Grenade, pour l’histoire

Grenade a connu deux moments historiques marquants : le premier en 1987, quand Diego Maradona revêtit la chemise rouge et blanche pour donner la victoire au club andalou dans un amical contre Malmö. Le second lorsque Granada s’est qualifié pour les phases finales de la Ligue Europa, en battant justement, ce même club de Malmö. 

Ce jeudi soir (18h55), les Granadinos affrontent le PSV Eindhoven pour leur premier match en Coupe d’Europe. Retour sur un club au passé tumultueux, qui tutoie désormais les sommets…

Grenade, un passé entre galères et remontées

Un récit qui débute pourtant bien mal, quand on lit l’histoire récente du club. Grenade, qui avait connu ses plus belles heures dans les années 70, était aussi descendu très bas dans les années 2000. Passé de la Tercera (4e division espagnole) en 2002 à la Liga en 2011, le club revit. Grâce notamment à un changement de statut, qui permet au propriétaire de l’Udinese d’investir dans le club et d’effacer ses dettes. Et au Barça B. Là encore, drôle d’histoire.

Arrivé en 2e division à la saison 2010-11, ils finissent le championnat à la 5e place, les 4 premières étant qualificatives pour les play-offs de montée. Mais le Barça B occupait un de ces 4 spots, et comme il est interdit pour un club d’avoir sa filiale dans la même division que son équipe première (ici la Liga), les petits de la Masia sont disqualifiés d’office. Et ce spot revient donc aux rojiblancos. Le 18 juin 2011, à l’issue de ces playoffs, Grenade qui élimine Elche retrouve la Primera, pour la 1e fois depuis 35 ans. Fait historique, ils sont montés de la 3e à la 1e division en 2 saisons. Comme Malaga en 1999.

De retour en Liga, l’effectif ne change pas énormément, volonté de l’Udinese. Fin de la saison 2011-12, la première en Liga, le club andalou se sauve de peu, à la dernière journée. Bien aidés par l’Atlético qui se charge de faire descendre Villarreal plutôt que les nouveaux promus. Une histoire qui se répète. Chaque saison, jusqu’à leur retour en Segunda en 2017, se jouera dans les toutes dernières journées. Mais entre temps, le club se maintient et fait venir du beau monde : Ighalo, Mikel Rico, Brahimi, El-Arabi, Nolito, Rochina, Isaac Cuenca ou encore Adrian Ramos… Du beau monde que l’on retrouve (pour certains) encore en Liga aujourd’hui. Même si aucun ne joue encore pour le club rojiblanco. Un Français a suivi l’évolution de Grenade entre 2011 et 2017, et est retourné au club depuis, en janvier 2020 : Dimitri Foulquier. Formé à Rennes, il est de la génération 93 qui remporte la Coupe du monde U20 en 2013. Fait marquant : Granada a battu le FC Barcelone 1-0 à domicile, lors de la 33e journée de Liga de la saison 2013-2014. But de Brahimi. Un match qui restera gravé dans les mémoires des supporters.

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Ensuite, le club vacille, finissant toutes ses saisons entre la 15e et la 17e place. En 2016, le club est racheté par Link International Sports Limited, une société chinoise du groupe Desports. Jiang Lizhang est le nouveau propriétaire du club, ayant racheté une participation majoritaire pour 37M. Il est également co-propriétaire des Minnesota Timberwolves en NBA, et détient 60% de Parma Calcio 1913. Le club, qui jusque là avait enchainé les coachs au gré des résultats sportifs, vise Jorge Sampaoli. Il ira pourtant à Séville et c’est Paco Jemez qui prendra les rênes de  Grenade en juin 2016… pour 6 matches. Une saison et 3 entraineurs plus tard, Granada descend en Segunda. 

Un ticket historique pour l’Europe

Après deux petites saisons en 2e division, une première significative de grands changements, la seconde qui va confirmer la force du club, Grenade retrouve la Liga en 2019. Avec un effectif globalement maintenu, le club commence sa saison de la meilleure façon possible. Après 10 journées de Liga, les Andalous se classent premiers. Une première depuis 46 ans. Et grâce à des victoires comme celle contre le FC Barcelone à domicile. Victoire 2-0. Un début de saison remarquable, que personne n’avait vu venir.

En Coupe du Roi, le club épate tout autant. Si jusqu’aux quarts de finale ils n’affronteront que des équipes de 3e division, ils affronteront Valencia à domicile, pour une place en demies. Valencia, ancien vainqueur de la compétition en 2019. Le nouveau format de la compétition, sur un seul match à élimination directe, leur permet d’éliminer l’équipe Che à domicile (2-1) et d’obtenir un ticket pour la suite. Les demi-finales de Copa del Rey. Une première pour le club depuis 51 ans. Et l’on est déjà sur une saison historique pour un club qui retrouve tout juste la Primera.

