[Euro U19] La France peut-elle remporter une deuxième compétition en deux semaines ?

Alors qu’elle est entrée dans la compétition en perdant 2 buts à 1 face à de valeureux ukrainiens, l’équipe de France des moins de 19 ans entraînée par l’ancien joueur Bernard Diomède garde néanmoins toutes ses chances de qualification même s’il va falloir affronter la Turquie, équipe-piège par excellence et l’Angleterre, tenante du titre. Quelles sont alors les chances réelles de cette équipe pour aller au bout ?

Une sélection qui brille par ses talents

Les U19 français sont presque intégralement des cracks à fort potentiel courtisés ou évoluant dans des grands clubs. A préciser d’ailleurs que le schéma habituel de cette équipe est un 3-4-3. L’attirail défensif est extrêmement fourni avec, par exemple, une charnière centrale Boubacar Kamara – Aurélien Nguiamba – Malang Sarr qui est une des plus solides du monde. Alliant assise et propreté dans la relance, ces trois joueurs ont déjà des références en niveau professionnel, ce qui est assez impressionnant au vu de leurs jeunes âges (respectivement 18, 19 et 19 ans). Le niveau des latéraux laisse un peu plus à désirer. Mahamadou Dembélé (à droite) et Sikou Niakaté (à gauche) disposent des mêmes bémols particulièrement sur le plan défensif avec énormément d’espace laissé dans leurs dos à la suite de leurs montées. Mais pas de grande inquiétude, cela est commun à presque tous les jeunes arrières latéraux.

Le milieu est peut-être la plus grande source de confiance de cette sélection avec des joueurs déjà reconnus comme Michaël Cuisance (qui était par ailleurs forfait contre l’Ukraine) ou Boubakary Soumaré, qui, lorsqu’ils sont alignés ensemble dans l’entre-jeu, contrôlent littéralement la zone. Cuisance, notamment, a un volume de jeu époustouflant. Sous contrat avec le Borussia Mönchengladbach, sa capacité à se projeter vers l’avant et à casser les lignes ajoutée à ses qualités défensives font de lui le meilleur joueur de cette équipe. Même sur le banc, les qualités sont présentes avec le jeune joueur du Paris-Saint-Germain Yacine Adli qui a fait parler de lui récemment et qui s’avère être un régal balle au pied.

Enfin, cette équipe de France est marquée d’une armada offensive que beaucoup lui envient. Les Lyonnais Myziane Maolida et Amine Gouiri ainsi que le Rennais Rafik Guitane ont des qualités techniques incroyables. Bernard Diomède peut ainsi se permettre de modifier comme bon lui semble son trio d’attaque sans perdre en qualité : Pintor (Brest) – Maolida – Diaby (PSG), Guitane – Maolida – Diaby, Pintor – Maolida – Guitane, nombreuses sont les possibilités en attaque pour cette France U19.

La précoce flexibilité tactique des Bleuets

Du point de vue du schéma tactique, ce qu’a mis en place Diomède est très intéressant puisque la France est l’une des rares sélections de jeunes qui peut se permettre de telles largesses dans le dispositif. Des joueurs comme Kamara, Adli, Nguiamba (Nancy) ou Sissoko (Tours) sont polyvalents et peuvent jouer à plusieurs postes. Il n’est donc pas rare de les voir permuter, changer de côté, s’adapter à la hauteur du bloc adverse,… La France change énormément de schéma en alternant souvent dans un même match le 4-2-3-1 qui permet un meilleur contrôle du milieu après avoir inscrit le premier but, le 4-3-3 ou son classique 3-4-3 qui est très atypique, non seulement dans le football, mais d’autant plus chez les équipes de jeunes. Il est extrêmement déstabilisant pour une équipe de s’adapter à un adversaire qui jouait avec un double-pivot et qui passe soudainement avec deux purs 8 au milieu ainsi que des ailiers évoluant 10-15 mètres plus haut sur le terrain.

Dans un cercle vicieux, cette volonté du staff français de pousser toujours plus les Bleuets à la versatilité permet de faire progresser les joueurs, ce qui leur permet entre autres de gagner en volume de jeu et en finalité de devenir plus polyvalents, etc. Par exemple, la pépite du Stade Rennais Rafik Guitane, milieu à vocation offensive de formation a d’ailleurs largement gagné en perception de la passe, ce qui lui vaut parfois une place d’ailier. Les ailiers, justement, sont très intéressants dans le système de Diomède puisqu’ils doivent savoir tout faire. Contre l’Ukraine justement, leur mission était d’abreuver Maolida de ballons dans les 6 mètres 50 alors qu’elle était plutôt par exemple contre la Bulgarie en mars dernier (victoire 2-0) de percuter et d’entrer dans la surface grâce aux dribbles. Nabil Alioui, jeune prometteur de l’AS Monaco joue d’ailleurs assez peu en raison de cela. En effet, son profil est beaucoup moins varié lui qui ne s’inscrit quasiment que dans une logique de percussion.

Une irrégularité et une immaturité persistantes

Cette ultra-polyvalence peut aussi poser des problèmes. Une des polémiques qui revient souvent est la question Adli. Il est clair qu’il est au-dessus de ses pairs techniquement, mais le fait qu’il puisse jouer ailier, 8, 10 et parfois 6 ne le fait pas travailler un seul et unique poste auquel il serait excellent. Ici, il est « à peine » bon ou très bon à certains de ces postes. Le match face à l’Ukraine a révélé certaines de ces failles : en subissant un pressing assez haut, il lui est difficile de ressortir proprement ou de se projeter rapidement comme il a l’habitude de le faire. Ce problème semble finalement être inhérent à plusieurs joueurs de l’effectif et notamment ceux évoqués plus haut. Guitane dézone par exemple trop souvent pour être considéré comme un ailier ou comme un 10, tout comme Sambou Sissoko a tendance à trop prendre le côté droit lorsqu’il joue axe droit dans une défense à 3.

Comme toute équipe de jeunes, les joueurs peuvent parfois avoir des moments de déconcentration. C’est ce qui s’est produit contre l’Ukraine sur les buts mais aussi sur certaines occasions ukrainiennes avec des erreurs dans les relances, des passes mal assurées ou encore une perte de lucidité face au but. Même si cela est inhérent à toutes les sélections de moins de 19 ans, cette grande immaturité semble être plus importante chez les joueurs français.

L’équipe de France a évidemment ses chances dans cette coupe d’Europe mais comme l’a dit Fernando Santos récemment, le gagnant au football est toujours celui « qui commet le moins d’erreurs ». Et à ce jeu-là, la France peut le payer cher.

 

Crédit Photo : Mikko Stig / Lehtikuva.

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4-4-2 losange et presunto comme exutoires.