Le FC Metz reçoit Saint-Etienne cet après-midi. Face à une équipe qui reste sur trois revers, les Grenats vont à l’inverse chercher à enchaîner un cinquième match sans défaite. Alors que le club vise encore et toujours le maintien, la blessure d’Ibrahima Niane est certainement la pire chose qu’il pouvait arriver.
«Vous savez dans la vie, je ne pense pas qu’il y ait de bonne ou de mauvaise situation», disait Otis à Panoramix il y a quelques millénaires. C’est d’ailleurs ce même Otis qui a inventé le moyen de transport préféré des Messins, l’ascenseur. Ou plutôt le «sans-efforceur» à cette époque. Habitués à naviguer entre les étages, les Lorrains diront sans hésiter qu’elle existe, cette bonne situation. Celle où, dans le plus parfait des mondes, son club se maintient dans l’élite du football français. Mais sans potion magique, le tout est bien plus difficile. Alors qu’ils pensaient avoir trouvé la recette, l’ingrédient le plus important s’est volatilisé de la marmite. Ibrahima Niane et ses ligaments croisés ont été enlevés par César. Bienvenue dans les aventures de l’irrésistible village de Divodurum.
Le combat des chefs
Forcément, toute bonne aventure gauloise débute avec quelques péripéties. Le FC Metz entame donc sa saison par trois chocs. Monaco, Lille puis Paris… Sans surprise, trois défaites à l’arrivée. La manière en revanche est plus surprenante. Défaits un à zéro à chaque reprise, les Messins méritaient sans doute mieux. Une domination stérile contre Monaco. Deux buts encaissés en toute fin de match ensuite. Il y avait de quoi nourrir quelques regrets. Surtout face au PSG, qui marque en double infériorité numérique.
Mais finalement ce début est prometteur. La réception de Reims débloque enfin les compteurs messins. Premiers buts, et surtout premiers points. Une victoire acquise 2 à 1 pour enfin lancer leur saison. Au Vélodrome une semaine plus tard, c’est à la toute dernière minute que Morgan Sanson égalise. Une nouvelle fois, ce sont des points laissés en route face à un représentant européen. Positif en fin de compte, puisque cela signifie que l’équipe est capable de faire déjouer (ou presque) certains des favoris de ce championnat. Face à Lorient les Grenats déroulent en seconde période et s’imposent finalement 3-1. Pour la dernière du commandant Hognon, le travail est bien fait. Plus que cela, avec sept points pris en trois matches, le régiment messin est enfin lancée. Une réussite grandement symbolisée par un homme.
Le domaine des Dieux
Évoluant dans la banlieue de Dakar au Sénégal, Génération Foot a développé sa réputation en devenant dans les années 2000 une antenne du FC Metz. La région regorge de talent. En échange d’une aide financière, le club lorrain a la priorité pour engager les plus grands espoirs de l’équipe. Depuis presque 20 ans, ce partenariat s’avère bénéfique. Papis Cissé, Diafra Sakho et plus récemment Ismaïla Sarr ou Habib Diallo ont tous quitté le Sénégal pour se révéler chez les Grenats.
Sadio Mané est le plus connu de tous. Le génie sénégalais, comme aime tant l’appeler le chanteur du village Stéphane Guyx, porte le maillot messin une saison durant. Il se révèle en Europe lors de la saison 2011-12 mais ne peut empêcher la relégation de Metz en National. Il sera ensuite transféré à Salzbourg avant d’exploser en Angleterre. Cette saison-là, l’effectif messin comptait également dans ses rangs un certain… Kalidou Koulibaly.
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Notre prochain héros naît à M’Bour en mars 1999. Repéré par Génération Foot, il inscrit 19 buts en 18 matches avec le club. Lorsqu’il arrive à Metz, il n’est âgé que de 18 ans. Comme bon nombre avant lui, Ibrahima Niane effectue donc sa formation au Sénégal. Sa première saison au club est plutôt discrète. Il inscrit cinq buts toutes compétitions confondues et le FC Metz descend en Ligue 2. On lui décèle déjà cependant des qualités indéniables. Qualités qui seront confirmées dans l’antichambre de la Ligue 1. Avec son compatriote d’attaque Habib Diallo qui inscrit 26 buts, ils participent grandement au titre et à la remontée immédiate. Niane y ajoute 10 réalisations bien qu’il n’ait pas un statut de titulaire.
Le retour en Ligue 1 est compliqué. Hognon confirme Habib Diallo au poste d’attaquant de pointe. Niane se contente de bouts de matches et ses entrées sont rarement convaincantes. Auteur de 3 buts seulement, le jeune Sénégalais déçoit. On ne retrouve plus ce qui avait allumé la flamme chez les supporters messins. Le joueur conserve pourtant la confiance du club et son potentiel convainc ses dirigeants de lui offrir la succession de Diallo. Son contrat est prolongé jusqu’en 2024.
