Alors que l’Euro 2020 commence, nous avons discuté avec Benjamin Da Silva, journaliste et commentateur de beIN SPORTS, qui forme aux côtés d’Omar Da Fonseca un duo mythique. En charge des matches de l’équipe d’Espagne, alors que beIN diffusera l’Euro en intégralité, il analyse une Roja moins brillante qu’auparavant et qui a préparé cet Euro dans les pires conditions. Une longue interview qui revient en profondeur sur ces maux, avec celui qui nous fera vibrer sur chacune des rencontres de la bande à Luis Enrique.
Ultimo Diez – À l’heure de cette interview, nous sommes à J-3 avant le début de l’Euro. Comment te sens-tu ? Est-ce qu’il y a toujours une certaine effervescence avant une telle compétition ?
Benjamin Da Silva – Oui forcément, parce que ce sont des rendez-vous entre nations et donc pour nous, les tournois entre nations, c’est beaucoup plus rare que les affrontements entre les clubs ! Je commente l’Euro, la Coupe du monde, la Copa America… C’est toujours effervescent parce que ce sont les meilleurs joueurs de chaque pays qui s’affrontent, c’est un évènement mondial. Je suis impatient que ça commence, de voir ce que ça va donner, surtout l’équipe de France vu l’équipe de Deschamps… De voir aussi ce que va faire l’Espagne, le Portugal, je suis assez excité pour que ça débute !
Le contexte limite un peu l’adrénaline ?
Non non. Quel que soit le lieu, le stade, ça reste un match pour l’Euro hyper important. Maintenant, on s’est un peu «habitué» au Covid. Depuis un an, avec les consignes sanitaires, on n’a pas pu se déplacer, donc on a fait tous les matchs en cabine. L’autre contrainte, c’est que les stades étaient tous vides. Là il y aura des jauges, un peu de public donc on va pouvoir savourer un petit peu ça. Donc ça reste excitant !
Le premier et seul match de préparation de l’Espagne était contre le Portugal au Wanda Metropolitano. C’est forcément spécial pour toi ?
Un petit peu parce que, d’un côté, il y a l’Espagne que je commente depuis des années, de l’autre y a le Portugal parce que je suis d’origine portugaise, le Wanda parce que c’est un stade où j’ai l’habitude d’aller. Mais pour moi, le match le plus particulier qui existe ça sera toujours France-Portugal, parce que ce sont mes deux origines, le côté de ma mère, le coté de mon père. Espagne-Portugal, c’est un grand classique et dommage qu’il n’y ait pas eu de but d’ailleurs !
«Busquets ? Je pense que sur le terrain, ce n’est pas une si grosse perte que ça»
Il y a eu 0-0 malgré la large possession espagnole, mais qui a péché devant le but. Comment analyses-tu ce premier et donc seul test de la sélection espagnole ?
Je vais être très honnête, je n’ai vu que le résumé, j’ai pas pu voir le match en intégralité. Je me méfie toujours des fameux matches tests, parce que ce n’est pas la compétition tout simplement. Ce n’est sans doute pas l’équipe qui sera alignée pour le premier match de l’Euro. Après, j’ai vu Morata qui a eu beaucoup d’occasions, qui en a raté pas mal, mais bon, tu ne sais pas, en match de l’Euro s’il marque sur sa première occasion ça peut tout changer pour lui. Ça peut être un déclic. J’ai vu aussi qu’il y avait toujours autant de possession pour l’Espagne. Je pense qu’il y a un moment aussi, il faut pratiquer un jeu un peu plus direct, moins de possession et plus de jeu sans trop de calcul.
À LIRE AUSSI – Espagne-Portugal : que reste t-il du derby ibérique ?
Est-ce que l’Espagne a l’équipe pour jouer ce jeu en transition plus rapide ?
Plus que l’équipe, je me demande s’ils ont la psychologie pour ça. Parce que les joueurs ils les ont, il y a quand même des joueurs de vitesse, des joueurs doués. C’est plutôt une question de psychologie, de philosophie. Il y a une tradition espagnole depuis des années avec le redoublement de passes, la possession… C’est le boulot de Luis Enrique après, c’est à lui de travailler tout ça. Ça lui convient peut-être très bien d’avoir le ballon très souvent.
