En signant à Everton cet hiver, Cenk Tosun s’est lancé un défi de taille : s’imposer dans le championnat le plus physique d’Europe. Après des premiers mois difficiles dans le Merseyside, l’attaquant de 26 ans commence à récolter les fruits de son travail. Au point de devenir le futur chouchou des Toffees ?
Le nom de Cenk Tosun ne parle peut-être pas à tout le monde. Aux supporters de l’AS Monaco, si. Les fans des Rouge et Blanc ont, à leurs dépends, fait connaissance avec ce buteur lorsqu’il défendait encore les couleurs du Besiktas. C’était à l’automne, en phase de poules de la Ligue des Champions. Le numéro 23 stambouliotte glaçait un Louis II déjà pas réchauffé par son ambiance, avec un doublé. Aujourd’hui, l’attaquant à la double nationalité allemande et turc (il est né à Wetzlar, dans le Land de Hessen) a quitté le détroit du Bosphore pour les bords de la Mersey et porte la tunique bleu roi d’Everton. Changement radical de décor.
Deux pieds pour frapper, Batistuta comme source d’inspiration
Pour comprendre ce qui a pu mener Cenk Tosun jusqu’en Premier League, revenons en arrière. Formé à l’Eintracht Frankfurt, où il a passé toutes les étapes menant à l’orée d’une carrière pro (U17, U19, réserve), Tosun dispute son premier match de Bundesliga en mai 2010, à Wolfsburg. Cela reste encore à ce jour sa seule apparition dans l’élite du football allemand. En janvier 2011, l’attaquant choisit de s’envoler pour le club turc Gaziantepspor, dans le sud-est de l’Anatolie. Avec ce dernier, il réalise sa première saison de référence en inscrivant dix buts. Le observateurs découvrent alors les qualités de finisseur de Tosun. Le remuant attaquant est à l’aise avec ses deux pieds, cela grâce à son père Senol qui lui interdisait de se servir de sa patte droite étant jeune. Par ailleurs, le jeune goleador s’avère être un admirateur de la carrière de Gabriel Batistuta, légende argentine aux plus de 200 buts avec la Fiorentina.
Encore loin de ces stats, Cenk Tosun continue d’enchaîner les réalisations et les passes décisives (15 assists TCC en deux ans) avec Gaziantepspor jusqu’à sa signature au Besiktas, le 1er juillet 2014. Au sein des Aigles Noirs, Tosun est d’abord utilisé comme super sub. C’est lors de la saison 2016-2017 qu’arrive la consécration : 24 buts TCC, il est l’un des hommes clés du deuxième titre consécutif du BJK dans la Süper Lig. Puis cette saison, Tosun s’est révélé aux yeux de l’Europe en inscrivant quatre buts dans les six matchs que compte la phase de poules de la Ligue des Champions. Une performance au plus haut niveau qui a attiré les convoitises, particulièrement en Angleterre. Finalement, Sam Allardyce, le coach d’Everton, convaincra le buteur de Besiktas de tenter l’aventure en Premier League.
« Je vais montrer à tout le monde en Angleterre qui est Cenk Tosun »
Et quand on se penche sur le style de jeu de Cenk Tosun, on se dit que l’idée n’est pas anodine. Généreux dans l’effort, affamé de duels et pas effrayé par les contacts (certains spécialistes le comparaient à Andy Caroll mais il vaut sûrement beaucoup mieux que l’escroc de West Ham), son profil semble coller avec la PL. Tosun est en outre doté d’un excellent jeu de tête ; il pourrait ainsi servir de point d’appui à une équipe d’Everton en réelle panne d’inspiration dans le jeu. Sauf que voilà, l’acclimatation au football anglais n’est facile pour personne, même quand on est un joueur à réputation physique. Peu convaincant lors de ses premières entrées et en manque de rythme, Tosun passe plus de temps sur la banc que sur le pitch. Alors qu’en Turquie, certains évoquent déjà un retour au Besiktas, le buteur assure au micro du média Haberturk : « Je ne quitte jamais un boulot sans y avoir accompli ma mission. Je vais montrer à tout le monde en Angleterre qui est Cenk Tosun. »
Après les paroles viennent les actes : le 3 mars, l’international turc (25 sélections) inscrit son premier but à Burnley, de la tête. En retrouvant sa malice dans le placement, il enchaîne avec trois autres buts lors des deux matchs suivants – série en cours. Pas encore de quoi rentabiliser les 20 millions d’euros qu’il a coûtés à Everton, mais c’est un début. Besogneux, Cenk Tosun avoue avoir retravaillé son fond de jeu avec une ex-légende de la maison bleue, Duncan Ferguson. Si le déclic est peut-être venu de là, le coach Sam Allardyce n’est sans doute pas non plus étranger au regain de forme de sa recrue. Un bon point à mettre au crédit du technicien anglais, souvent critiqué pour le pauvre spectacle proposé par son équipe.
Remis sur de bons rails, Cenk Tosun doit maintenant pouvoir tirer son équipe vers le haut, alors que celle-ci est engluée dans le ventre mou de la Premier League. Sans être un foudre de guerre techniquement, le virevoltant avant-centre possède toute la panoplie : vitesse, utilisation des espaces, force de frappe et jeu aérien. Si l’efficacité est au rendez-vous, nul doute qu’il sera vite adopté par Goodison Park. Et pourquoi pas reprendre le flambeau d’un certain Wayne Rooney…
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