Alors que la crise entre supporters et pouvoirs publics continue de battre son plein après un début de saison calamiteux, certaines volontés sortent de terre afin de faire des supporters et spectateurs de véritables acteurs d’une rencontre sportive. C’est le cas de la jeune start-up StadiumGO fondée par Romain Lauvergnat et son équipe. Objectif premier : permettre aux supporters de se rendre au stade et de suivre leurs équipes favorites, à domicile comme à l’extérieur, en covoiturage. Derrière cette entreprise, de jeunes passionnés ayant arpenté de nombreux stades aux quatre coins du monde et souhaitant réinventer la fameuse « expérience spectateur » à leur sauce. Entretien.
Quand Romain Lauvergnat raconte ses premiers souvenirs dans un stade, du Vélodrome au Stade Léon Bollée, en passant par l’Abbé Deschamps, difficile de ne pas croire que tout était tracé depuis bien longtemps. Issu d’une famille de passionnés, il est rapidement tombé dans le groundhopping, ce phénomène qui consiste à aller « collectionner » les stades. Un véritable mode de vie, par amour pour le foot : « Le football se vit, il ne se regarde pas. Le stade est l’endroit par excellence où la passion s’exprime pleinement sans limites, comme si le temps s’arrêtait pendant 90 minutes ».
Fatalement, au cours de ses périples, Romain se rend compte d’une chose : vivre sa passion a un coût. Alors Romain covoiture pour se rendre au stade au gré de ses pérégrinations mais le football et sa culture attenante, ça ne se vit pleinement qu’avec des initiés. En 2014, Romain, alors étudiant, construit son projet de fin d’études autour d’un concept appelé EasyFoot. Les prémices de StadiumGO.
Jeune et ambitieux, mais pas vicieux
Les années passent et l’envie d’entreprendre grandit pour le jeune parisien. Alors Romain se forme, chope des billes en RH, en compta, en droit. Et StadiumGO prend forme : « Monter une boîte est de loin l’aventure la plus enrichissante et formatrice qui puisse exister dans la vie active. Cependant, tout n’est pas si simple et c’est un perpétuel apprentissage. Je n’étais pas destiné à créer mon entreprise, c’est quelque chose qui a évolué avec le temps. Comme une envie de partir à l’aventure et vivre de ma passion ». Dans cette aventure, il n’est pas seul et ne tarit d’ailleurs pas d’éloges sur ses collègues : « Nous avons la chance d’avoir des compétences complémentaires au sein de l’équipe qui s’étendent du développement web au marketing en passant par le graphisme et bien d’autres. C’est génial parce que ça nous permet d’avoir une vraie force en interne pour développer sereinement StadiumGO. »
Depuis plusieurs semaines, l’application StadiumGO est disponible sur l’Apple Store et le Play Store. Des mots de son créateur StadiumGO « c’est l’expérience d’un covoiturage entre passionné(e)s pour suivre son club de cœur à travers la France. S’il ne devait y avoir qu’un seul objectif pour nous, cela serait de rendre le stade accessible au plus grand nombre à travers un outil simple et sécurisé. » D’où son slogan « Tous au stade ! ». L’application a pour elle de permettre une accessibilité totale : arriver au pied du stade, et généralement, vivre le trajet retour dès le coup de sifflet final. En l’état, chaque supporter inscrit peut proposer un trajet, selon des critères classiques : match concerné et ville/horaire de départ. Simple, basique.
https://twitter.com/stadiumgo_/status/1165232320451883009
Alexandre a testé l’appli la semaine passée pour le match Marseille-Rennes. Il confirme son efficacité redoutable : « On était trois collègues partant de Nice pour se rendre au Vélodrome. On voulait remplir la voiture. Deux autres supporters olympiens nous ont rejoints et on a vécu les trajets aller-retour ensemble, à s’imaginer puis débriefer la rencontre. »
Quand les clubs s’emparent du phénomène
Depuis le 16 août dernier, l’appli recense 2000 téléchargements, 1000 utilisateurs et 200 trajets proposés. Mieux, de futurs partenariats laissent croire que ce n’est que le début. « Nous travaillons déjà avec la Ligue de Football Professionnel, grâce à qui nous proposons aujourd’hui sur l’application les championnats de Ligue 1 Conforama, Domino’s Ligue 2 et Coupe de la Ligue BKT. Nous discutons également avec un certain nombre de clubs français sur des problématiques liées à la mobilité et l’accessibilité au stade, et espérons pouvoir fédérer le plus grand nombre. »
https://twitter.com/nimesolympique/status/1174968442622898176
Conscient qu’il faudra l’implication de tous les acteurs pour faire avancer, Romain lance un message aux instances, aux clubs, à la fédération : « Rencontrons-nous et échangeons sur ces sujets ! Il est pour nous essentiel de travailler main dans la main afin d’offrir de nouvelles solutions de mobilité dédiées aux supporters. »
Moins de Co2, plus d’autorisations de déplacement
Les supporters oui, mais le jeune chef d’entreprise met également l’accent sur une autre question qui revêt une importance à ses yeux : l’écologie. « C’est un paramètre non négligeable qui nous tient à cœur et qui colle à une actualité climatique délicate. Les déplacements de supporters représentent une importante émission de gaz à effet de serre qui mérite de nouvelles solutions de mobilité dédiée. Il nous tient à cœur de mettre l’accent sur cette dimension et de mobiliser l’ensemble des acteurs du sport face à ces problématiques environnementales.»
A ce titre, le football pourrait ne pas être la seule discipline proposée sur l’application, le handball, le basket et le rugby étant actuellement à l’étude. Romain s’imagine même déjà proposer des trajets autour des deux prochains grands événements sportifs en France : la Coupe du Monde de rugby 2023 et les JO 2024. Mais demain c’est loin. D’ici là, la question des interdictions sera peut-être réglée ou a minima débattue par les décisionnaires.