Aujourd’hui, la sélection espagnole doit conjuguer avec le test positif de Busquets, la vaccination, les moins de 21 ans qui remplacent les A (pour un match amical), un entrainement individuel à quelques heures du début de l’Euro… Que penses-tu de la gestion de la Roja ?
Ils font ce qu’ils peuvent. Tu as un cas positif avec Busquets, donc derrière tu as tout un pacte sanitaire à respecter et tu n’as pas trop le choix… Malheureusement c’est de la malchance, tu ne peux pas reprocher quoi que ce soit à l’Espagne. Ils ont fait revenir des joueurs en plus qui vont s’entraîner à part au cas où, donc je trouve qu’ils prennent des dispositions, ils ne sont pas inactifs et réagissent déjà. Ils sont un peu obligés aussi, on n’est qu’à quelques jours du début. Ce qui est certain, c’est que ce ne sont absolument pas les meilleures conditions pour préparer l’Euro !
La possible absence de Busquets est-elle une perte pour l’Espagne ?
Peut-être pas. À la fois comme Ramos, je pense que c’est quelqu’un qui est hyper important dans le groupe, hyper important dans le vestiaire. Mais je trouve que ses performances sur le terrain, notamment cette saison, ne lui donnent plus autant de crédit qu’avant. Je pense que sur le terrain, ce n’est pas une si grosse perte que ça. Au même poste, je pense que Koke peut faire beaucoup mieux. Il a fait une saison étincelante avec l’Atlético de Madrid. Sportivement je trouve que c’est pas une si grosse perte, même si je respecte totalement la carrière, le joueur qu’il a été. Et j’ai vu comme tout le monde l’interview de Xavi qui le défend, mais ça c’est chacun son avis.
«Aujourd’hui le talent est plus réparti et pas seulement concentré dans 2-3 clubs espagnols»
La liste de Luis Enrique a reçu pas mal de critiques en France mais aussi en Espagne. Quel regard portes-tu sur cette liste ?
Cette liste, elle ne me fait pas rêver. J’estime que Ramos devait être dans cette liste, après ce n’est qu’une opinion. Mais pour moi c’est un joueur tellement important pour l’équipe, pour l’adversaire, qui représente tellement de choses au niveau du caractère, de la personnalité… Il y a d’autres joueurs qui méritaient, je pense à Mario Hermoso qui a fait une très bonne saison avec l’Atlético de Madrid, même Nacho qui a été très bon avec le Real. Plutôt qu’Eric Garcia qui a très peu joué, que Diego Llorente aussi… Même pour moi Saul (Niguez), mérite sa place dans l’équipe ! Même si c’est vrai que sa saison est moins brillante que d’habitude, mais sur le haut niveau, ça reste une valeur sûre, un joueur qui techniquement est au-dessus du lot.
À LIRE AUSSI – Graziano Pellè, symbole de «la pire Italie de l’histoire»
Je suis surpris de voir Pablo Sarabia, Adama Traoré… Je me dis que peut-être Iago Aspas avait sa place dans le groupe. En plus Aspas, c’est un joueur de vitesse, c’est un joueur tonique, il sait marquer des buts, faire des passes décisives, il a fini meilleur passeur de la Liga (13). Je trouve que sur chaque ligne, il y a beaucoup de choix qui peuvent être discutables. Même par exemple Unai Simon, je sais que c’est un gardien remplaçant, mais moi je ne suis pas convaincu… Je trouve que c’est un gardien qui fait beaucoup d’erreurs. Je l’ai vu cette saison avec Bilbao : il a des qualités incroyables, il y a des moments où je le trouve vraiment excellent, mais il fait trop d’erreurs. Et pour un gardien c’est tout de suite flagrant. La liste est discutable, on a tous un regard, moi j’aurais sûrement fait différemment.
https://twitter.com/OptaJose/status/1401954545853476864
L’absence de joueurs du Real Madrid est-elle surprenante pour toi ?
