« Where may I assist you ? »
Quand on évoque le nom de Mesut Ozil, notre esprit ne peut qu’inévitablement penser à de la magie, de l’art, du génie. De manière irrémédiable, et en parfaite corrélation avec les 3 termes utilisés précédemment, Mesut Ozil rime aussi avec incompréhension, disparition et profond désaccord.
Magicien :« Personne qui fait des choses extraordinaires, qui a comme un pouvoir magique sur les choses ou sur les personnes.»
Artiste : « Personne qui a le sens de la beauté et est capable de créer une œuvre d’art »
Génie : « De génie, se dit de quelqu’un qui manifeste une aptitude supérieure qui le rend capable d’invention ; qui porte la marque de cette aptitude remarquable ; génial. »
Ce joueur doté d’un talent fou oppose, et suscite un débat permanent. Ses qualités sont très difficiles à remettre en cause. En revanche, parmi certains supporters des Gunners comme Ian Wright, illustre joueur d’Arsenal, ou chez plusieurs observateurs du ballon rond, son implication, son dépassement de soi, sa supposée nonchalance posent problème.
Le prodige allemand est autant loué et encensé que critiqué et contesté. On lui reproche notamment d’être complètement absent dans les grands matchs, et d’être bien trop irrégulier sur une saison complète. Vous l’aurez sans doute compris, il y a autant de partisans acquis à la cause de Mesut Ozil, que de détracteurs.
Quelles conclusions peut-on tirer de sa période à Arsenal ?
Des prestations mi-figues-mi raisins, pour un joueur, qui dans de bonnes dispositions, aura fait étalage de tout sa classe, en portant sur ses épaules et en illuminant le jeu des Gunners, mais qui par la même occasion fut absent et invisible dans de nombreux rendez-vous au cours de ces 4 ans passés dans le Nord de Londres. Difficile donc d’échapper aussi bien aux louanges, qu’aux critiques.
Les principaux reproches qui lui sont adressés, et qui reviennent inlassablement sur la table, sont une trop grande irrégularité, un bodylanguage qui lui fait défaut et qui laisse penser -justement ou injustement- qu’il ne fournit pas les efforts nécessaires, qu’il semble désintéressé et pas assez impliqué. Certains lui reprochent notamment le fait de ne pas marquer de son empreinte les matchs face aux cadors anglais et européens.
Certaines critiques sont à relativiser comme ce fameux bodylanguage qui lui joue de bien vilains tours. En effet, quand on se penche de plus près sur ses statistiques personnelles, on observe qu’il n’est pas avare en effort, et finit régulièrement parmi les joueurs ayant parcouru le plus de kilomètres par match, une information qui peut en surprendre plus d’un. Ayant placé de grands espoirs en lui, les supporters critiques à son égard attendent plus du virtuose Allemand, et espèrent qu’il tirera un Arsenal toujours plus médiocre vers le haut.
Bien que vivement attaqué, il n’en reste pas moins un joueur d’exception, capable de changer la physionomie d’un match avec un simple regard, très souvent associé à une passe lumineuse dont lui seul a le secret, en témoignent ces statistiques très flatteuses qui prouvent l’importance du Maestro à Arsenal.
Squawka just proved how Arsenal's attack have denied Ozil the Europe top assist leader…
Lazy players… pic.twitter.com/uAHYvaZ0mF— Doyin Ade-Bello (@DoyinBello) October 28, 2017
Les chiffres parlent d’eux-mêmes et nous montrent toute l’étendue de son talent et son importance ô combien cruciale dans le jeu d’Arsenal, et ce malgré des performances en dents de scie.
Most chances created in the Premier League so far this season:
Kevin De Bruyne (30)
Mesut Özil (30)
David Silva (28)
Cesc Fàbregas (25) pic.twitter.com/Q65c2Q3IYg— Squawka Football (@Squawka) October 29, 2017
Le Mesut Ozil du Real était-il plus fort ?
https://twitter.com/Squawka/status/921320190448734208
Deux écoles s’opposent à ce sujet. Mais sur un plan purement statistique, force est de constater qu’il n’y a pas une flagrante différence entre le Mesut Ozil du Real et celui d’Arsenal. A juste titre, on peut prendre du recul par rapport à ces statistiques, et concevoir que les joueurs d’Arsenal et du Real Madrid ne boxent pas dans la même catégorie. Avec des coéquipiers d’un autre standing, le natif de Gelsenkirchen aurait pu se montrer nettement plus décisif et ainsi faire taire quelque peu ses détracteurs.
Restera, restera pas ?
L’avenir du numéro 11 des Gunners risque de devenir un des feuilletons du mercato 2018, puisque son contrat arrive à terme le 30 Juin 2018, comme celui de son coéquipier Alexis Sanchez. Une saga qui avait déjà commencé l’été dernier, suite à la saison décevante des protégés d’Arsène Wenger, qui avaient fini à une piteuse et peu reluisante 5ème place, et dont le seul motif de satisfaction fut la FA Cup remportée au nez et à la barbe de Chelsea.
