L’émergence de nouveaux gros clubs anglais

Au début du siècle, la Premier League était dominée par ce qui composait le traditionnel Big Four – 4 clubs, à savoir Liverpool, Manchester United, Arsenal et Chelsea. Une appellation qui au fil du temps a fini par perdre en pertinence, d’abord en 2008 avec l’émergence de Manchester City après son rachat par Khaldoon Al Mubarak, puis plus récemment après que Mauricio Pochettino, le coach des Spurs, est parvenu, petit à petit, à hisser Tottenham vers le haut du classement. On pourrait alors aujourd’hui parler de Big Six. Mais d’autres clubs anglais sont bien décidés à chambouler cet équilibre – c’est le cas notamment de Leicester, Wolverhampton, West Ham ou encore Everton, qui sont sur le point de devenir nouveaux gros clubs anglais. En effet, avec les récentes explosions des droits TV en Angleterre, ces clubs ont obtenu des moyens financiers colossaux leur permettant de prétendre à rivaliser avec les clubs du Big Six, et ces derniers pourraient avoir un coup à jouer cette saison. Ultimo Diez est revenu sur le développement de ces nouveaux gros clubs anglais et les attentes les entourant pour cette nouvelle saison de Premier League.

De gros moyens et une forte attractivité

Comme énoncé dans l’introduction, c’est principalement l’explosion des droits TV qui a permis aux clubs de Premier League de disposer de tels moyens financiers. Aujourd’hui, les plus petits clubs anglais n’ont plus nécessairement besoin de vendre pour survivre, ce qui explique pourquoi certains de leurs joueurs partent pour des sommes jugées astronomiques. Crystal Palace a par exemple réussi à garder Wilfried Zaha car ni Arsenal, ni Everton n’ont pu s’aligner sur les 80 millions d’euros réclamés. Un autre exemple encore plus récent avec le transfert de Maguire vers Manchester United en provenance de Leicester pour 87 millions d’euros. Une somme qui peut paraître énorme, mais qui semble justifiée lorsqu’on prend en considération le fait que Maguire est anglais, relativement jeune, demi-finaliste de Coupe du Monde, et que le défenseur a été excellent dans tous les clubs où il est passé (Sheffield et Hull City notamment). Enfin, ce prix peut également s’expliquer par le fait que Leicester n’avait pas nécessairement besoin de vendre.

Wolverhampton, Leicester, West Ham et Everton sont donc des clubs qui disposent de gros moyens. Ces derniers profitent également de l’attractivité générale de la Premier League, qui représente une vraie fenêtre reflétant les performances individuelles des personnes y évoluant. Ainsi, un joueur effectuant une belle saison avec un de ces clubs aura beaucoup plus de chances d’être suivi, que ce soit par des recruteurs de grands clubs ou par les fans du ballon rond en général. Cela explique sûrement pourquoi certains joueurs acceptent de quitter leur club de Série A ou de Ligue 1 qualifié en Champions League pour aller jouer la lutte à la septième place en Angleterre. Ceci, et bien sûr la capacité qu’ont ces clubs anglais à s’aligner sur les prétentions salariales les plus folles.

Ainsi, Leicester a pu finaliser l’achat du prometteur Tielemans (qui était déjà prêté au club), Everton a pu officialiser les venues de joueurs comme Iwobi en provenance d’Arsenal pour 30 millions d’euros ou encore du très prometteur Moise Kean de la Juventus pour environ 27 millions d’euros. Wolverhampton a également signé un attaquant de Série A avec Patrick Cutrone pour 18 millions d’euros tout en gardant son buteur, Raul Jimenez, qui était prêté. Enfin, le plus actif sur ce mercato a sûrement été le West Ham de Manuel Pellegrini, qui a réalisé ce qui pourrait devenir deux des meilleurs coups de ce mercato, avec les venues de Pablo Fornals en provenance de Villareal pour environ 30 millions d’euros, et celle de Sébastien Haller, attaquant auteur d’une très bonne saison avec Francfort l’année précédente, pour 40 millions d’euros. Avec les moyens dont ils disposent et l’attractivité générale de la Premier League, ces clubs ont su tirer leur épingle du jeu pour se renforcer en signant de très beaux noms.