Oui et non. Pour moi, Ramos et Nacho méritaient, mais quelque part il faut aussi voir quels joueurs étaient réellement sélectionnables. Donc Ramos blessé c’est l’argument de Luis Enrique, à partir de là Carvajal et Lucas Vazquez ne peuvent pas non plus être dans le groupe. Je ne vois pas les choses du genre «Il a pris tant de joueurs du Real, tant de joueurs du Barça», je regarde d’une manière globale, plus du mérite en club. C’est pour ça que je parle de Ramos et de Nacho qui pour moi avaient leurs places.
On se rappelle de la Coupe du monde 2010, des deux Euros 2008 et 2012 où l’immense majorité des joueurs étaient issus du Barça et du Real, ce qui facilitait l’entente sur le terrain. Aujourd’hui il n’y a que 3 (4 si on compte Eric Garcia) Barcelonais en sélection. Est-ce lié à la baisse du niveau en Liga, ou au Real et au Barça qui ne tiennent plus leur rôle de leader ?
C’est plutôt ça, plutôt la deuxième partie de la question. Aujourd’hui, le niveau des joueurs du Real et du Barça n’est plus le même qu’avant. Quand je vois en 2008, tu as Iniesta et Xavi qui sont au summum de leur forme. Ce n’est plus trop comparable entre les générations d’avant et d’aujourd’hui. Ce n’est pas parce que tu es le Real ou le Barça que tu dois avoir beaucoup de joueurs en sélection. Il faut aussi voir la réalité. Le niveau de certains joueurs a beaucoup baissé. Je pense à Busquets… Ça reflète aussi l’éclatement des valeurs.
Ce que j’aime dans la sélection, c’est qu’ils ne s’arrêtent pas au prestige du joueur ou du club. Luis Enrique a pris des joueurs qui jouent dans des clubs moins huppés. Pau Torres qui joue à Villarreal, pour moi c’est tout à fait normal qu’il soit là. Gaya même si la saison de Valence est catastrophique, c’est parfaitement logique qu’il soit présent dans le groupe. Gerard Moreno fait encore une superbe saison, il est à Villarreal, Mikel Oyarzabal de la Real Sociedad… Je trouve qu’aujourd’hui le talent est plus réparti et pas seulement concentré dans deux-trois clubs.
Est-ce que le Real et le Barça doivent prendre ces faibles sélections comme un avertissement ?
Je pense qu’ils n’ont pas besoin de ça. Honnêtement, le Real et le Barça voient très bien tout au long de la saison ce qui ne va pas, ce qui leur manque et ils n’ont pas besoin de l’Euro pour se rendre compte du niveau de leurs joueurs.
«J’aime beaucoup Moreno, mais je pense que Morata va débuter en pointe»
La faute aussi aux clubs anglais qui viennent de plus en plus chercher des joueurs espagnols, ou aux clubs qui ne savent pas les retenir ?
Je ne sais pas s’ils peuvent les retenir. C’est plutôt ça. Il y a une puissance financière tellement énorme chez les clubs anglais. Rodrigo qui est parti (de Valence) à Leeds, je pense que financièrement, il a fait un bon en avant. L’un des meilleurs exemples c’est Pablo Fornals. C’est un joueur que j’adore, qui était à Villarreal, qui est parti à West Ham. Je ne suis pas certain qu’il y ait un challenge sportif important, mais il y a une plus-value financière importante. Pour moi le Real, le Barça et l’Atlético ce sont trois clubs qui doivent être à l’affût des meilleurs joueurs de la Liga. S’ils peuvent les prendre, ils les prennent, mais il faut aussi prendre en compte l’impact financier conséquent. Puis il y a aussi l’attraction, je parle beaucoup d’argent, mais il n’y a pas que ça. Je pense que la Premier League, c’est un championnat qui est hyper puissant, qui est énormément regardé… Je pense que quelque part, les joueurs ont aussi envie d’aller jouer dans ce championnat.