Malgré des rumeurs revenant inlassablement sur le tapis, il décida de poursuivre l’aventure une année supplémentaire du côté de l’Emirates Stadium. Une décision loin d’être surprenante quand on voit le peu de courtisans qui se sont bousculés pour s’attacher ses services. Il faut dire que sa dernière saison fut nettement en deçà de ce qu’il pouvait réaliser, et conforte ses opposants dans le fait qu’il est bien trop irrégulier pour un joueur de cette trempe. Pour calmer les ardeurs de potentiels clubs intéressés, il clama haut et fort tout l’amour qu’il ressentait pour Arsenal, et affirma qu’y prolonger son contrat n’avait rien d’utopique, loin s’en faut. On peut bien évidemment croire en son envie de prolonger l’aventure à Arsenal, puisque des discussions ont déjà eu lieu entre lui et le board londonien. Cependant, les prétentions salariales demandées sont encore trop importantes pour un club qui a pour philosophie de ne pas accorder un salaire supérieur à celui du coach Arsène Wenger (environ 370000-380000€ par semaine demandés, 310 000€ par semaine proposés).
Winter is Coming, et oui, le fameux mercato hivernal tant décrié notamment par un certain Arsène Wenger arrive à grand pas. Il serait donc fort probable que le joueur et son agent se réunissent autour d’une table avec les dirigeants pour trancher une bonne fois pour toute quant à son avenir à Arsenal.
Si les deux parties ne parvenaient pas à trouver un accord, un départ serait dès lors inéluctable. Deux options s’offriraient à Mesut mais aussi à Arsenal.
La première option, et qui devrait ravir ses plus fidèles adversaires, serait de le vendre dès janvier contre un montant acceptable, histoire de gratter quelques sous tant qu’il est encore temps, et ne pas le laisser s’envoler librement vers de nouveaux cieux quelques mois plus tard. Une thèse rapidement balayée par Arsène en début de semaine :
« Oui, bien sûr. Je l’exclus (qu’ils partent cet hiver). Je ne pense pas tous les jours à ça. Aussi longtemps qu’ils seront là, ils devront tout donner pour le club. Dans ma tête, ils seront là jusqu’à la fin de la saison. C’était notre décision au début de la saison. À moins que quelque chose d’incroyable n’arrive, je ne pense pas que cela changera. Nous ne sommes pas encore en décembre. Pour moi, ils resteront jusqu’à la fin de la saison » Arsène Wenger
De la communication pure et dure, ou paroles sincères ? Impossible de se prononcer là-dessus. Néanmoins, comme toutes déclarations du coach d’Arsenal portant sur les transferts, celle-ci est à prendre avec de grosses pincettes. En effet Arsène Wenger n’en est pas à son coup d’essai, et nul doute que les supporters d’Arsenal gardent en mémoire certains épisodes contrariants.
Deuxième option : privilégier le sportif à l’aspect financier, et le conserver jusqu’à la fin de son contrat, en étant prêt à le laisser filer libre fin juin. Les deux stratégies ne présentent que très peu de garanties, et le joueur se trouve en position de force pour entamer les prochaines négociations. Le vendre dès janvier, ne rembourserait en rien les 50 millions investis et fragiliserait une équipe déjà friable. Le conserver six mois, et par la même occasion, le laisser libre d’aller où il veut gratuitement serait une terrible décision à la fois financière et sportive pour le club, en quête de rachat après des résultats pour le moins moribonds depuis quelques années.
« Resteront-ils plus longtemps ? C’est impossible de répondre aujourd’hui. Mais ils ont un contrat jusqu’à la fin de la saison (…) Seront-ils là la saison prochaine ? Je ne suis pas le seul à décider » Arsène Wenger
Mais alors ? Si Mesut décide de plier bagages, et de s’envoler vers de nouveaux horizons, quels seraient les clubs susceptibles de l’accueillir à bras ouverts ? L’Inter Milan, le Paris Saint Germain mais surtout Manchester United surveillerait ce dossier avec la plus grande attention. Une éventualité, loin d’être surprenante pour les Reds Devils. En ralliant Manchester United, il retrouverait José Mourinho, entraineur qu’il a côtoyé trois ans au Real Madrid. Une retrouvaille qui ferait sûrement plaisir aux deux intéressés, puisque le Mou voyait en Mesut le «meilleur 10 du monde». De son côté, l’ancien du Werder admire son ancien coach, bien que le début de leur collaboration au Real fut à couteaux tirés. Dans son autobiographie, Mesut Ozil évoque une altercation avec son ancien coach, qui l’aurait fait mûrir par la suite selon lui.