Le ciel lui tombe sur la tête
Metz peut alors fêter le maintien en Ligue 1. Une fête qui ne se fera pas autour d’un bon sanglier, tout le monde étant alors confiné. L’essentiel est tout de même là. Les dirigeants peuvent doucement préparer le prochain exercice. Le dossier le plus compliqué, c’est celui d’Habib Diallo. Auteur de 12 buts la saison passée, il était l’artificier numéro un de l’équipe. Et la gestion de son cas a fait débat. Les supporters ont énormément reproché à la direction de chercher à tout prix à vendre le joueur. Un joueur qui, à priori, voulait rester. Trop tard. Pour 10 jolis millions de sesterces, Diallo s’en va à Strasbourg en fin de mercato.
Dans ce contexte particulier, Ibrahima Niane récupère la place de numéro un. Pour la première fois à Metz, il vivra une saison en tant que titulaire désigné. La reconquête commence, le Sénégalais doit lever certains doutes. Après trois premiers matches stériles vient la délivrance. Un doublé contre Reims, un but contre l’OM et un triplé contre Lorient. En trois rencontres, il inscrit plus de buts que sur ses deux premières saisons en Ligue 1. Monsieur 100% des buts de son équipe vient tout juste de rapporter 7 points aux siens. Ces performances lui ont logiquement valu d’être désigné comme le meilleur joueur du mois de septembre. La potion magique n’a malheureusement pas fait effet longtemps. L’attaquant se blesse pendant la trêve. Les ligaments du genou droit sont touchés, la saison sans doute terminée.
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Le FC Metz perd son seul et unique buteur jusqu’alors. C’est également lui qui créait le plus de différences dans le jeu. À l’image du penalty obtenu face à Lorient, il provoque de nombreuses fautes. Doté d’un bon jeu de tête, un but du crane lors des ces trois rencontres, Niane est un attaquant complet. Dribbleur, rapide, le Messin peut marquer de près comme de loin. Il était jusqu’ici diablement efficace, son nombre d’Expected Goals parle pour lui. Seulement 3.45, pour six buts marqués. La blessure vient freiner sa progression et handicaper son équipe par la même occasion.
La galère du FC Metz
Alors comment ? Comment remplacer le légionnaire Niane à la pointe de l’attaque ? La solution externe paraît peu probable. Que ce soit un joueur libre ou un joker médical, le club ne devrait pas changer son effectif avant janvier. Heureusement, Metz possède quelques solutions en internes. Thierry Ambrose, après une première saison en prêt, est désormais officiellement Messin. Actuellement blessé à la cheville, le Français n’a toujours pas marqué avec le FC Metz. Après deux prêts chez l’ennemi nancéen, Vagner Dias arrive en provenance de Saint-Étienne. Gravement touché à la cheville gauche, le Cap-Verdien n’a pas encore foulé les pelouses en 2020.
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Les deux joueurs peuvent évoluer en pointe. Leur style cependant impliquerait un changement tactique se distinguant de celui de Niane. Celui-ci était souvent utile dos au jeu dans la conservation du ballon notamment grâce à son jeu de tête. Un joueur alors possède un profil similaire à celui de Niane sur le plan athlétique. Opa N’Guette. Repositionner l’ailier dans l’axe apparaît actuellement comme la solution la plus plausible. Le joueur connaît déjà le poste. C’est là qu’il a été formé à Valenciennes. Les Messins pourraient ainsi continuer à allonger le jeu avec un attaquant solide à la réception. Une interrogation persiste cependant quant aux capacités de finisseur du Sénégalais.
Face à Angers (1-1), c’est cette solution là qui a été mise en place. N’Guette inscrit alors son premier but de la saison. Comme quoi, Metz peut marquer sans Niane. Ce repositionnement signifie également qu’une place se libère sur l’aile. Farid Boulaya peut jouer des deux côtés et n’est pas près de quitter le onze lorrain. Là encore, il y a des possibilités. Vagner Dias, bientôt de retour et qui fera peut-être ses débuts aujourd’hui face aux Verts, mais aussi Papa Yade ou Lamine Gueye. Ce dernier est arrivé cet été de Génération Foot. Il a fait très bonne impression pour sa première titularisation face à Angers. C’est d’ailleurs lui qui délivre la passe décisive. Dire que le Sénégalais devait être prêté en Ligue 2… L’opération ne s’est finalement pas faite à cause d’une erreur administrative. Joyeux coup du sort.
Lamine Gueye vs Angers | @Laminegueye98 pic.twitter.com/kVRJe6KuJD
— Tanguy (@TanguyFCM) October 20, 2020
Amputé de son meilleur élément, le secteur offensif n’est pas décimé pour autant. D’autant plus que le jeu collectif est bien huilé. Sur les sept buts inscrits, cinq l’ont été depuis des centres, dont un sur coup franc. Reste à savoir si les Grenats parviendront à rester efficaces. Jusqu’alors c’est également la solidité défensive qui est surprenante. Si clean sheet il n’y a pas eu, Metz est actuellement la troisième défense de Ligue 1. Avec un but encaissé par match, dont deux pénaltys et deux sur coups de pied arrêtés, l’équipe concède peu d’occasions.
Pour son retour à la tête du FC Metz, le Général Antonetti peut donc s’appuyer sur une équipe qui a fière allure. Continuer de marquer, resserrer les derniers boulons en défense. Telles sont les missions que le coach devra accomplir pour qu’enfin, cette petite équipe d’irrésistibles grenats résiste à l’envahissante Ligue 2.
Crédit photo: Icon Sport
