Le Canet-en-Roussillon FC a réalisé l’exploit des 16es de finale de la Coupe de France il y a un mois, en éliminant l’Olympique de Marseille. À quelques jours de recevoir Boulogne-sur-Mer en 8es de finale, nous sommes allés à la rencontre de Glenn Mbimba, défenseur central au sein de la formation occitane. Avec un championnat de National 2 à l’arrêt depuis plusieurs mois, la préparation n’a pas été simple. Mais la croyance en une épopée, elle, reste intacte.
Ultimo Diez – Ton équipe a réalisé un véritable exploit au tour précédent. Quel est ton ressenti à tête reposée ?
Glenn Mbimba – On est conscients d’avoir réalisé un véritable exploit, on va tout faire pour rééditer cette performance. La configuration du match sera complètement différente. On passe d’une Ligue 1 à une équipe de National. Ce sera même plus difficile à aborder car la motivation ne sera pas la même.
Comment prépare-t-on ce type de rencontre ?
On a dû s’arrêter entre fin octobre (les championnats amateurs ont été arrêtés le week-end du 25 octobre, ndlr) et début janvier. On a suivi un programme de reprise avec des matches amicaux avant d’enchainer les tours de Coupe de France. Au final, on est arrivés face à l’OM en ayant déjà quelques matches dans les jambes. Ce match, je l’ai abordé comme n’importe quel autre. J’essaie de ne pas changer mes habitudes. Bien entendu, il y avait une atmosphère particulière car c’est la Coupe de France… C’est exceptionnel ce que l’on vit. On n’a pas la chance d’atteindre les 16es de finales tous les ans. J’ai reçu beaucoup plus d’appels, des messages de la famille et de mes amis avant le match. Ça fait vraiment plaisir.
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Sur le terrain, tu as eu face à toi quasiment l’équipe-type de l’OM avec Milik ou encore Payet dans ta zone…
Ce sont des joueurs de football de très haut niveau… Certes, on n’a pas la même carrière ou les mêmes salaires, mais ils sont humains comme nous. On savait qu’on pouvait le faire, qu’il y avait la place pour passer. Il fallait qu’on soit ultra-motivés, à plus de 100%. On savait que sur un match de coupe, il y avait la place face à l’OM. Des clubs amateurs comme Andrézieux, Quevilly-Rouen ou Grenoble l’ont déjà fait en éliminant Marseille. Ça nous a clairement inspirés.
Quelle était l’atmosphère après le coup de sifflet final ?
Dans le vestiaire c’était incroyable ! Sur l’instant, c’était vraiment la fête ! Le téléphone n’arrêtait pas de sonner, j’ai reçu plein de messages et des encouragements. Après, il a fallu passer à autre chose pour aborder au mieux le match contre Boulogne-sur-Mer. On a eu 3 semaines pour préparer cette rencontre. La qualif’ est digérée, on est complètement focalisés sur le prochain match.
Avec la crise sanitaire, la situation est assez atypique. Le championnat de National 2 est arrêté depuis fin octobre…
L’arrêt des compétitions, c’était compliqué. Quand on s’est arrêtés, on n’avait aucune idée de la suite des évènements, aucune visibilité. Il a fallu rester en forme, s’entraîner seul… Et c’est complètement différent de s’entraîner seul quand on a l’habitude des entraînements collectifs.
«J’ai le statut amateur mais ma situation actuelle me permet de vivre du football»
Peut-on revenir un instant sur ton parcours ? Je sais que tu es un «titi» du Paris Saint-Germain…
Mon parcours en jeunes, j’en garde des souvenirs mémorables avec quelques tournois internationaux. J’ai commencé le football à Chanteloup-les-Vignes avant d’arriver au PSG jusqu’en U19. J’y suis resté une dizaine d’années avant d’intégrer le Clermont Foot en U19, puis l’équipe réserve qui évoluait en N3. Au total, j’ai passé 4 saisons à Clermont (L2), puis deux saisons à Aurillac (N3) et deux saisons au Racing Besançon. Depuis août 2020, j’évolue au Canet Roussillon FC (N2). J’ai le statut amateur mais ma situation actuelle me permet de vivre du football comme la majorité de mes coéquipiers. Seulement deux ou trois joueurs ont des petits boulots à côté.
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Tu as 26 ans, quels ont été les temps forts de ta carrière jusqu’à présent ?
J’ai vécu pas mal d’expériences, disons des fortunes diverses. À Clermont, j’ai pu m’entraîner et évoluer ponctuellement avec le groupe professionnel. À la même période, j’ai été appelé avec les espoirs de la République démocratique du Congo.
Avec Aurillac, l’équipe jouait la montée tandis qu’au Racing Besançon on a joué le maintien la première année, avant de connaitre une saison plus tranquille ensuite. Au Canet-en-Roussillon, on vit une épopée historique en Coupe de France. Pourvu que ça dure.
Qu’est-ce qui te caractérise le plus ? Quels joueurs t’inspirent le plus ?
Guerrier ! Un guerrier… Car je suis combatif aussi bien sur le terrain que dans la vie. Je ne lâche rien. À mon poste, mes références et modèles sont bien évidemment Maldini, Van Dijk et Ramos. Ensuite, à mes yeux, le meilleur joueur du monde c’est Ronaldinho, R10 !
«Le maire de Canet-en-Roussillon vient nous encourager à l’entraînement»
Sur le plan personnel, quels sont tes objectifs ? Est-ce qu’une expérience à l’étranger pourrait te tenter ?
Comme tout joueur amateur, mon ambition c’est de gravir les échelons et pourquoi pas un jour évoluer au niveau professionnel. L’étranger, Pourquoi pas ? Tout dépend du projet. Il y a quelques années, j’étais à l’essai pour un club de première division ukrainienne : l’Arsenal Kiev. Fabrizio Ravanelli était l’entraîneur, l’un de mes potes Curtis Yebli jouait là-bas. Je suis allé sur place, le test s’est très bien passé. Le club me fait une proposition et m’indique qu’il ne reste plus que quelques formalités. Je devais signer pro, dans un bon championnat. Il y a quand même de bons clubs en Ukraine… D’un coup, ils ont temporisé sans explication. Je suis donc rentré en France. Et c’est là que j’ai appris que le club avait disparu. Le club a été dissout et a déposé le bilan.
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Comment est-ce que l’on vit une épopée en Coupe de France en tant que joueur amateur ?
Sur le plan personnel, on reçoit énormément de soutien de la part de nos proches. Ils me rendent visite avant ou après les matches importants en fonctions des possibilités. Mais ça me booste, honnêtement. Canet-en-Roussillon (Pyrénées-Orientales) est située à plus de 700 kilomètres des Mureaux (Yvelines) mais ma famille et mes amis sont toujours là. C’est le plus important. Je reçois énormément de messages d’encouragements de mes proches à Chanteloup-les-Vignes, Les Mureaux, Poissy et une bonne partie des Yvelines. C’est là que j’ai grandi, ça me touche.
Pour finir, quelles sont les ambitions de Cane-en-Roussillon en Coupe de France ?
On veut aller le plus loin possible. Ce parcours est déjà historique car le club n’avait jamais atteint les 8es de finale. La meilleure performance restait deux 16es de finale (contre Caen en 2018 et l’AS Monaco en 2019, ndlr). On sent le soutien de toute la région, tout le monde vibre au rythme de nos exploits. Le maire vient régulièrement nous encourager à l’entraînement. On veut continuer de les rendre fiers.
Merci à Glenn Mbimba pour son temps accordé.
Crédit photo : Canet-en-Roussillon