[Reportage] Barça B – Ibiza : du public, du beau jeu et des play-offs

Ce dimanche après-midi, un autre Barça que celui de Ronald Koeman jouait son destin : le Barça B de Garcia Pimienta. Pendant que Messi et ses copains sont dans la course à la Liga dans des stades vides, l’équipe réserve fait la course aux play-offs pour la montée en Liga2 avec ses supporters. Nous étions à ce match de D3 espagnole, à l’atmosphère pré-covid.

C’est un dimanche presque comme les autres aux abords de la Ciutat Esportiva Joan Gamper, à quelques kilomètres du centre de Barcelone. L’Estadi Johan Cruyff, qui a déjà vu les exploits de l’équipe féminine du Barça sur les coups de midi, s’apprête à vivre une autre rencontre décisive. Le Barça B reçoit Ibiza sous le soleil catalan, avec un objectif unique : la victoire. Synonyme d’accès à la suite de l’aventure pour la promotion.

Un stade qui retrouve des supporters

En Espagne, le public est le bienvenu dans les stades depuis plusieurs semaines. Enfin, dans la limite imposée par le règlement : en D3, c’est 1 000 personnes maximum. Avec prise de température, masque, distanciation sociale et certificat de responsabilité dument signé, sans quoi on ne peut même pas obtenir de place. Au FC Barcelone, et comme dans beaucoup d’autres clubs, ce nombre limité de places est dans un premier temps réservé aux socios. Le reste est mis en vente. 

L’Estadi Johan Cruyff n’est de toute façon pas habitué aux foules. Nouvel antre des cracks de la Masia ayant remplacé le Mini Estadi et ses 15.000 places, le stade qui rend hommage au Hollandais volant ne compte plus que 6.000 places. Pourtant en ces temps perturbés, voir du public en tribunes, si peu nombreux soit-il, relève d’une magie que l’on avait presque oubliée. À 30 minutes du coup d’envoi les tribunes commencent à se remplir, les drapeaux blaugranas à s’agiter, les enfants à crier les noms de leurs cracks préférés pendant qu’ils s’échauffent. Dont un revient assez souvent : Alex Collado.

971 spectateurs étaient présents, sur les 1.000 max autorisés

Le match commence, l’hymne du Barça retentit, les supporters se lèvent, chantent et lancent des «Vamos Barça !» juste avant le coup d’envoi. Mais le plus plaisant reste évidemment les «OOOH !» ou «OUUUH !» ou autres termes vulgaires qui émanent des tribunes lors d’actions plus ou moins grandioses. Fini la bande sonore, et pour les arbitres aussi. En tribunes on entend des réclamations de cartons, des penalties, des fautes… Toute cette atmosphère de tension que l’on peine à tous retrouver chacun dans notre coin, devant notre petit écran.

Alex Collado signant un maillot pour un supporter en quittant le stade

Le match est programmé suffisamment tôt (18h30) pour que les locaux puissent rentrer chez eux à temps avant le couvre-feu local : 22h. Ce qui laisse tout de même le temps aux plus proches d’attendre les joueurs à la sortie du stade, qui jouent le jeu oubliant un peu les restrictions sanitaires.

Un match à enjeux

Ce qui fait aussi de ce match un moment si spécial, c’est qu’il est décisif pour la filiale du Barça. Habitué à jouer la montée en Segunda, mais n’y ayant pourtant pas mis les pieds depuis 2017-2018, le Barça B jouait contre Ibiza son opportunité d’accession aux play-offs de montée en Liga2. Un schéma assez compliqué à expliquer, puisque la fédération espagnole qui gère le football amateur a décidé de rajouter une division entre la Segunda B et la Liga2, ce qui a divisé chaque groupe régional de D3 en 3 sous-groupes. Selon son classement, un club va jouer la «descente» en Segunda RFEF devenue D4, le maintien en Primera RFEF devenue D3 ou la promotion en Liga2. Et c’est la dernière option qui concerne le Barça B. Dans une poule de 6 clubs, Collado et compagnie doivent finir parmi les 3 premiers pour jouer les play-offs : phase finale pour la montée en D2.

