La “missione di salvataggio” de Ranieri à la Sampdoria

Le club historique de la Sampdoria Gênes est relégable. Une situation invivable pour les fidèles supporters du club. Après un début de saison catastrophique, Claudio Ranieri est arrivé en Ligurie pour endosser le rôle de sauveur. Reportage sur place.

Dans les travées du Stadio Luigi Ferraris, les supporters de la Sampdoria sont unanimes : Claudio Ranieri est l’homme de la situation. Au cœur de la Curva Sud, où résident certains des plus anciens clubs de supporters du championnat italien, les tifosis sont soulagés. Sous les nombreux drapeaux qui flottent dans la tribune, Marco est un fidèle du club depuis son enfance. « Claudio Ranieri est le coach qu’il faut pour la Sampdoria et la Serie A », assène-t-il. « Le plus gros problème vient de Massimo Ferrero », ajoute Marco.

Ils sont nombreux à pointer du doigt le président de la Sampdoria. Depuis plusieurs années, le climat est tendu en interne. Ferrero est accusé de s’être directement servi dans la caisse du club et l’a, depuis peu, mis en vente. Vêtue de son maillot et d’une écharpe aux couleurs du club, Virginia estime que « le président n’a pas l’argent pour gérer un club de Serie A. »

Cet été, le club doriano a perdu une partie des joueurs qui étaient les artisans de la belle saison 2018/2019. Joachim Andersen, leader défensif de l’équipe, a rejoint l’Olympique Lyonnais, le jeune Dennis Praet s’est envolé pour Leicester et le buteur français Grégoire Defrel est revenu de prêt à Sassuolo. Ajoutez à cela les joueurs dont les prêts n’ont pas abouti, à l’image du Napolitain Lorenzo Tonelli ou de Riccardo Saponara. Pour tenter de garder l’effectif de la saison passée, le président Ferrero et ses sbires ont réinvesti les revenus des transferts dans les joueurs prêtés au club. La Sampdoria a ainsi payé le prix fort pour convertir le prêt du gardien de la Juve, Emil Audero, en transfert, environ vingt millions d’euros. Les bonnes saison de Jakub Jankto ou Alex Ferrari ont été récompensées par des transferts définitifs.

Sous l’égide d’Eusebio Di Francesco, le remplaçant de Marco Giampaolo parti à l’AC Milan après trois bonnes saisons en Ligurie, le nouveau collectif ne s’est pas trouvé. Des résultats catastrophiques corrélés à une instabilité tactique : six défaites en sept rencontres. L’ancien entraîneur de la Roma n’a jamais aligné le même système tactique ou le même onze sur cette période.

Fin octobre, Claudio Ranieri est arrivé dans la peau du sauveur de la Sampdoria, alors dernière de Serie A, après l’éviction logique de Di Francisco. L’entraîneur italien a connu des expériences mitigées depuis son départ de Leicester, oscillant depuis entre Nantes, Fulham puis l’AS Roma. Aujourd’hui à Gênes, Ranieri est satisfait de son arrivée : « Je pense que je suis un entraîneur européen qui aime les défis. La Samp’ est un grand club. Je suis très content d’être ici. »

Un effectif avec des carences

Marquer. C’est une tâche très compliquée du côté de Gênes. Avec seulement sept buts en onze journées, le club doriano est la pire attaque du championnat. Le week-end dernier face à l’Atalanta (0-0), on a une nouvelle fois pu constater les lacunes de l’équipe sur le plan offensif. Et pourtant, Fabio Quagliarella, le buteur historique de la Sampdoria, a fini meilleur buteur du championnat la saison passée (26 réalisations). « Mais il se fait vieux », lance Teo, pourtant fan du joueur.

Contre une défense de Bergame compacte, l’attaquant de 36 ans est bien trop souvent seul, pris en tenaille par deux ou trois défenseurs. Frederico Bonazzoli, réclamé par les supporters, devient match après match le pendant offensif de Fabio Quagliarella. Gianluca Caprari et Manolo Gabbiadini sont également des options sur le front de l’attaque, mais rien n’est encore figé.

L’arrivée de Claudio Ranieri n’accélère pas les choses. Le coach italien est réputé pour ses nombreux changements tactiques. Son onze de départ est constamment en mutation. Le 4-3-1-2, brièvement utilisé à son arrivée, s’est transformé en 4-4-2. Un système classique qui repose sur un bloc défensif compact. Les deux lignes arrières sont très proches l’une de l’autre. « Il a trouvé une certaine stabilité défensive avec ce système. Cela donne à la Sampdoria de la sécurité, de la force et du courage. Car les joueurs manquaient de confiance », analyse Riccardo Re, journaliste à Sky Sports.

Le projet est clair. Claudio Ranieri ne veut pas encaisser de buts et jouer en contre-attaque. « La majorité des gens pensent que l’attaque est le problème. Mais quand on arrive dans un club, on essaye de résoudre le problème en commençant par la défense », poursuit Riccardo Re. L’effectif reste limité, mais le coach italien peut s’appuyer sur des pièces importantes à l’image de Albin Ekdal et Omar Colley.

Quel futur pour la Samp ?

L’arrivée de Claudio Ranieri a été vécue comme un électrochoc pour réveiller une équipe en perdition. En cinq rencontres sous sa houlette, la Sampdoria a engrangé six points sur quinze possible. Un bilan mitigé, mais positif au vu du contexte. Le très charismatique entraîneur italien peut être l’homme de la situation pour sauver le club cette saison. Mais quid du projet à long terme ? De nombreux tifosi se posent la question, d’autant plus que la présidence est critiquée.

Côté terrain, Claudio Ranieri n’a pas encore fait oublier le début de saison catastrophique. Les sifflets qui ont retenti dans le Stadio Luigi Ferraris après le 0-0 contre l’Atalanta sont là pour lui rappeler que rien n’est fait. Pour conquérir le cœur des supporters, le derby della Lanterna face au grand rival, le Genoa (17e), le 14 décembre prochain s’annonce crucial. Tant historiquement que sportivement.

À Gênes,

Hugo Metreau et Jean Uminski

Photo crédits : Lapresse/Iconsport

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