« Tu penses que faire deux belles passes ça suffit et tu te crois si bon que donner 50 % est suffisant »
« Ah, tu abandonnes maintenant ? Tu es vraiment un lâche. Qu’est ce que tu veux ? Aller te prélasser sous la douche ? […] Tu sais quoi Mesut ? Vas-y et pleure. T’es vraiment un bébé. » Jose Mourinho
« Je me suis mis en colère et j’ai jeté mon maillot à ses pieds en lui criant d’aller jouer lui-même. Il riait et est revenu à la charge. » Mesut Ozil
« Ah tu veux abandonner. Déjà ? Tu veux aller sous la douche chaude et laver tes cheveux ? Tu veux rester tout seul ? Ou tu veux montrer aux supporters, à tes coéquipiers et à moi ce que tu peux faire ? Tu sais quoi ? Tu n’es qu’un bébé ! Va prendre ta douche, on n’a pas besoin de toi. » Jose Mourinho
« J’ai ramassé mon maillot et je suis allé à la douche sans un mot de plus pour lui. Plus tard, je me suis excusé auprès de Sergio Ramos, notre capitaine.» Mesut Ozil
L’appel du Mou’
Deuxième argument venant peser dans la balance, Mesut Ozil avait décliné la proposition de Manchester United, avant de s’engager à Arsenal en 2013. Peut-être voit-il ici l’occasion de revenir sur sa précédente décision. Rejoindre un club mythique comme Man United, en plein redressement sportif, qui se veut comme le principal challenger de son rival Citizen pour le titre, dont l’ambition n’est plus à prouver, tout en prenant en compte le paramètre José Mourinho. Couplée à cela la possibilité de jouer les phases finales de la Ligue des Champions est sûrement un élément non-négligeable à prendre en compte. Cette affaire aurait tout d’une aubaine tombée du ciel pour Man United, qui pourrait récupérer un joueur à moindre frais ou gratuitement, jouissant d’une immense réputation dans le monde.
Entre-temps, un nouveau courtisan serait entré dans la danse pour subtiliser le numéro 11 d’Arsenal. En effet, les Blaugranas se seraient penchés sur le sujet, et envisageraient de mettre 20 millions sur la table, afin que l’Allemand les rejoigne dès janvier. A l’instar de Manchester United, il aurait la possibilité d’être qualifié pour la Ligue des Champions. Les Catalans seraient disposés à s’aligner sur les 360000€ de salaire par semaine exigés par l’Allemand.
Nous verrons bien ce qu’il adviendra de Mesut Ozil, mais une prolongation de contrat n’est pas à exclure à Arsenal. Bien évidemment, tout dépendra de la tournure de la saison, ainsi que du maintien au poste d’Arsène Wenger. Aussi paradoxal que ça puisse paraître, Arsène Wenger et Jose Mourinho possèdent bel et bien un point commun. Celui d’être grandement apprécié par un joueur qu’ils admirent tous les deux. Mesut expliqua à de nombreuses reprises, que le natif de Strasbourg avait été un élément déterminant dans sa signature à Arsenal, qu’il entretenait une très bonne relation avec lui, et qu’il observait avec la plus grande attention les rumeurs concernant l’avenir d’Arsène. Une admiration réciproque, puisque l’ancien entraîneur de Monaco a défendu contre vents et marées le Turc d’origine, lorsque celui-ci était dans l’œil du cyclone et dans le collimateur de nombreux médias mais aussi de certains supporters d’Arsenal.
Quoiqu’il en soit, Mesut arrive sur ses 29 ans et devra prendre une décision radicale pour son avenir. Mécontent du peu d’ambitions et de titres «majeurs» glanés avec les Gunners, il pourrait voir d’un bon œil le fait de rejoindre la bande à José, ce qui ne manquerait pas de nous rappeler le transfert de Robin Van Persie en 2012 chez les Reds Devils, qui fit déjà couler beaucoup d’encre à l’époque. Une saison plus tard il devenait champion de Premier League, pour la première et dernière fois de sa carrière.
Au travers d’un chemin parsemé de hauts et de bas, on n’oubliera pas d’aussitôt sa somptueuse année 2015 qui restera probablement dans les mémoires du côté d’Arsenal. Année durant laquelle il fut élu meilleur joueur allemand, et où il fit l’exploit de délivrer pas moins de 16 passes décisives durant la première partie de la saison 2015-2016. Le Mesut, celui qui ne laissait personne indifférent, qui enchantait régulièrement les foules, et particulièrement les supporters d’Arsenal qui ne se lassaient nullement de scander haut et fort leur amour pour leur pépite avec la célèbre chanson « We’ve Got Ozil… » Bientôt qui sait, cet amour, et cette chanson, appartiendront au passé, laissant place inévitablement à une chanson nettement moins joyeuse et salvatrice pour le Magicien Allemand qui malgré tout, aura subjugué, et éclaboussé de son talent l’Emirates par coups d’éclats.
Un génie, faisant de son sport un art magique, mais aussi, capable d’utiliser son génie, pour disparaître tel un magicien du sport dont il est l’artiste.
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Crédit photo : Daniel LEAL-OLIVAS / AFP