La première mi-temps des jeunes pousses barcelonaise se déroule parfaitement, le premier but arrivant dès la 23e minute sur un corner de Collado qui trouve la tête de Rey Manaj (1-0). Un soulagement pour les 971 supporters présents, à défaut de pouvoir remettre les pieds au Camp Nou. Konrad de la Fuente va venir enfoncer le clou trois minutes plus tard, en profitant d’un cafouillage dans la surface d’Ibiza (2-0). Une large possession, des Blaugranas qui jouent et pressent très haut, des gestes techniques à la pelle : le public est largement servi, même sans Leo Messi. On murmure d’ailleurs en tribunes que ce Barça B jouerait parfois mieux que l’équipe première…

La deuxième mi-temps sera plus compliquée pour les joueurs de Garcia Pimienta, qui fête d’ailleurs sa 100e sur le banc de la filiale du FC Barcelone. Les jeunes perdent facilement le ballon, certains sont sortis de leur match au gré des nombreuses confrontations physiques avec les joueurs adverses. Le manque de possession empêche de dérouler comme prévu, et Ibiza revient de plus en plus menaçant, avec des situations toujours plus dangereuses dans la surface. À la 57e minute, Davo finit par croiser un centre de la tête, laissé tranquille par la charnière Marmol – Comas, sans doute trop jeune pour tenir 90 minutes d’un match d’un tel enjeu (2-1). Les joueurs insulaires continuent de pousser, mais les pertes de temps des plus expérimentés de la B ainsi que les nombreux changements suffiront à faire tourner le chrono jusqu’à la 95e.

Les joueurs du Barça B célébrant brièvement leur accès aux play-offs

Au coup de sifflet final, le Barça B est qualifié pour les fameux play-offs de montée, et est assuré de jouer au minimum en Primera RFEF la saison prochaine. Le stade exulte et a gagné son lot de matches pour les prochaines semaines, avec des enjeux encore plus importants.

Les grands travaux de Pimienta

Garcia Pimienta s’asseyait pour la 100e fois sur le banc du Barça B ce dimanche, et il faut reconnaître que son travail avec la filiale a été capital dans cette belle saison. Entraîneur à la Masia depuis 2006, il a fait progresser des dizaines de noms bien connus aujourd’hui : Lionel Messi, Gerard Piqué, Cesc Fabregas, Thiago Alcantara ou encore Sergi Roberto. Réputé pour son excellente qualité de formateur, il prend la tête du Barça B en avril 2018, après l’éviction de Gerard Lopez en cours de saison. Il prend les rênes d’une équipe qui court vers la descente en Tercera (D4), réussit à la maintenir en D3 et continue. 

Garcia Pimienta pour sa 100e sur le banc, face à Ibiza

La saison passée déjà, il avait réussi à emmener son équipe jusqu’en finale des play-offs, perdant contre Sabadell 1-2, avec beaucoup d’absents montés en A (dont Riqui Puig). Et de joueurs titulaires dont le contrat se terminait fin juin, alors que les play-offs, repoussés pour cause de Covid, avaient lieu en juillet. Sans la montée, son travail continue d’être salué, et c’est cette saison que son travail prend une autre dimension.

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Beaucoup de cadres partis en prêt ou vendus à l’intersaison, des blessés à la pelle, des joueurs prévus pour la B mais qui finissent par monter en A qui empile aussi les blessés : Pimienta fait face à un début de saison 2020-21 très compliqué. Alors que l’objectif de son équipe est la montée. La filiale un peu oubliée par le board de Bartomeu l’été dernier manque de renforts et surtout de joueurs d’expérience pour guider cette équipe composée essentiellement d’anciens Juvenil (U-19). En conservant intact l’ADN Barça avec lequel sont formés les néo-arrivants, il arrive à maintenir son 4-3-3 jouant la possession et le pressing. Et donc à parfaitement incorporer les nouveaux qui n’ont pas beaucoup de temps pour s’acclimater. 

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Des noms émergent : Nico Gonzalez, Alejandro Balde, Pequé, Arnau Comas, Mika Marmol, Jandro Orellana. Ayant tous entre 17 et 21 ans, ils forment le nouveau XI du Barça B aux côtés des plus expérimentés Alex Collado, Inaki Peña et Roger Riera. C’est avec cette équipe, l’une des plus jeunes de l’histoire du Barça B, que Garcia Pimienta rêve d’une montée en Liga2. Qui pourrait notamment permettre au FC Barcelone de tous les conserver, sans avoir à trouver du temps de jeu ailleurs à l’été prochain. 

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