, Jádson surgit et crucifie Tim Wiese.

L’histoire s’achève donc tristement pour eux. Malgré cela, cette saison ils remportent leur sixième coupe d’Allemagne, faisant d’eux le second club le plus titré après le Bayern Munich. Et cette fois c’est le Bayer Leverkusen qui doit s’incliner sur le score de 1 à 0. Ce but est d’ailleurs inscrit par Özil, rayonnant ce soir-là, suite à une frappe croisée qui trompe René Adler. Ce titre permet à Brême d’enrichir encore un peu plus son palmarès mais aussi d’embellir une saison terne avec simplement une qualification en Europa League.

Devoir de mémoire

Si le Werder de Brême reste inoubliable pour beaucoup, ce n’est pas tant grâce aux titres remportés. Ça dépasse ce simple élément puisque saison après saison, de nouveaux joueurs ont marqué l’histoire du club. Certains plus que d’autres.

Pour nous, le plus emblématique reste évidemment Johan Micoud. Ceci dit, sa réputation à Brême dépasse ce que l’on pourrait imaginer. Le Chef, comme il était appelé, a régalé son peuple du début à la fin. En quatre ans (2002-2006) il a enchanté tout le monde sans exception. L’admiration qu’on lui a portée est même sortie du cercle des fans du club puisque dans toute l’Allemagne il était reconnu. Son élégance, sa finesse, sa vista, son intelligence ont littéralement marqué l’histoire de la Bundesliga. Et le fait qu’il n’ait jamais été reconnu à sa juste valeur en France est dommageable. Mais au moins, de l’autre côté du Rhin, le numéro 10 reste adoubé et ses passes décisives sont indélébiles, tout comme son nom.

Il n’est toutefois pas le seul dans ce cas, et un autre nom qui nous arrive en tête est celui de Miroslav Klose. Quelle ironie d’utiliser le mot tête avec lui d’ailleurs. Parce qu’au-delà du fait d’être un véritable renard des surfaces, de sentir le but comme peu d’attaquants y arrivent aujourd’hui, son jeu de tête était peut-être l’un des meilleurs. On ne compte plus les buts imparables qu’il a inscrits de la sorte que ce soit en championnat ou en équipe nationale. Lors de son passage au Werder il n’a jamais cessé de monter en puissance. Avec 53 buts en 89 matchs, il a repoussé les limites et montré à quel point il était grand. Cela dit, il était bien accompagné sur le front de l’attaque avec Ivan Klasnić, dont la carrière n’aura pas été un long fleuve tranquille bien qu’il soit respecté de tous du fait de son abnégation sans faille.

Si l’on continue sur le front de l’attaque, un autre géant apparaît : Aílton. Le Brésilien, grand artisan du doublé remporté en 2004 qui lui a valu le titre de meilleur joueur de la saison en Bundesliga restera lui aussi dans les souvenirs. Hors norme, il a connu des hauts et des bas entre 1998 et 2004 mais finalement son ultime saison sous le maillot vert et blanc restera la plus assouvie. Il aura survolé les débats sans aucun doute.

Comme un Brésilien un cache toujours un autre, à partir de 2006, Diego a lui aussi ravi les supporters brêmois. Lorsqu’il arrive de Porto il est difficile d’imaginer qu’il va devenir l’un des meilleurs joueurs ayant évolué en Bundesliga lors des années 2000. Trois années durant il a inscrit des buts incroyable – notamment celui contre Aachen. Cette période est très probablement la plus aboutie de sa carrière et lui non plus ne peut être oublié par les amoureux du club. Le fabuleux duo qu’il a formé avec Torsten Frings était sans aucun doute l’un des meilleurs à l’époque en Allemagne. Ce dernier entre aussi dans cette énorme boîte remplie de joueurs marquants. Véritable box-to-box mais aussi marquant de par sa polyvalence et son physique imposant, l’avoir dans son équipe était toujours une bonne chose. Sans aucun doute.

Ces quelques joueurs ne représentent que la partie visible de l’iceberg puisqu’on pourrait continuer encore, rajouter de nombreuses lignes à propos de l’éternel Claudio Pizzaro, Tim Borowski, Frank Baumann, Clemens Fritz, Mesut Özil, Per Mertesacker, ou encore Ismaël Valérien. Tous ces hommes ont, à leur manière, permis a un club de grandir, de surplomber l’Allemagne toujours en compagnie de Schaaf. Malheureusement, ce n’est plus le cas aujourd’hui, les années glorieuses sont désormais loin. Parfois, cependant, il est bon de rappeler ce qui a permis de briller.

 

Credit photo: G. Schnitzer

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Parle d'Allemagne et de Bundesliga, et c'est à peu près tout.