À LIRE AUSSI – Le comeback de Christian Günter, la surprise du chef de Löw
On voit d’autres équipes émerger en Liga, avec notamment Séville, Villarreal ou la Real Sociedad cette saison. Ces équipes, constituées en majorité de joueurs espagnols, peuvent-elles prendre une nouvelle place au sein de la sélection ?
Je vois les joueurs qu’il a appelé (en renfort). Rodrygo il est à Leeds, Fornals il est à West Ham, Soler vit une saison hyper pénible à Valence… Brais Mendez ! Moi quand j’ai vu le nom de Brais Mendez (du Celta Vigo), je me suis dit que pour la Liga, c’est hyper valorisant. Parce qu’aujourd’hui, tous les joueurs de la Liga peuvent se dire à un moment «pourquoi pas moi». Quand Busquets est positif et que le premier joueur qu’il annonce derrière pour le remplacer c’est Brais Mendez, j’étais hyper surpris. Parce que ce n’est pas du tout le même poste, le même style, donc je pense que tout ça profite à la Liga. Il y a plein de joueurs qui peuvent accéder à la sélection, parce qu’il y a une sorte de méritocratie.
Gerard Moreno par exemple, auteur de la meilleure saison de sa carrière à Villarreal, pourrait-il porter la Roja durant cet Euro ?
J’ai vu que Luis Enrique accorde sa totale confiance à Morata, donc je pense que ça sera Morata qui va débuter. Moi j’aime beaucoup Gerard Moreno, depuis plusieurs saisons il est constant, régulier et il marque beaucoup de buts. Un peu comme Iago Aspas d’ailleurs, un peu le même style de constance dans les performances. Morata il a pour lui l’expérience dans les grands matches, l’expérience aussi des grands clubs et je pense que ça joue en sa faveur. On verra ce que va faire Luis Enrique, mais je crois qu’il maintient sa confiance en Morata. Avant-centre c’est un poste compliqué, généralement le joueur a besoin de se sentir aimé, valorisé, donc je pense que ça sera Morata. Mais Moreno peut tout à fait être le buteur de l’Espagne.
L’Espagne est dans un groupe a priori accessible, avec la Suède, la Slovaquie et la Pologne. Quels sont tes pronostics pour cette Roja ?
Je les vois évidemment sortir de la poule mais je pense que ça sera une poule très compliquée. Il y a les 4 meilleurs troisièmes qui passent, donc je pense que l’Espagne va sortir de la poule, mais ça ne sera pas simple. Les joueurs sont fatigués, ils ont joué beaucoup de matches et ça rapproche le niveau des nations.
«Pau Torres, c’est pour moi un futur grand défenseur central»
Quel joueur de la Roja pourrait-être la surprise de cet Euro ?
Je regarde les noms… C’est tellement compliqué d’anticiper ce que va faire Luis Enrique ! Pas une surprise, mais j’aurais tellement aimé que Marcos Llorente confirme tout ce qu’il a fait avec l’Atlético de Madrid, parce que pour moi ça a été l’un des meilleurs joueurs de la saison. Donc ce n’est pas vraiment une surprise… Par contre ce qui me surprend, c’est que Luis Enrique l’ait mis dans la liste des défenseurs. Contre le Portugal, il l’a fait jouer arrière droit, c’est assez incompréhensible. Pourquoi pas Ferran Torres, qui avait mis un triplé contre l’Allemagne !
Qui sera le meilleur buteur ?
Ça dépend de qui il va faire jouer, ça va dépendre de beaucoup de choses. Ça peut être Morata, ça peut être Gerard Moreno… Y a tellement de joueurs qui sont capables de marquer dans cette équipe : Morata, Gerard Moreno, Oyarzabal aussi qui marque beaucoup… La logique voudrait que ça soit Morata.
À LIRE AUSSI – Josip Brekalo, le têtu de Zagreb
Ton joueur préféré ?
