Autrefois inexistantes, les relations entre le Paris Saint-Germain et l’Allemagne se sont développées et accélérées ces dernières années. Sous l’impulsion, notamment, de l’entraîneur parisien Thomas Tuchel.

L’histoire d’amour entre le Paris Saint-Germain et les Sud-Américains est connue de longue date. Raï, Ronaldinho, Cavani ou Thiago Silva ont écrit l’histoire du club, qui entretient une relation privilégiée avec les joueurs et populations d’Amérique du Sud. Mais une autre histoire d’amour est en train de s’écrire, moins passionnelle et beaucoup plus conflictuelle certes, mais certainement prometteuse : celle du club parisien avec l’Allemagne.

Au premier abord, cette relation est loin d’être évidente : seuls quatre joueurs allemands ont porté le maillot bleu et rouge. Le premier d’entre eux, Christian Wörns, ne s’est pas inscrit dans la continuité, malgré de jolies statistiques lors de la saison 1998-1999 (33 matches joués, 2 buts et 6 passes décisives). Le défenseur central était même titulaire lors de la victoire en trophée des champions face au RC Lens (1-0). Il a ensuite fallu attendre 16 ans pour voir un deuxième Allemand rejoindre le PSG : le gardien Kévin Trapp. Alors âgé de 25 ans, il signe en provenance de l’Eintracht Francfort et marque le début d’une tendance nette qui s’est renforcée depuis. Championnat attractif où les jeunes joueurs à fort potentiel pullulent, la Bundesliga devient un terrain propice aux transactions intéressantes pour les décideurs parisiens. Et ce, dans les deux sens.

La Bundesliga friande des « titis » parisien

Côté arrivées, le PSG a continué de prospecter en Allemagne, avec trois recrues majeures : Julian Draxler à l’hiver 2016-2017, Thilo Kehrer à l’été 2018, mais surtout Thomas Tuchel, le même été. Le recrutement du technicien allemand est certainement à l’origine de celui du jeune défenseur polyvalent et met en avant un phénomène récent et particulièrement inédit : l’attractivité des entraîneurs allemands. Après Jürgen Klopp à Liverpool, Tuchel est le deuxième coach d’outre-Rhin à rejoindre un top club européen, alors que Domenico Tedesco est parti s’aguerrir au Spartak Moscou et que Julian Nagelsmann ou Florian Kohfeld s’installeront certainement sur le banc d’un prétendant à la Ligue des Champions dans les années à venir. Un phénomène que le PSG observe de près.

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Mais c’est surtout pour vendre ses « titis » que Paris entretient de régulières relations avec la Bundesliga, profitant de l’intérêt des clubs allemands pour les jeunes pousses parisiennes. Un intérêt que confiait Ralf Rangnick, head of sports de Red Bull et alors entraîneur du RB Leipzig : « Tous les joueurs que nous avons recrutés en France apportent un bon mélange de puissance physique, de vitesse, de dynamisme, d’explosivité, mais aussi avec une bonne technique. Ils ont une bonne conduite de balle parce qu’ils ont appris à jouer et à taper dans la balle dans la rue. Nous recherchons des joueurs qui ont cette culture du football de rue, avec une bonne technique et une bonne formation tactique », expliquait-il en référence à Dayot Upamecano ou encore Jean-Kévin Augustin.

L’empire contre-attaque

Paris a su se servir de cet intérêt pour rentrer dans les clous du fair-play financier. Les transferts de Moussa Diaby (Leverkusen, 15 M€), Christopher Nkunku (Leipzig, 13 M€) et Jean-Kévin Augustin (Leipzig, 16 M€) le prouvent. Il est fort à parier que le club de la capitale continuera de valoriser son centre de formation de la même façon à l’avenir, à condition de ne pas céder ses pépites gratuitement. Les départs de Dan-Axel Zagadou pour Dortmund en juillet 2017 et, plus récemment, de Tanguy Kouassi pour le Bayern Munich, traduisent la volonté agressive des clubs de Bundesliga pour les jeunes Français. Carsten Cramer, managing director du Borussia Dortmund, nous confiait à l’automne dernier avoir « mis un focus particulier sur la région parisienne dans [leur] stratégie de scouting. »

Un constat qui a amené le PSG à en faire de-même : en juin 2019, le club francilien a officialisé l’ouverture d’une « Paris-Saint-Germain Academy » à Düsseldorf. Une première académie qui en appelle d’autres, puisque le projet prévoit d’en ouvrir plusieurs dans les années à venir. Une façon de s’implanter sérieusement dans la région de la Ruhr, considérée comme un énorme vivier de talents. En analysant les régions d’origine des joueurs des clubs qualifiés pour les huitièmes de finale de la Ligue des champions 2018-2019, l’Equipe avait compté 24 franciliens et 14 joueurs nés dans la Ruhr, de quoi en faire la deuxième région la plus prolifique de ce classement, devant celles de Sao Paulo ou de Madrid.

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Une nouvelle pourtant extrêmement mal accueillie par nos voisins. « Tuchel veut voler nos talents ! » titrait alors Bild, le plus gros journal allemand. Une opposition ferme qui a forcé l’ancien joueur de Fribourg et actuel représentant de l’académie, Ranisav Jovanovic, de défendre le projet parisien. L’académie devrait « venir en complément des clubs de football, où les jeunes s’entraînent déjà deux fois par semaine », sans pour autant cacher son objectif : se donner plus de chances de dénicher « le talent du siècle ». Avec 810 enfants de 6 à 16 ans inscrits dès l’inauguration de l’académie, nul doute que cette opération est un succès. Reste à savoir quand le PSG offrira un contrat pro à une pépite allemande, ou plusieurs, pour que l’affaire devienne véritablement une histoire d’amour.

Par Romain Bougourd (@RomainBougourd)

Crédit Photo : IconSport

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