France-Ukraine 2013, l’ivresse au pouvoir

Alors que la France et l’Ukraine se retrouvent ce mercredi soir (21h10) au Stade de France pour un match amical, impensable de ne pas en profiter pour revivre cette merveilleuse soirée de novembre 2013, celle d’un barrage retour qualificatif à la Coupe du Monde, et désormais considéré comme acte fondateur de l’aventure des Bleus de Didier Deschamps jusqu’au sacre à l’été 2018. Récit.

Le 19 novembre 2013, personne n’eût de peine pour l’Ukraine, encore moins ces milliers de supporters, pressant le pas sur le parvis de la gare RER du stade de France, La Plaine. Le 19 novembre 2013, l’histoire de l’équipe de France a basculé, son destin aussi, et le pays s’est mis à chavirer, le temps d’une nuit. Doit-on remercier Roman Zozulya et Andriy Yarmolenko – les deux seuls buteurs ukrainiens du barrage aller à Kiev (2-0) – de nous avoir offert l’un des scénarios les plus renversants de l’histoire de notre sélection, si ce n’est le numéro un ?

«À une heure du coup d’envoi, le stade était rempli à 80%»

Sept ans plus tard, le souvenir est encore vif, plein, perçant. «J’en ai encore des frissons», raconte Gaspard, privilégié des travées de l’enceinte de Saint-Denis, qui avait pris ses places «avant le match aller», pensant que cette rencontre serait une «formalité». Une formalité qui s’est rapidement muée en nécessité, celle de faire honneur à une sélection encore meurtrie de son passage en Afrique du Sud trois années plus tôt. Plutôt excitant sur le papier, finalement.

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Et bien loin de ses ambiances trop souvent quelconques, le stade de France s’est emporté. «Il y a une mobilisation inhabituelle du public», glissait un certain Arsène Wenger juste au coup de sifflet de la rencontre. Élémentaire, mon cher Arsène ! Il faut dire que les 77.098 supporters présents au stade de France avaient mis leurs cordes vocales des grands soirs. «À une heure du coup d’envoi, le stade était rempli à 80%, se rappelle William, habitué des matches des Bleus. D’habitude, les gens arrivent à 20h45 pour ne pas se taper toutes les publicités.»

C’est finalement les publicités qui ont dû se taper les supporters, drôle de concept,  il est vrai. «De la fin de l’échauffement au coup de sifflet final, tout le monde était debout», retient Nicolas, qui honorait son premier match de l’équipe de France au sein de l’enceinte dionysienne. «Deux, trois personnes ont gueulé parce qu’on était debout mais on ne les a rapidement plus entendues», confirme Gaspard.

Peur, espoir, excitation

De leur côté, les onze joueurs alignés par Didier Deschamps pour ce barrage retour avaient mis leurs… crampons des grands soirs ! Avec l’obligation suivante : battre l’Ukraine par au moins trois buts d’avance pour décrocher sa place à la Coupe du Monde au Brésil.

Si l’idée de ce papier n’est pas de refaire le commentaire de la rencontre, «le scénario du match a fait que cette folie dans les tribunes était possible», explique Nicolas, qui visualise encore la célébration de Mamadou Sakho juste devant lui : «C’était vraiment la folie, je me souviens de l’état de transe des supporters.» 1-0, puis 2-0, et là, «on est passé de la peur à l’espoir, puis à l’excitation folle», reprend Nicolas.

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Vue prenante sur le banc des Bleus, William se rappelle : «En général, les joueurs ne sortent pas un pied du banc. Sur le deuxième but, c’était l’explosion. Ça m’a vraiment marqué.» Avant la libération finale, au coup de sifflet de l’arbitre slovène Damir Skomina. «J’ai pris dans mes bras des gens que je ne connaissais absolument pas. Tout le monde se cassait la gueule en tribunes», s’émerveille encore Gaspard.

Alors que les Bleus s’apprêtent à recevoir l’Ukraine ce mercredi soir dans un stade de France enlevé de ses supporters, COVID-19 oblige, il relevait de notre devoir de mémoire de faire revivre ce qui sera probablement l’acte fondateur de la conquête des Bleus vers le sacre ultime à l’été 2018.

Crédit photo: Fred Porcu / Icon Sport

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