Un statut de trouble-fête déjà acquis

Si comme nous, vous suivez assidûment la Premier League, vous le savez déjà. Se déplacer à Wolverhampton, Leicester, Everton ou West Ham peut s’avérer être une expérience très périlleuse. Leicester avait déjà, à la surprise générale, plus que confirmé son statut d’outsider en remportant la Premier League en 2015 au terme d’une saison légendaire qui a marqué les esprits. Wolverhampton, avec le 5-3-2 / 3-5-2 hybride de son coach Nuno Espirito Santo, avait également beaucoup surpris l’année dernière, finissant en septième position malgré un statut de promu. Beaucoup de gros clubs s’étaient en effet cassés les dents contre les Wolves. Chelsea s’y était incliné 2-1. Tottenham avait perdu 3 buts à 1 à la maison. En FA Cup, les Wolves avaient sorti Manchester United et Liverpool. En fin de saison, Chelsea n’avait pu faire mieux qu’un nul contre eux au Bridge, et Arsenal s’était vu infliger une cinglante défaite 3-1, les privant d’une quatrième place. Ces résultats expliquent pourquoi les Wolves ont réussi à finir en septième position.

Autre équipe qui a été très solide particulièrement dans leur enceinte de Goodison Park l’année dernière, les Toffees d’Everton. Un nul contre leurs voisins rouges, une victoire 2-0 contre Chelsea, une autre 1-0 contre Arsenal, et une écrasante victoire contre Manchester United 4 buts à 0. West Ham a également eu ses moments de gloire la saison dernière, notamment avec une victoire 3 à 1 à la maison contre United, une autre un peu plus tard dans la saison contre Arsenal 1-0, un nul contre Liverpool, et enfin une victoire sur la pelouse de Tottenham en fin de saison sur le même score. Ces nouveaux gros clubs émergeants ont donc eu de bons voire très bons résultats contre les membres du Big Six, particulièrement sur leurs pelouses respectives.

On pourrait également citer les exemples de Bournemouth et de Watford, qui semblent eux aussi grandir, étoffant leurs effectifs saisons après saisons, et ayant également eu de bons résultats contre les gros l’année dernière. On se souviendra notamment de l’écrasante victoire de Bournemouth à domicile contre le Chelsea de Sarri (score final 4-0) ou encore la victoire de Watford contre Tottenham chez les Hornets en début de saison dernière.

Un coup à jouer cette saison

Wolverhampton, Leicester, West Ham et Everton ont en effet un gros coup à jouer cette saison. Ces clubs disposent tous d’un effectif de qualité. C’est le cas de Wolverhampton, emmené par le 5-3-2 / 3-5-2 hybride de son coach, Nuno Espirito Santo. Un bloc très bien organisé en phase défensive et très solide avec Bennett, Coady et Boly dans le back three. Des latéraux effectuant un piston régulier pendant 90 minutes avec à droite Doherty et à gauche le portugais Jonny, assez à l’aise offensivement. Un milieu complémentaire et très créatif composé de Dendoncker, l’excellent Ruben Neves et Moutinho. Enfin, une paire très complémentaire en attaque, composée de Raul Jimenez, très à l’aise balle au pied et pesant physiquement sur les défenses, auteur de 13 réalisations la saison dernière, et du jeune portugais flamboyant Diogo Jota, auteur de 9 buts et de 5 passes décisives.

Le West Ham de Pellegrini, bien qu’ayant subi une très lourde défaite contre Manchester City à la maison en ouverture de cette nouvelle saison de Premier League, possède également un effectif de qualité. Une charnière plutôt correcte avec Balbuena et le très prometteur Issa Diop. Des latéraux rapides comme Frederiks, ou bons centreurs comme Aaron Cresswell. On retrouve également de la qualité au milieu de terrain, avec le très prometteur Declan Rice au poste du numéro 6. Le vieux briscard Mark Noble est toujours là, tout comme l’ancien Gunner Jack Wilshere et le virevoltant Manuel Lanzini. Le club a également enregistré la venue du milieu de terrain espagnol Pablo Fornals. Enfin, West Ham possède une belle force de frappe offensive avec le très bon Felipe Anderson, Antonio ou encore l’autre principale recrue en provenance de Francfort, le Français Sébastien Haller. Reste encore à savoir comment Manuel Pellegrini compte organiser son milieu de terrain et son attaque lorsque tous les joueurs de son effectif seront aptes à jouer.

