Dupraz, la sourde oreille au clap de fin

Pascal Dupraz, c’est l’histoire d’une idylle qui avait bien commencé. Oui, car à l’époque, on pouvait parler d’idylle entre le coach savoyard et le TFC, au moment où les Violets arrachaient un maintien historique sur la pelouse d’Angers. Depuis, l’eau a coulé sous les ponts et l’histoire d’amour, qui était belle, est en train de se transformer en clash digne des plus pathétiques télé-réalités que nous propose le petit écran. La faute à des performances toutes plus décevantes les unes que les autres et à une communication catastrophique. Aujourd’hui, l’entraîneur des Violets ne fait plus l’unanimité, loin de là.

Zéro projet de jeu, zéro résultat

Revenons un petit peu en arrière, lors de la toute première conférence de presse de Pascal Dupraz en tant que coach du TFC. La transfuge du J+1 Football Club – il était sans club depuis la faillite de l’ETG – affiche d’entrée sa philosophie de jeu : « Je prône une récupération haute, parce que plus on héritera du ballon proche du but, plus il sera facile de marquer. » L’homme ne se revendique pas apôtre du beau jeu « car le beau jeu, il vient avec la confiance. » Au début, ça marche bien. Plutôt très bien même, puisque les joueurs toulousains arrivent à se maintenir alors qu’ils accusaient 10 points de retard à 10 journées de la fin de l’exercice 2015-2016. Sur cette dynamique du maintien, les Violets commencent la saison suivante tambour battant, accrochant à leur tableau de chasse Monaco et le PSG, rien que ça.

C’est alors que commencent les ennuis, au sens propre. En effet, les samedis soirs deviennent progressivement des purges insupportables pour tout spectateur ou supporter qui attend un minimum de mouvement de la part des Violets. Il ne se passe rien, mais STRICTEMENT rien durant les matchs du TFC. Les venues de Jean et surtout Delort au mercato d’hiver 2017 n’inversent pas la tendance : l’animation offensive est toujours aussi pauvre. La méthode Dupraz commence-t-elle à montrer ses limites ? Oui, la fin de saison ne sera qu’un long fleuve de déchet technique et d’occasions ratées qui empêcheront le club d’accrocher une place honorable en mai (14e, alors que Dupraz évoquait la possibilité d’un top 5 en début de saison. Ben voyons.)

Durant le mercato d’été, le TFC continue de se renforcer et coach Dupraz obtient les recrues qu’il souhaite : un homme de caractère et d’expérience, Cahuzac, le transfert définitif du remuant Corentin Jean, deux attaquants en quête de rebond après un échec en PL (Gradel et Yaya Sanogo) et enfin un milieu soit-disant capable d’effectuer la liaison entre la défense et l’attaque, lui aussi à la relance : Gianelli Imbula. Autant vous dire que ça se frotte les mains sur les bords de la Garonne. C’était être bien naïf. Dès les premiers matchs de championnat, il apparaît que le TFC n’a aucune identité de jeu, ne se montrant dangereux que sur coups de pied arrêtés. Pour preuve, les Violets mettent ces derniers systématiquement dans la boîte du moment qu’ils ont lieu au-delà de la ligne médiane. Dans le même temps, les tribunes très clairsemées du Stadium désespèrent d’apercevoir l’ombre d’une combinaison, d’un jeu en triangle, d’un dédoublement… Dupraz, lui, semble attacher plus d’importance à beugler sur des individualités au replacement hasardeux ou des décisions arbitrales pas à son avantage. Surtout, le principe fondamental qu’il voulait appliquer à son arrivée, à savoir une récupération haute, n’est plus appliqué.

Comment dit-on « remise en question » en savoyard ?

Et puis tout s’est dégradé lors des quinze derniers jours. D’abord contre la lanterne rouge, Metz. En supériorité numérique pendant plus d’une heure, les Violets n’ont jamais su trouver la faille face à l’équipe la plus faible de L1. Un pathétique 0-0 qui a illustré de façon cinglante l’incapacité des Violets à se trouver, à faire vivre le ballon. Pour vous donner un ordre d’idée, ce soir là, même Patrice Evra aurait pu prendre de vitesse les attaquants toulousains. « On a dit merde au football », résumera Pascal Dupraz. Sauf que le TFC dit merde au football depuis un petit bout de temps, déjà.

Et son entraîneur finit même par dire merde à ses joueurs, le week-end suivant, à Dijon : « Des mannequins de très bonne qualité […] qui font exprès d’être menés ». S’il espérait piquer au vif son effectif avec de telles envolées, le « Savoisien » semble s’y être mal pris. Trois jours après, les Violets sombrent à nouveau, à domicile contre Nice après avoir mené pendant 40 min (encore) à onze contre dix et raté (encore) un pénalty. En conférence, l’escalade du ridicule se poursuit, le coach évoquant des « retards de quelques minutes aux rassemblements » et menaçant de monter en tribunes pour régler des comptes avec des supporters. Assurément, cela devrait être un bon remède aux maux de son équipe, que d’aller s’essayer à la boxe dans les gradins !

En fait, Dupraz utilise tous les prétextes possibles et imaginables pour se défausser. Il a beau dire avec ironie que « de toute façon, c’est toujours l’entraîneur qui est responsable », son absence de remise en question est totale. Et puis l’ancien d’Evian ne parle que trop peu de foot, de jeu, de tactique. A Toulouse, les supporters en sont devenus blasés. Au point de rigoler de la toute fraîche défaite à Lille.

 

En somme, celui que les supporters toulousains acclamaient il n’y a pas si longtemps est devenu ce vieux chewing-gum qu’ils n’arrivent pas à décoller de leur basket. Cette moule accrochée à son rocher aussi fort qu’il l’est à sa Savoie. Mais Pascal Dupraz doit se rendre à l’évidence : excellent manager, un temps sauveur magnifique d’une équipe en péril, il n’est pas un bon entraîneur. En tout cas il n’a rien prouvé qui aille dans ce sens : aucune des jeunes pépites du TFC – Lafont, Diop, Jullien, Blin et on en passe – n’a progressé de manière significative sous ses ordres. Pire, l’ensemble de la production collective n’a fait que se dégrader au fil du temps, alors que la qualité de l’effectif, sur le papier, s’est renforcée.

Pascal, ta chance est passée. Laisse les clefs.

Crédit photo : PHILIPPE DESMAZES / AFP

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