16 juin 2018. La France affronte l’Australie pour son premier match au Mondial. Elle bénéficie d’un penalty grâce à la VAR. Vous me direz, « bah t’es content, t’étais pour la France ». Eh bien non. 25 juin 2018. Le Maroc joue un match couperet face à l’Espagne. À première vue, l’Espagne est favorite, malgré le départ juste avant la compétition de Julen Lopetegui. Le match est tendu, le Maroc tient bon, l’Espagne balbutie son football. À 1-1, Ziyech reprend de volée un ballon que Piqué touche de la main, la VAR n’est pas utilisée. Vous me direz, la main était collée au corps. Nous y reviendrons plus tard. Quand Iago Aspas égalise dans les derniers instants du match alors que l’assistant avait sifflé hors-jeu, la VAR intervient. À juste titre, car il n’y avait pas hors-jeu. Vous me direz « bah pourquoi tu te plains, c’était une erreur manifeste de l’arbitre de touche, la vidéo a permis d’accorder un but valable ». Calmez-vous, je vais vous expliquer mon point de vue.
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L’humain, la dramaturgie, ils sont où ?
J’aime le football. D’un autre côté, cette VAR empêche de vraies célébrations. Qui n’a pas été frustré de ne pas célébrer avec l’Ajax après ce golazo de Dusan Tadic ? 3 minutes pour savoir si le ballon que sauve Mazraoui était sorti en touche. J’aime cette dramaturgie, ces moments de célébrations, ces moments « volés » de l’histoire, c’est la vie. Est-ce que l’Ultimo Diez de Maradona aurait eu la même légende sans son but de la main en 1986 ? Bien que, juste après, il ait inscrit le véritable but de sa legacy en dribblant toute l’équipe d’Angleterre.
Le problème qui se pose maintenant avec le VAR et donc les arbitres, c’est qu’on est pu dans l’esprit du jeu mais dans respect froid et impitoyable de la loi. Est ce que mon bras influence honnêtement l’action, non. Mais oui mon bras est hors jeu…regrettable. #courirsansbras https://t.co/ou49BlRYUR
— Matthieu Dossevi (@MDossevi) March 10, 2019
Il y aura toujours des contestations…
Dans le match entre Barcelone et Lyon une semaine plus tôt, situation litigieuse encore une fois. Avant de développer, cette situation ne change pas l’issue du match tant Barcelone était au-dessus sur les deux matches. Mais passons. Luis Suárez se présente dans la surface face à Jason Denayer. Le défenseur belge tacle, ne touche pas Suárez dans un premier temps et l’attaquant marche sur le pied du défenseur. Il est déséquilibré, l’arbitre siffle penalty. À vitesse réelle, tout le monde se dit qu’il est logique que l’arbitre siffle, tant Denayer arrive fort sur Suárez. Mais au ralenti, avec la vidéo, c’est plutôt douteux. Je pourrais prendre le même exemple sur le but de Tousart et la faute (ou non) de Marcelo sur Lenglet. Qu’importe, l’arbitre restera sur sa décision dans les deux cas… Petit rappel de l’utilisation de cette VAR : après un but marqué (validé ou non), sur une situation de penalty (sifflée ou non), sur une exclusion directe ou sur une erreur d’identité.
« Les arbitres aussi sont des humains et l’erreur est humaine. La VAR, c’est un début, et nous avons beaucoup à apprendre sur ce système et son utilisation », déclarait le sélectionneur australien Van Marwijk après le match face à l’équipe de France. Presque une année plus tard, on est toujours dans le flou. Depuis le 2 janvier, le journaliste Johann Crochet tient un thread « Plus de polémiques et plus d’erreurs avec la VAR ». Le moins que l’on puisse dire (voyez par vous-mêmes), c’est que l’on a l’impression que c’est tout le contraire. Pas une semaine sans que l’on parle de VAR, de décisions litigieuses avec un outil qui est censé régler la majorité des soucis d’arbitrage. Demandons aux joueurs s’ils préfèrent une erreur d’arbitrage de temps en temps ou une erreur d’arbitrage à cause de la VAR.
Vous me direz « c’est toujours plus facile de pointer les mauvais cas de la VAR alors qu’il y a forcément plus de cas où la VAR est très bien utilisée ». Alors, attention. Soyons intelligents car dans certains cas, elle est utile. Mais mettons des gens aux commandes qui comprennent l’esprit du jeu et n’appliquent pas stricto sensu les lois du football. D’ailleurs, nous sommes bien d’accord que ce sont des arbitres qui sont dans le car, hein ? Nous aimons le football, nous aimons les grandes émotions et célébrer des buts directement, sans attendre une décision. Demandez à Agüero et Sané cette semaine face à Schalke « 07 » après leurs buts où ils ont dû attendre quelques minutes avant que Clément Turpin puisse les valider, ou encore à Schone sur la situation avec Mazraoui, ce qu’ils en pensent.
Terminons par cette belle phrase de Laurent Paganelli qui résume bien ma pensée : « Le VAR, il faut que ça reste un département et c’est tout. » En tout cas, c’est ce que je souhaite.
Crédit photo : Paul ELLIS / AFP