[Edito] Marseille, bienvenue sur le radeau de la honte

Et si un match aux allures anodines allait mettre le feu aux poudres ? Hier soir, dans une rencontre sans enjeu entre un Francfort déjà qualifié et un Marseille déjà honteusement éliminé, les hommes de Garcia ont subi une nouvelle humiliation. Couronnée par des CSC à la limite du gag, cette rencontre pourrait laisser des traces. Dans le vestiaire, mais pas que …

Hier soir, sur les coups de 23h, Rudi Garcia ne masquait pas sa rage. Son équipe venait de subir une correction, la 9ème défaite du club en 19 rencontres jouées TCC cette saison. Plus grave encore, l’OM en est à 35 buts encaissés. Un chiffre flippant quant aux prétentions affichées par le club phocéen.

Il y a deux mois de cela, nous publiions un papier quant aux 10 objectifs de Garcia pour la saison en cours. Force est de constater que le mal est profond. Hier, suite à la rencontre, Garcia s’est de nouveau lâché sur ses joueurs. Symptomatique de l’incapacité à se renouveler, à se remettre en question et à trouver des solutions, le coach olympien a tiré à boulets rouges sur certaines de ses ouailles. Sans les nommer, cette fois, bien qu’on puisse facilement mettre des noms derrière ses mots. Sont-ils coupables de la débâcle d’hier ? En partie. Ont-ils été mis dans de bonnes conditions pour performer ? Rien n’est moins sûr. Mais une chose semble rassembler le coach et son groupe ces derniers temps, c’est l’incapacité à comprendre l’importance que représente le blason pour la ville et les supporters.

Car la rencontre d’hier s’ajoute à une longue liste de lourdes défaites où joueurs et dirigeants sont dans un même bateau : le radeau de la honte. Cette liste effrayante de raclées depuis août fait froid dans le dos.

https://twitter.com/TeamOM_Officiel/status/1068261085650800640

Mauvaise gestion de l’effectif (de nombreux joueurs de l’ère Labrune encore présents), incapacité à voir les carences de tel ou tel joueur, toute-puissance donnée à un coach qui navigue tactiquement à vue, départs avortés (et recrutement) de nombreux parias  … La liste des griefs est longue et la saison risque de l’être tout autant.

Mais à côté de ce marasme sportif, certains voient leur colère monter. Malmenés, de moins en moins en accord avec la stratégie globale des dirigeants, les supporters sont en passe de dégoupiller. Car ne nous y trompons pas, la maxime « les dirigeants et les joueurs passent, les supporters restent » s’applique. Et elle s’applique d’autant plus quand l’histoire du club est longue. A Lens, l’an passé, les supporters avaient craqué. A Sochaux, actuellement, les groupes de supporters s’arment pour lutter contre Baskonia.

A Marseille, la révolte ne gronde pas encore. Elle s’active plus pour les privilèges réservés à certains groupes de supporters que pour l’état général du club. Sur les réseaux, le tonnerre gronde, et les twittos pleins de connivences et de privilèges peinent à faire taire la meute. Quand à Lyon le président et le coach se plaignent des tendances critiques de leurs supporters 2.0, à l’OM, la paix sociale virtuelle a cru être achetée. Une tactique qui ne semble plus vraiment porter ses fruits aujourd’hui. Si sur le terrain rien ne va, c’est aussi via ses relations publiques que l’OM perd une frange grandissante de ses supporters. Déclarations ubuesques, manque de connaissance du contexte olympien, communication 2.0 ciblée pour les plus jeunes … là encore, la liste des griefs est longue et peut aussi expliquer le courroux des supporters à l’égard du club et notamment de ses dirigeants.

Mais qu’on ne s’y trompe pas, si l’explosion n’a pas encore eu lieu, la honte, elle grandit. Car oui, le supporter marseillais est fier. Il passe son temps à narguer ses collègues lyonnais et parisiens tout en rêvant secrètement d’avoir un effectif et des échéances à la hauteur de celles de ses concurrents. Mais quand la honte est grande, attention à la casse. Il y a plusieurs mois de ça, la France du football avait été prise de court par la ferveur venue du Sud, à coups de victoires en Europa League et de finale approchant. Cette même France du football pourrait être prise de court par la tempête venue du 13. A condition que les supporters, derniers vrais garants du blason floqué d’une étoile se soulèvent …

Crédit photo : Daniel ROLAND / AFP

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