[Coupe du monde] Colombie : Petit outsider ou gros danger ?

Surprenante en 2014, la Colombie avait été éliminé aux portes des demi-finales par le Brésil. Proche d’un exploit en s’offrant le pays hôte, son jeu flamboyant avait marqué les esprits. Quatre ans plus tard, comment vont les Cafeteros ? Nouvel outsider qui se fait discret ou grande nation à prendre au sérieux d’entrée de jeu ?

Les larmes de James Rodríguez avaient fait le tour du monde. Personne n’a oublié cette image de David Luiz, désignant du doigt le jeune colombien (22 ans à l’époque) afin qu’il reçoive une ovation bien méritée du public de Fortaleza. En dépit d’une réduction du score à la 80ème minute (James sur penalty, 2-1), la Colombie quittait la plus grande des compétitions par la grande porte. James Rodriguez termine par ailleurs meilleur buteur du tournoi avec six réalisations. Depuis, la Tricolor a bien changé. Yepes a pris sa retraite, Guarín s’est perdu en Chine et Jackson Martínez n’a plus de club. Cependant, les vraies stars ont survécu. Ajoutez à cela de jeunes joueurs prometteurs et vous avez une Colombie plus fraîche que jamais.

Falcao et James taille patron

Pour certains joueurs, les dernières années furent semées d’embûches. En particulier concernant le capitaine et meilleur buteur de l’histoire de la sélection : Falcao. Après avoir manqué le Mondial 2014 à cause d’une lésion d’un ligament croisé, El Tigre a enchaîné les prêts décevants à Manchester United puis Chelsea. En 2 saisons, Falcao a disputé 42 matchs pour… 5 buts. Mais tout cela, c’était avant la saison 2016-2017 qui l’a vu renaître de ses cendres. À la Coupe du monde, Falcao se présentera comme un leader et goleador incontesté, à l’AS Monaco comme en sélection.

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Incontestable, c’est aussi le statut de James Rodríguez. Pendant l’absence de Falcao, le natif de Cúcuta a repris le brassard de capitaine et porté sa sélection à bout de bras, la menant vers une troisième place à la Copa America 2016. Lors des éliminatoires de la Coupe du monde, le Bavarois a marqué 6 buts et réalisé 4 passes décisives. Tout cela malgré une situation obscure au Real Madrid. Cette saison, James s’épanouit à Munich en pleine force de l’âge (26 ans). La nette domination du Bayern en Bundesliga devrait lui éviter une fin de saison épuisante afin de ne pas arriver cramé en Russie.

Des jeunes qui montent en puissance

On peut parler de joueurs de classe mondiale avec Falcao et James Rodríguez. Mais on peut aussi mentionner ces jeunes prodiges qui incarnent l’avenir du football colombien. Ils sont deux et font la paire : Yerry Mina et Davinson Sánchez. Âgés de 23 et 21 ans, les deux défenseurs centraux ont pour mission de prendre la relève de Cristián Zapata, toujours appelé mais cantonné au banc à l’AC Milan. Sánchez est titulaire indiscutable à Tottenham, qu’il a rejoint en provenance de l’Ajax l’été dernier pour 40M€.

Davinson Sánchez et Yerry Mina représentent l’avenir de la sélection colombienne. // Agencias

 

Mina, lui, n’a disputé que 90 minutes en Liga avec Barcelone, où il a signé cet hiver échange de 11,8M€. Son temps de jeu s’annonce limité en raison de la concurrence mais ne le privera pas nécessairement d’un spot dans le onze Colombien. En début d’année, l’ancien Lyonnais et Barcelonais Edmilson l’a comparé à l’illustre Brésilien Lúcio, notamment pour sa capacité à apporter en attaque. En 10 sélections, Yerry Mina a inscrit 3 buts, dont un doublé contre le Cameroun en amical. Encore plus impressionnant : il est le plus jeune capitaine de l’histoire de la Colombie, ayant endossé le brassard à 23 ans et 2 mois contre la Chine en novembre dernier.

« José Pékerman est un père pour nous »

Les Cafeteros possèdent donc de la poudre offensive (à laquelle on peut ajouter Luis Muriel, Carlos Bacca et Juan Cuadrado) et une charnière au potentiel considérable. Néanmoins, des faiblesses sont détectables. Le poste de gardien reste la propriété de David Ospina (29 ans, 83 sélections), coltiné à la Ligue Europa avec Arsenal et notamment fautif sur un but de la France au mois de mars. Les latéraux et milieux de terrains n’offrent pas de garanties au plus haut niveau, bien que Fabra (arrière gauche, Boca Juniors) et Arias (arrière droit, PSV Eindhoven) soient titulaires chez le leader de leur championnat respectif.

José Pekerman a mené la Colombie vers des sommets inédits. // AFP

 

La Fiebre Amarilla (fièvre jaune), c’est un joli mélange de superstars, de besogneux et de jeunes pousses. L’ensemble cuisiné par José Pékerman, entraîneur argentin de 68 ans. Ancien chauffeur de taxi, Pékerman dirige la Colombie depuis janvier 2012 et lui a fait connaître son premier quart de finale de Coupe du monde, en plus d’un quart de finale (2015) et d’une demi-finale (2016) de Copa America. Son management est une réussite au sein de son groupe, comme l’attestait Luis Muriel en janvier dans Marca : « José Pekerman est un père pour nous. Il nous fait sentir ce lien quand nous ne sommes pas en sélection. Il est toujours en contact, nous appelle, et vient nous voir quand il le peut. » C’est un collectif puissant et une vraie force de caractère qui se dégage de cette sélection colombienne.

La Tricolor apparaît comme une équipe prometteuse, sans pour autant crouler sous la pression. Le talent, l’enthousiasme et la ferveur populaire (on comptait 20 000 Colombiens au Stade de France en mars dernier pour un simple amical) ne manqueront pas en Russie. Au milieu d’un groupe relativement abordable (Pologne, Sénégal, Japon), la Colombie possède une grosse carte à jouer dans cette compétition. Fera-t-elle mieux qu’il y a quatre ans ? Réponse dans quelques jours.

Crédit photo: ERNESTO BENAVIDES / AFP 

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