[Allemagne] Quand l’Eintracht Francfort était au sommet

Il fut un temps où le Bayern ne possédait qu’un seul titre de champion d’Allemagne sur ses vingt-sept d’aujourd’hui, où des clubs tels que le Greuther Fürth ou le FC Nuremberg étaient plus titrés que l’ogre bavarois. Durant le IIIe Reich, Nuremberg et Schalke 04 faisaient office de grosses écuries du football allemand. Après la guerre, entre 1944 et 1948, tout est arrêté car l’Allemagne est détruite. Il faut reconstruire. Avec la Guerre froide, la RFA et la RDA sont créées en 1949. Qui dit deux états dit deux championnats différents. La RDA ne sera pas évoquée. Car le club sur lequel les projecteurs vont se braquer aujourd’hui est à l’ouest, en RFA. L’Eintracht Francfort, club principalement situé dans la première moitié du classement, a eu ses grandes heures entre les années 1950 et 1980. Retour sur celles-ci.

 

Années 1950 et début 1960 : les grands évènements

 

Il faut tout d’abord expliquer le fonctionnement de l’ancien modèle du championnat allemand. Car avant 1963, celui-ci fonctionnait d’une toute autre manière que celui que nous connaissons aujourd’hui. À partir de la saison 1947-1948, le championnat de RFA se dispute comme un championnat régional. Cinq régions font office de cinq championnats appelés « Oberliga », traduit par ligue supérieure en français. Il y a l’Oberliga Nord, l’Oberliga Süd, l’Oberliga Südwest, l’Oberliga West et l’Oberliga Berlin pour la partie Ouest de Berlin.

Dans chaque Oberliga, les clubs de la région s’affrontent pour les deux premières places du classement. Les deux premiers sont qualifiés pour ce que l’on appelle la phase finale nationale. Une fois la qualification en poche, comme il y a neuf qualifiés (deux dans chaque Oberliga de RFA et un seul dans la ligue de Berlin), un barrage est organisé entre deux équipes. S’en suit deux poules A et B où les qualifiés se retrouvent et s’affrontent. Le premier de la poule A affronte le premier de la poule B dans un match final. Le vainqueur est donc champion de RFA.

 

Sieg gegen Kickers Offenbach mit 5:3 nach Verlängerung

 

Maintenant que tout cela est expliqué, rentrons dans le coeur du sujet. Jusqu’à la saison 1951-1952, l’Eintracht reste en seconde partie de tableau, flirtant même avec la relégation en 1948-1949 et 1949-1950. C’est donc en 1951-1952 que les Aigles commencent les bonnes performances avec une quatrième place en Oberliga Süd. Ce n’est cependant pas suffisant pour aller jusqu’au bout.

C’est lors de la saison suivante que Francfort termine premier, derrière le tenant du titre, le VfB Stuttgart. Place donc à la phase finale nationale. Versé dans la poule A, le club se retrouve avec Kaiserslautern, Cologne et Kiel. Il échoue en terminant derrière Kaiserslautern qui s’imposera face à Stuttgart lors du match final. La qualification en phase finale nationale se reproduit en 1953-1954, les Aigles terminant cette fois-ci seconds derrière le VfB.

Pour cette édition, il y a seulement six qualifiés car en vue de la Coupe du Monde, il fallait réduire le nombre de matchs pour la forme des joueurs. Une fois de plus, l’Eintracht échoue, terminant dernier de la poule B derrière Cologne et Kaiserslautern. Le titre revient à Hanovre cette année-là. Les saisons passent, le club végète dans le top 6 et ne parvient pas à se qualifier pour la phase finale du championnat.

Cinq ans plus tard, lors de la saison 1958-1959, Francfort revient au premier plan et termine premier de l’Oberliga Süd. Un très bon bilan pour les Aigles avec vingt-deux victoires, cinq matchs nuls et seulement trois défaites pour un total de quarante-neuf points, la victoire rapportant deux points à cette époque. Derrière eux, les Kickers d’Offenbach. Direction la phase finale nationale. Dans la poule B en compagnie de Cologne, Pirmasens et le Werder de Brême, l’Eintracht accède au match finale en terminant invaincu, totalisant donc douze points après six victoires.

Le club retrouve son dauphin en Oberliga à l’Olympiastadion. Francfort ouvre le score dès la première minute de jeu mais l’adversaire riposte aussitôt. Les deux équipes ne parviennent pas à se départager au terme des quatre-vingt-dix minutes de temps réglementaire sur un score de 2-2. L’Eintracht, au forceps, remporte finalement la rencontre après prolongations sur le score de cinq buts à trois. Le premier et unique titre de l’Eintracht est enfin là.

 

 

Mais tout ne va pas s’arrêter là. Champions de RFA, voilà que les Aigles vont donc aller en coupe des clubs champions européens la saison suivante. Bien qu’en championnat ils ne réussiront pas à renouer avec les deux premières places du classement, le parcours européen va en être tout étonnant. Épopée honorable, une victoire au premier tour par forfait face aux finlandais du KuPS Kuopio, direction le tour suivant. S’en suit donc une qualification pour les huitièmes de finale en éliminant les Young Boys de Berne avec une écrasante victoire 4-1 au match aller puis un match nul au retour.