Du côté de Leicester, on prend les mêmes et on recommence. L’équipe de Brendan Rodgers, récemment arrivé du Celtic, devrait évoluer en 4-3-3 cette saison, toujours avec Schmeichel aux cages. On retrouve une charnière assez solide avec Evans et Söyüncü, une paire de latéraux très talentueuse et offensive avec le Portugais Pereira et l’Anglais Ben Chilwell, qui était annoncé sur le départ. Au milieu, Ndidi devrait jouer milieu défensif derrière Tielemans et Choudhury, qui sont deux très bons joueurs en devenir. A droite, Leicester s’est arraché les services de l’ancien Magpie, Ayoze Pérez. James Maddison devrait évoluer comme milieu offensif gauche. Il est un des jeunes anglais les plus prometteurs à ce poste, et a effectué une bonne saison l’année dernière, délivrant 7 passes décisives. Pour conclure, l’increvable Jamie Vardy et sa vitesse de pointe devrait selon toute vraisemblance occuper la pointe de l’attaque des Foxes.

Enfin, l’Everton de Marco Silva possède également beaucoup de qualités. Le prometteur Pickford reste dans les buts, avec devant lui une défense centrale qui devrait être composée de l’ancien Mancunien Keane et de Mina, tandis que Coleman sera en concurrence avec Sidibé pour le poste de latéral droit. Digne sera quant à lui le latéral gauche titulaire, après avoir effectué une très bonne saison l’année dernière. Au milieu, le Français Morgan Schneiderlin devrait être associé à André Gomes dans un double-pivot, avec Fabian Delph comme back-up. L’Islandais Gylfi Sigurdsson devrait occuper le poste de numéro 10. Enfin, reste également à savoir comment Marco Silva compte organiser son attaque, mais une chose est sûre, il possède beaucoup d’options : les Brésiliens Richalison et Bernard, ou encore les anciens Gunners Theo Walcott et Alex Iwobi pour les ailes. Moise Kean et Calvert-Lewin devraient se disputer le poste d’attaquant de pointe, alors que Tosun est actuellement en partance, le mercato anglais n’étant pas encore fini en ce qui concerne les départs.

Comme nous venons de le voir, ces clubs disposent donc d’énormément de qualités, avec des effectifs s’étoffant de saisons en saisons. Si le titre devrait vraisemblablement une nouvelle fois se jouer entre les ogres Liverpool et Manchester City, rien n’est moins sûr concernant les places européennes, et ces nouveaux clubs émergeants pourraient bien avoir un gros coup à jouer cette saison. Si du côté du nord de Londres, Arsenal et Tottenham ont réalisé de très bons mercatos en renforçant des postes clés, et semblent être les candidats les plus crédibles pour les troisième et quatrième places, rien n’est moins sûr concernant les cinquième et sixième place du classement. En effet, si United a très récemment étrillé Chelsea sur le score de 4 à 0, cette victoire est à relativiser. Les Red Devils semblent plus costauds défensivement après les arrivées de Maguire et de Wan-Bissaka, mais leur saison repose sur plusieurs paris. Offensivement déjà, Lukaku, parti pour l’Inter, n’a pas été remplacé numériquement. Tout repose principalement sur le duo Rashford-Martial, Alexis Sanchez et sur la jeunesse incarnée par Mason Greenwood. Donner de telles responsabilités à des joueurs aussi jeunes est un pari à double-tranchant. Le même raisonnement peut être appliqué au milieu de terrain : l’avenir de Paul Pogba n’est toujours pas assuré, et ne le sera pas avant la fermeture officielle du mercato. D’autres jeunes joueurs auront donc de grosses responsabilités cette saison, notamment Lingard ou encore Scott McTominay qui pourrait prendre une nouvelle dimension. Manchester United compte donc sur sa jeunesse en offrant de grosses responsabilités à ses jeunes joueurs. L’avenir nous dira si ces paris de Manchester United finiront par payer.

Enfin, la saison s’annonce également compliquée pour le Chelsea de Lampard, récemment étrillé 4 à 0 par le Manchester United de Solskjaer, malgré un contenu proposé en première mi-temps plutôt intéressant et encourageant. Orphelin de Hazard, remplacé par Pulisic, les Blues compteront eux aussi sur la jeunesse de joueurs comme Mount, Abraham ou encore Callum Hudson-Odoi dans ce qui sera très certainement une saison de transition. Mais devant l’incertitude générale entourant un Chelsea en reconstruction et victime d’une interdiction de recruter, et un United faisant le pari de la jeunesse, Wolverhampton, Leicester, West Ham ou Everton ont une belle carte à jouer pour tenter de renverser l’équilibre de ce Big Six anglais.

Crédits photos : Ben STANSALL / AFP

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