Au lendemain de la défaite face à la Lazio Rome, les tifosi de la Louve commencent à se demander si le club n’est pas parti pour faire une nouvelle saison blanche. Depuis 2008, le club n’a plus soulevé un trophée, une situation qui ronge les « giallorossi » qui ont vu le rival historique glaner 3 trophées entre temps. L’absence de titre commence à faire parler en Italie. Cette attente déplaît à une personne en particulier : Luciano Spalletti, qui a mis en jeu son contrat en cas de nouvelle saison vierge. Si la Roma ne gagne rien, il claquera la porte. Son départ serait vécu comme une catastrophe pour une équipe qui ne s’est jamais aussi bien portée.
Le tournant décisif
Après la défaite à domicile face au Napoli lors de la 27ème journée, la Roma a définitivement perdu ses chances de titre. Avec 8 points de retard sur la Juventus, la Louve a vu les « Bianconeri » s’éloigner et les coéquipiers de Marek Hamsik se rapprocher à grand pas. Si les supporters n’aspiraient pas à remporter le scudetto en début de saion, le pays s’attendait à voir une Roma lutter pour le titre jusqu’à la fin. Les coéquipiers de Edin Dzeko tournent à 2.14 buts par match et se placent derrière le Napoli comme étant une des attaques les plus prolifiques du pays. Avec 84 buts au trois-quarts de la saison toutes compétions confondues, la Roma est revenue à ses classiques : une équipe offensive qui roule sur ses adversaires.
Jeudi, les Giallorossi se déplacent à Lyon pour un des matchs les plus important de la saison. En effet, en cas de qualification en quarts de finale, la bande à Totti aura une autoroute devant elle et poura espérer une finale d’Europa League. En cas de finale, ça serait la troisième fois que la Louve arrive en finale de coupe d’Europe.
Favorie face aux Rhodaniens, la Roma est entrée dans une spirale négative alors que tout semblait fonctionner correctement. La défaite face à Villarreal a été les prémices d’une pseudo-crise. Après la victoire 4-0 au Madrigal, un turn-over est logiquement opéré pour le match retour. Mario Rui, Juan Jésus, Francesco Totti, Stephan El Sharaawy, Diego Perotti sont alignés, Thomas Vermaelen est sorti de la cave après des mois au sous-sol de Trigoria. Les coéquipiers de Daniele De Rossi vont réaliser une performance insipide, sûrement la pire de la saison, où la Roma ne va jamais se montrer dangereuse. Antonio Rudiger va même trouver le moyen de se faire expulser et rater le match aller au Parc OL. Une défaite qui va avoir des répercussions sur l’équipe involontairement.
Depuis le 7 février et une victoire 4-0 face à la Fiorentina, les Giallorossi vont enchaîner un match tout les trois jours jusqu’à la fin du mois de mars. Une victoire à Giuseppe Meazza après la déroute face au sous-marin jaune va devenir anecdotique pour le peuple romanista. La Roma va subir 2 défaites face au Napoli puis lors de la demi-finale de Coupe d’Italie contre la Lazio de Rome. La défaite contre ces derniers ne passe pas chez les tifosi. Malgré la présence d’un match retour, les Romanisti restaient sur 5 matchs sans défaite face aux Biancocelesti, la dernière datant de la fameuse finale de coupe d’Italie avec le but de Senad Lulic. La Roma n’espère qu’une chose, éliminer l’OL et rattraper son retard face à la Lazio. Pour ça elle devra compter avant tout sur le talent de son entraineur.
Spalletti, le duc de Rome
Si Totti est l’empereur de la ville de Rome, Luciano Spalletti en est sûrement le duc. Rarement un entraîneur n’a eu une cote de popularité aussi élevée. Quand il démissionne après seulement deux journées de championnat en 2009, les tifosi félicitent le courage de leur entraîneur. Au lieu de l’accabler; les Romanisti s’en prennent à une direction qui ne recrute plus et qui laisse partir tout ses meilleurs éléments. Le club est en crise et la politique de Rosella Sensi est plus que contestée.
Depuis son retour en janvier 2016, la Roma a retrouvé des principes qui semblaient avoir disparu. Solidarité, jeu et bon comportement sont les mots qui caractérisent le mieux Luciano Spalletti. Lors de son intronisation, il félicite avant tout le travail fait part Rudi Garcia durant son passage au club. Il n’hésite pas à rappeler aux médias et supporters qui voulaient la tête de l’ancien entraîneur qu’il a remis le club sur les bons rails et lui a permis de réaliser des records (10 victoires d’affilée en championnat et meilleure saison au niveau comptable de l’histoire du club).