Ticket pour les demi-finales obtenu en éliminant les autrichiens de Wiener en quarts de finale. Chose peut être inattendue, en se défaisant des Glasgow Rangers, l’Eintracht est donc en finale et peut probablement être au sommet de l’Europe. Mais l’adversaire est une montagne : le Réal Madrid, vainqueur des quatre éditions précédentes, se dresse face aux Allemands. Surprise, c’est bien les champions de RFA qui ouvrent le score peu avant la vingtième minute de jeu.

Seulement, la Maison Blanche en décide autrement. Son duo d’attaque increvable décide de remettre les choses en ordre. Le score finale est de sept buts à trois pour les madrilènes avec un triplé de Di Stéfano et un quadruplé de Puskás. L’Eintracht Francfort a donc plus de finales de ligue des champions que le Paris Saint Germain (oui, c’était une petite pique gratuite).

 

 

L’Eintracht reste cependant au premier plan en Allemagne. Lors des saisons 1960-1961 et 1961-1962, le club accède de nouveau à la phase finale nationale. Il échoue une fois de plus lors des phases de poule deux ans de suite à la seconde place. En 1963, la Bundesliga adopte un nouveau format de championnat. Sans doute la fin d’une ère pour Francfort qui reste un club de premier plan.

Années 1970-1980 : Coupe nationale et européenne

 

Les Aigles ne quittent donc pas la Bundesliga et restent en première partie de tableau. 1974 est une date importante. Évidemment, la RFA remporte la deuxième coupe du monde de son histoire. C’est aussi en 1974 que l’Eintracht remporte sa première coupe d’Allemagne face à Hambourg sur deux finales disputées, la première en 1964 perdue face au TSV Munich 1860. Le club conserve son titre l’année suivante face à Duisbourg.

S’en suit une période sans titre entre 1975 et 1980. Bien qu’étant qualifié en coupe de l’UEFA, les Aigles ne s’imposent pas. Mais lors de la saison 1979-1980, c’est un retour au sommet de l’Europe. Éliminant respectivement Aberdeen, le Dinamo Bucarest, Feyenoord et le FC Brno, Francfort se retrouve en demi-finale de coupe de l’UEFA. 100% Allemand.

La demi-finale n’est pas de tout repos. C’est un match aller retour face au grand Bayern de Gerd Müller. Battus 2-0 lors de la première rencontre, Francfort n’abdique pas et l’emporte par cinq buts à un lors du match retour après prolongation. C’est donc une finale face à l’autre grand club allemand de Mönchengladbach. Une finale en deux matchs. Les Aigles sont battus 3-2 à l’aller et gagnent 1-0 au retour. Le score cumulé étant de trois buts partout, l’Eintracht l’emporte grâce à ses buts marqués à l’extérieur. Le club remporte une troisième coupe d’Allemagne face à Kaiserslautern l’année qui suit son sacre européen. Il faudra attendre sept ans pour le voir remporter une nouvelle fois la DFB Pokal, la dernière à ce jour.

Et après : descente et nouvelles étincelles

 

Durant les années 1990, un nouveau retour au premier plan est fait. Des jeunes joueurs talentueux font leur apparition tels que Jay-Jay Okocha ou Andreas Möller futur vainqueur de la Ligue des champions avec le BVB en 1997. Mais tout s’arrête en 1996, l’Eintracht descend en seconde division en terminant avant dernier de Bundesliga.

Le club remonte pour la saison 1998-1999 et frôle la relégation, terminant à égalité avec le premier relégable Nuremberg. Le début des années 2000 est en demi teinte avec une nouvelle descente à la fin de la saison 2000-2001. Aussitôt remonté en 2003, une nouvelle fois Francfort redescend en 2004. En 2006, c’est à nouveau une remontée et une finale de coupe d’Allemagne face perdue face au Bayern qui réalise le doublé. Assez constant jusqu’en 2011, c’est à nouveau une rechute cette année-là. Mais aussitôt descendu, aussitôt remonté, en 2012. Saison 2012-2013, les Aigles retrouvent l’Europe en terminant sixièmes de Bundesliga. Direction l’Europa League jusqu’en seizièmes de finales où ils échouent face au FC Porto.

Aujourd’hui, Francfort revient au premier plan bien que sa place soit cette fois en milieu de tableau. Le club a même joué les barrages de relégation en 2016 et s’est finalement maintenu. En 2017, l’Eintracht a de nouveau atteint la finale de la coupe d’Allemagne, une nouvelle fois perdue, contre le Borussia Dortmund. Avec les frères Kovač aux commandes, le club reprend des couleurs depuis peu. Actuellement quatrième en Bundesliga, il talonne le BVB et n’est qu’à un point du podium. Affaire à suivre donc, pour les joueurs du tandem croate.

Credit photo: CHRISTOF STACHE / AFP

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