L’ouragan « Licence » a frappé la Jupiler Pro League

Ce mercredi, la Commission des licences de la Fédération Belge de football a attribué les licences qui permettront aux équipes professionnelles de continuer à évoluer en D1A la saison prochaine. Si la plupart des équipes majeures de Jupiler Pro League l’ont obtenue, le recalage du Standard de Liège a résonné comme un véritable coup de tonnerre dans l’univers du foot belge. Si les Liégeois sont au centre de toutes les discussions, ils ne sont pas pour autant les seuls en danger…

Que s’est-il passé ?

L’annonce faite ce mercredi a eu l’effet d’un ouragan terrassant le Standard de Liège, le KV Oostende et l’Excel Mouscron. Ces trois équipes de Jupiler Pro League n’ont pas obtenu leur licence et se voient sous la menace d’une rétrogradation en D2 Amateur (équivalent d’une D4). Si du côté d’Ostende et de Mouscron on sentait déjà le vent souffler en sa défaveur, c’était inattendu du côté de Sclessin. Mais quelles en sont les causes ?

Les raisons ont rapidement été communiquées par Kevin Sauvage, journaliste sportif de la DH, spécialisé dans l’actualité du club du bord de Meuse. Il nous apprend donc que deux choses sont reprochées au Standard de Liège. La première étant que le Standard n’a pas fourni les preuves de paiement des primes de certains joueurs dans les délais requis. En plus de cela, le Standard compte vendre son stade à une nouvelle société immobilière « Standard de Liège » comprenant de multiples investisseurs, notamment l’ancien joueur emblématique de la maison, Axel Witsel, afin d’avoir les fonds nécessaires pour entreprendre la rénovation du stade. La commission reproche au club liégeois le manque de documents prouvant que la société immobilière dispose de suffisamment de revenus pour entreprendre ce projet.

Du côté du club, un communiqué a rapidement été publié dans lequel il marque son désaccord complet avec cette décision : «Notre club conteste donc vigoureusement cette décision inique et ira défendre ses intérêts devant la Cour Belge d’Arbitrage pour le Sport.» Le Standard souligne la mauvaise interprétation de la commission au sujet de la vente du stade, étant donné que le document fourni « portait les signatures des acheteurs et vendeurs et les engage de manière irrévocable ». Ce document prouverait donc que le stade de « projet » a déjà largement été dépassé. Le club compte également fournir les documents prouvant le paiement des primes des joueurs. Le Standard se dit scandalisé par cette décision et compte donc bien se défendre devant la CBAS.

Le Standard rétrogradé, imaginable ?

Du côté des supporters, il y a deux écoles. Certains sont profondément inquiets quant au sort de leur équipe et sont en colère envers la direction « Rouche » pour avoir fait preuve d’autant de laxisme. D’autres demeurent confiants et sont persuadés que leur club obtiendra gain de cause devant la CBAS. Le toujours très bien informé Kevin Sauvage semble être de cet avis, après avoir déclaré que, selon lui, le scénario dans lequel le club serait rétrogradé semble peu envisageable.

Si d’un point de vue sportif et historique, la vision du Standard en D2 Amateur est inimaginable, l’aspect financier vient encore plus renforcer ce sentiment. Le Standard de Liège est l’un des clubs les plus populaires de Belgique et génère énormément d’argent. Que ce soit au niveau des autres clubs (accueillir le Standard rempli généralement le stade) ou des droits TV (sans le Standard, énormément de grosses affiches disparaîtraient). Sans le Standard, plus de classico, de derby wallon, d’affrontement avec le « Standard B » de l’Antwerp… Ces matchs attirent énormément de téléspectateurs et faire une croix dessus aurait un coût significatif. De plus, des émissions très suivies par un public wallon, comme «La Tribune», perdraient des téléspectateurs suite à l’absence du plus grand club wallon. Tout le monde aurait donc beaucoup à perdre. Thomas Peeters, économiste belge du sport à l’université de Rotterdam, est également de cet avis comme il l’a déclaré chez « Het Laatste Nieuws » : «Il n’est pas crédible d’envoyer le plus grand club wallon au niveau amateur et ainsi couper 40 % du marché de la télévision. La peine est si absurde qu’elle ne s’applique pas dans la pratique.»

Si tout porte à croire que le Standard obtiendra gain de cause, cette affaire permettra peut-être aux dirigeants liégeois de prendre conscience de certaines de leurs erreurs et d’être plus vigilants à l’avenir. La décision de la CBAS sera rendue le 10 mai, au plus tard, et plus aucun retour en arrière ne sera possible.

Qu’en est-il des autres clubs ?

Du côté Mouscronnois, c’est un budget de crise qui sera présenté en appel. Le club hennuyer était conscient du manque de liquidités dont il disposait, mais à cause de la crise actuelle, il a été impossible de trouver les partenaires nécessaires à la survie du club. D’un autre côté, ce dernier est toujours soupçonné de blanchiment d’argent par l’intermédiaire d’un agent, proche de celui qui tirerait les ficelles en coulisse. Une enquête est en cours et l’issue pourrait porter le coup fatal à l’Excel.

À Ostende, on est assez remonté. La licence n’a pas été obtenue par manque de fonds financiers. Ostende comptait sur leur investisseur américain « PMG » pour augmenter leur capital, mais ce dernier s’est finalement retiré des négociations. Le club de la côte pointe du doigt leur ancien propriétaire et actuel propriétaire d’Anderlecht : Marc Coucke. L’intéressé aurait toujours une influence significative dans la gestion d’Ostende et serait la raison pour laquelle PMG s’est retiré. Le club compte également se défendre en appel et compte aussi contester la licence obtenue par Anderlecht, licence qui, selon les rumeurs, risquait déjà de ne pas leur être accordée. Le KVO pourrait également rejoindre le club de Virton, évoluant en D1B (équivalent d’une D2), qui n’a pas non plus reçu sa licence et compte contester cette décision devant le CBAS, pointant le «caractère discriminatoire» des conditions d’obtentions de la licence.

Même si le championnat est arrêté, la Jupiler Pro League est loin d’avoir fini de faire parler d’elle. Les prochains jours seront déterminants et des surprises ne sont pas à exclure…

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Jeune Belge étudiant le journalisme à l'IHECS (Bruxelles).