Le Toscan possède un crédit inimaginable à Rome. A défaut d’être le seul entraîneur depuis Capello à avoir remporté des titres, la personnalité du chauve le plus célèbre d’Italie (derrière Arigo Sacchi mais devant Antonio Conte bien-sûr) inspire le respect. Son attitude lors de Crotone – Roma à la fin du match a marqué le pays. Insulté pendant 90 minutes par un supporter, Lucianouzi va faire face à la tribune durant 4 minutes pour voir si il avait affaire à des hommes. Plus aucune insulte ne fleurira jusqu’au coup de sifflet final.
Quand Rudi Garcia imite un violon pour protester contre l’arbitre lors de Juventus – Roma, Luciano Spalletti préfère se la jouer diplomate après un Torino – Juventus aux décisions douteuses : « Arrêtez avec l’arbitrage, la Juventus est surtout spectaculaire ». Le Français a toujours cherché à se faire respecter via les médias la où l’ancien du Zenit a imposé le respect. Ses conférences de presse confirment cette tendance, son management a très peu d’équivalent en Italie. L’importance qu’il accorde au bon comportement en est la preuve.
via @MatMartinelli
Au niveau comptable, rarement la Roma ne s’est portée aussi bien. Même lors de son premier passage au club, Spalletti n’avait pas un tel bilan. Lors des 17 premiers matchs après son retour, le club tournait à 2.42 points par match, un chiffre ahurissant pour une équipe qui tournait à 1.82 sous Rudi Garcia. Pour situer, la Juve de Conte tournait à 2.28 points par match. Un changement considérable dû en partie au football offensif retrouvé avec l’arrivée de l’ancien de l’Udinese. Les Giallorossi ont marqué 108 buts en 46 matchs de Série A soit 2.32 buts marqués par match, un chiffre énorme quand on se rappelle les problèmes liés au rendement des joueurs offensifs l’an dernier, Dzeko en premier lieu.
#Spalletti réalise pour le moment sa meilleure saison à la #Roma (via @ilgiornale) pic.twitter.com/1snvD31LKY
— Calciomio (@calciomio) February 28, 2017
via @Calciomio
Deux joueurs représentent parfaitement ce renouveau, c’est Edin Dzeko et Radja Nainggolan. Si le Belge était déjà parmi les meilleurs joueurs sous Garcia, le Bosnien lui revient de plus loin. Alors que son idylle avait parfaitement commencé avec un but lors de la réception de la Juve la saison dernière, l’ancien attaquant de City va sombrer au point de finir la saison remplaçant avec 8 misérables buts. L’arrivée de Spalletti ne changera rien à son rendement mais l’attitude du nouveau coach va compter. Alors qu’on s’attend à voir le champion d’Angleterre quitter la ville éternelle pour rejoindre Fenerbahce, son entraîneur va mettre son véto malgré une offre de 15 millions d’euros. Pour justifier sa prise de position, l’ancien coach du Zenit expliquera avoir la recette pour tirer le maximum de son attaquant et que la Roma ne devrait pas se passer d’un joueur d’un tel calibre. Résultat, 27 buts en 35 matchs pour le phénomène. Dans un club qui s’enflamme pour rien, on se demande si Dzeko n’est pas la meilleure chose qui soit arrivée depuis une décennie tant son rendement est stratosphérique. Spalletti expliquait sur son attaquant vedette : « Il marche à la confiance, il faut toujours lui en demander plus ». Conscient du potentiel du « bomber », son entraîneur n’hésite pas à lui faire des reproches pour le stimuler.
Quant au Belge, l’histoire est différente. L’ancien de Cagliari est en train de s’imposer dans un rôle nouveau pour lui. Aujourd’hui, Nainggolan joue derrière l’attaquant dans un rôle de trequartista. A l’instar d’un Simeone Perotta, Spaletti a découvert chez son joueur un talent insoupçonné et a fait de lui un joueur à vocation offensive. Derrière Dzeko – Salah dans un 3-4-1-2 ou plus excentré sur la gauche (comme Kaka au Milan de 2007) dans une variable en 3-4-2-1, le Belge excelle faisant même la meilleure saison de sa carrière au niveau comptable.
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Luciano Spaletti a définitivement fait l’unanimité autant à Rome qu’en Italie. Sa prise de position concernant le Stadio Olimpico et son intervention en faveur d’un nouveau stade pour la Roma sur la chaîne Sky ont conforté les tifosi sur une chose : Spalletti est un des leurs. Le problème réside dans le fait que le Toscan est en fin de contrat en juin 2017 et qu’il a juré de quitter le club si absence de titre il y a. Un départ serait vécu comme séisme pour le club tant son travail est énorme. Alors que des rumeurs envoient Spalletti en Angleterre (Arsenal?), il ne serait pas étonnant que la Juventus ou l’Inter tentent leur chance cet été en cas de départ d’Allegri -qui irait à Arsenal- et de Pioli. Pour éviter les spéculations, les coéquipiers de Daniele De Rossi devront remporter un titre, ça fera des problèmes en moins à régler pour Monchi cet été.
AFP PHOTO / ANDREAS SOLARO