Dans le dernier carré, ils affrontent l’Athletic Bilbao, cette fois-ci en format aller-retour. Alors que les Basques l’emporte 1-0 à San Mames, les Rojiblancos mène eux 2-0 à Los Carmenes, mais ce diable de Yuri Berchiche vient inscrire le but du 2-1. Règle des buts à l’extérieur oblige, Grenade  échoue aux portes de la finale. Une finale qui ne s’est d’ailleurs toujours pas jouée entre la Real Sociedad et l’Athletic…

Bref. Retour à la Liga. Ou pas. Puisqu’après ces matches de Coupe, on est déjà début mars. Et le 8 mars, Grenade affronte Levante (1-1), pour ce qui sera le dernier match avant un long moment. La pandémie sème le doute dans l’effectif andalou, si bien placé après avoir joué les 2/3 de la saison. La peur que cet arrêt des compétitions viennent casser la dynamique. Granada est 9e de Liga, à quelques points de la 7e place, potentiellement qualificative pour la Coupe d’Europe…

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Après des ajustements économiques en interne liés à la pandémie, Grenade  peut reprendre la Liga, comme ses autres petits camarades. Un marathon s’engage alors, 11 matches en un mois, avec des matches tous les 3 jours. Premier match pour Grenade face à Getafe le 12 juin. Une remontada. Alors qu’ils perdaient 0-1, ils emportent le match 2-1. Et l’espoir renaît. Les Rojiblancos sont lancés, et continuent leur grande ascension vers le sommet de la Liga. Après d’importantes victoires contre la Real Sociedad et Majorque, Grenade atomise l’Athletic Bilbao 4-0 lors de la dernière journée et termine 7e de Liga. Déjà une saison historique puisque l’équipe n’avait pas fini aussi bien classée depuis 1973. 

Mais elle l’est d’autant plus que cette 7e place est qualificative pour les tours préliminaires de la  Ligue Europa. Et c’est la première fois de son histoire que Granada jouera une Coupe d’Europe. De promus à qualifiés pour la Ligue Europa en une seule saison, avec l’un des plus petits budgets de Liga. L’histoire est belle…

Une équipe qui laisse rêveur

Fraichement européenne, l’équipe andalouse se renforce à l’intersaison. Certains joueurs, déjà présents au club la saison passée en prêts comme Dimitri Foulquier ou Maxime Gonalons, signent définitivement au club. Jorge Molina, arrivé libre de Getafe, viendra aussi ajouter son expérience européenne à l’effectif. Luis Milla débarque de Tenerife, où il avait impressionné toute la saison en Liga Smartbank. Jesus Vallejo déjà prêté la saison précédente par le Real Madrid reste avec les Nazaries. Alberto Soro, lui aussi du Real, rejoint le club le 1er septembre. Et Kenedy, l’ailier gauche brésilien de Chelsea rejoint le club juste avant le début de leur campagne européenne.

Après des débuts compliqués en Liga (2 défaites, un nul, une victoire), Grenade affronte le Teuta Durres en Albanie, lors du 2e tour de qualification de la Ligue Europa. Une victoire 4-0 sans appel, qui les laisse accéder au tour suivant, le 24 septembre. Match à domicile cette fois-ci, une semaine après le précédent. Les Andalous affrontent le Lokomotiv Tbilisi, un club géorgien, qui subira le même sort que les Albanais. Victoire 2-0, et un ticket en poche pour les barrages de la Ligue Europa.

Et c’est donc cette fameuse équipe de Malmö, déjà historique pour les Rojiblancos, qui sera le dernier adversaire avant l’accession aux phases de groupe. Victoire 3-1 en Suède, et des buts de Machís et Antonio Puertas, présents au club depuis un bon moment… Ce soir de 1er octobre 2020 a un parfum d’histoire, une histoire qu’il ne reste qu’à écrire, dans un club qui découvrira cette compétition ce soir face au PSV.

De retour de Suède, 2 nouvelles recrues viennent boucler l’effectif. Luis Suarez de Watford, l’attaquant colombien tant convoité, qui a fait les beaux jours de Saragosse la saison passée. Et Nehuen Perez, défenseur argentin prêté par l’Atlético de Madrid, après que le club de Simeone leur ait infligé 6-1 entre 2 matches de qualif’. Depuis, Grenade continue son parcours en Liga, l’emportant d’ailleurs 1-0 le week-end dernier face au Séville FC. Aujourd’hui 6e de Liga avec un match de retard, l’équipe semble suffisamment solide pour enchainer entre matches européens le jeudi et championnat le week-end. Évoquée par Omar Da Fonseca sur notre chaîne YouTube comme l’équipe à suivre cette saison en Liga, elle sera donc aussi à suivre en Ligue Europa.

Sa poule composée du PSV, du PAOK et d’Omonia (club chypriote) les obligera à beaucoup voyager, en espérant que la fatigue n’empiète pas sur le jeu proposé. Parce que côté terrain, l’équipe avec son milieu très dense (4-1-4-1 ou 4-2-3-1) propose de belles séquences, avec cette volonté de jeu direct, tourné vers le but adverse. Et c’est une équipe tactiquement au point. Diego Martinez Penas, entraîneur de cette équipe depuis 2018, est aussi appelé «el Chaman» par les supporters locaux.

En effet, permettant à l’équipe de remonter en Liga après une saison et quelques, il est l’homme qui a qualifié les Andalous pour la première compétition européenne de leur histoire. À 39 ans, il est de ces jeunes entraîneurs très pragmatiques, capable de jouer aussi bien avec la possession que sans, en s’adaptant à l’adversaire. Tout en conservant une idée de jeu solide, lui permettant de changer son XI facilement en gardant l’équilibre. À l’aide aussi d’une équipe construite autour de cette idée précise, des joueurs de collectif plutôt que de fortes individualités.

Un collectif fort, des joueurs capables de vous émerveiller comme Luis Milla, Yangel Herrera, Luis Suarez, et un entraîneur qui sait où il va. Voilà de quoi vous régaler en ce jeudi soir à 19h face au PSV. Et comme le dit si bien Omar da Fonseca de cette équipe : «Tu regardes un match, tu t’ennuies très rarement.» À bon entendeur ! 

Crédit photo: Marca / Icon Sport

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