Si je regarde la liste des 24, il y en a plusieurs que j’aime beaucoup. J’ai toujours aimé Gaya parce qu’il a toujours été très performant. J’aime beaucoup Pau Torres aussi, c’est pour moi un futur grand défenseur central. Marcos Llorente, je suis fan de lui, tout ce qu’il a fait avec l’Atlético de Madrid, j’ai trouvé ça magnifique.
Luis Enrique a fait quelques choix difficilement compréhensibles. Dernièrement, la presse espagnole évoquait sa volonté de mettre Robert Sanchez titulaire dans les buts à l’Euro, alors qu’il est 3e gardien sur le papier. Pourquoi de tels choix selon toi ?
Franchement je n’y crois pas. Enfin, j’espère qu’il ne fera pas ça ! Pour moi déjà, Unai Simon, j’étais un petit peu sceptique. Ça va être De Gea, je ne le vois pas faire autre chose, ce n’est pas possible.
Quel serait ton XI type avec cette liste ?
C’est difficile parce que la liste risque de changer… Je mettrais De Gea dans le but, évidemment, Jordi Alba à gauche, une défense Pau Torres – Aymeric Laporte. Je me base par rapport à Luis Enrique aussi ! Marcos Llorente arrière droit ça ne me plaît pas du tout, mais on va dire Llorente à droite à contre-coeur. Koke au milieu avec Thiago et Fabian Ruiz. En attaque, je mettrais Gerard Moreno, Mikel Oyarzabal et Ferran Torres.
Donc pas Morata ?
Non pas Morata. Mais en sachant que la liste demain ça ne sera plus du tout la même donc…
Tu mets Aymeric Laporte dans ton XI, est-ce que son arrivée est une bonne nouvelle pour la défense espagnole ? Qui est le plus gagnant dans cette arrivée, le joueur ou la sélection espagnole ?
C’est Laporte le grand gagnant ! Il n’allait pas être en équipe de France, là il se retrouve en sélection… C’est lui le grand gagnant, parce qu’il n’y a pas Ramos, il n’y pas Nacho, pas Hermoso. Ça me parait insensé parce que, pour moi ce sont des joueurs qui sont meilleurs que lui.
«Iniesta reste le plus beau et le plus grand joueur que j’ai vu jouer de mes propres yeux avec l’Espagne»
Qu’est-ce qu’on peut espérer de cette Roja version Luis Enrique ? Quel style de jeu ? Penses-tu qu’elle a les armes suffisantes pour remporter l’Euro ?
Gagner l’Euro, je pense que ça va être très dur. Quand tu vois sur le papier d’autres nations, la France est plus forte, la Belgique plus forte, il y a toujours l’Allemagne et l’Angleterre… Déjà sortir de la poule en ayant fait des très bons matches, et après ça va dépendre de qui tu joues en 1/8es. Mais ça va être important de bien débuter, de ne pas douter.
Que manque-t-il à l’Espagne pour redevenir un grand d’Europe ?
Il manque des génies que tu avais avant. Il manque Xavi et Iniesta… Mais c’était des joueurs d’exception, des joueurs qui sont là tous les 10 ou 15 ans, des joueurs rares. Il manque un avant-centre emblématique, par le passé tu as eu des Butragueño, Raul, Fernando Torres, David Villa… C’est principalement ça qui manque à la sélection.
Ce n’est pas un problème de formation ?
Je ne pense pas… Parce qu’il y a encore de très bons joueurs qui sont formés en Espagne, c’est une question de talent. Xavi et Iniesta, ce qui en a fait des grands footballeurs, c’est leur talent inné. La formation les a accompagnés.
À LIRE AUSSI – [Euro 2020] Goran Pandev, patrimoine macédonien
On a souvent dit à la Coupe du monde 2018 que la star de l’équipe de France, c’était l’équipe. Pourrait-on dire la même chose de cette Roja à l’Euro ?
Pour moi la star de l’équipe de France en 2018 c’était la défense. Et puis tu avais des individualités, tu avais Benzema… pardon lapsus ! (rires) Tu avais Griezmann, Mbappé… Mais il ne faut pas oublier que le parcours en poules de l’équipe de France, il est chaotique. Et puis au final ça gagne le tournoi. La force de 2018, c’était d’abord ce qu’incarne Didier Deschamps et ce qu’il transmet. Tu avais deux cracks en attaque, Mbappé et Griezmann qui à l’époque marchait hyper bien. Et aujourd’hui en Espagne, en attaque, je ne vois pas un joueur comme ça. C’est une équipe sans star. La seule star potentielle, c’était Ramos.
En cas d’échec, penses-tu que Luis Enrique pourra rester sur le banc ?
Il faut déjà voir où se situe l’échec. Si c’est sorti dès la phase de poules, si c’est une élimination en quarts de finale aux tirs aux buts après un super match… On ne peut pas savoir, il faut voir le contenu des matches.
Quelle Roja t’a fait le plus rêver ?
J’ai beaucoup aimé celle qui gagne l’Euro 2008. Il y avait Iniesta, Xavi, Fabregas, David Silva, Fernando Torres, Ramos. Je me souviens aussi de Cazorla, Xabi Alonso… C’était magnifique.
Quel joueur de la Roja t’a le plus marqué ?
Raul je pense. J’ai vu peu de matches de lui parce que je suis trop petit, mais de ce que j’ai vu, je le trouve exceptionnel. Mais le joueur qui m’a fait le plus rêver, c’était Iniesta. Ça reste le plus beau et le plus grand joueur que j’ai vu jouer de mes propres yeux avec l’Espagne.
Le but d’Iniesta en finale de la Coupe du monde 2010, c’est quelque chose que tu aurais aimé commenter ?
Oui. Tout le monde rêve de commenter une finale de Coupe du monde, mais surtout avec ce but comme ça, un moment comme ça… C’est vraiment un joueur qui te fait aimer le football. Quand tu aimes le foot, peu importe d’où tu viens, peu importe le club que tu supportes, t’es obligé d’aimer Iniesta.
Sans transition, qu’est-ce qui est le plus compliqué à gérer : l’entrée d’Adama Traoré à la 85e quand tu es défenseur ou la joie d’Omar da Fonsaca quand Messi marque ?
Omar Da Fonseca est ingérable, donc je ne cherche même pas à le gérer. Je ne sais pas ce que ça va donner encore les entrées en jeu d’Adama Traoré, mais en tout cas Da Fonseca n’est pas gérable.
L’Espagne et le Portugal pourraient se croiser en demi-finale de l’Euro. Tu préfères un coup franc de Koke qui qualifie l’Espagne en finale ou une tête de Ronaldo sur corner ?
Là c’est mon cœur qui va parler, mais je préfère un but de Cristiano Ronaldo. Évidemment, je suis attaché à l’Espagne parce que je commente le championnat espagnol depuis 2012, j’ai un attachement à la Liga et à la nation. Mais le Portugal c’est mes origines, c’est la famille, c’est encore plus fort que tout ça, donc je ne serai pas trop contre une petite tête de Cristiano !
Dans notre interview pour Ultimo Diez, Omar avait dit : «Je préfère les joueurs où je me lève, ça veut dire que je suis dans de bonnes sensations.» Quel joueur de cet Euro te donne envie de te lever ?
Benzema. Et j’espère que ça sera Benzema. Il y en a plein franchement, on a la chance d’avoir un Euro avec beaucoup de très très bons joueurs. Lukaku sort d’une grande saison, il y a Phil Foden avec l’Angleterre, de Jong avec les Pays-Bas… On a de quoi vivre un très bel Euro. Mais c’est sûr que Benzema moi j’attends, parce que c’est son retour en sélection, parce qu’il reste sur la plus belle saison de sa carrière avec le Real, et je pense qu’il peut éblouir l’équipe de France parce que c’est l’un des meilleurs avant-centres en Europe.
Un grand merci à Benjamin Da Silva pour sa disponibilité et son temps pour répondre à nos questions.
Crédits photos : Icon Sport/ Panoramic et beIN Sports