Doucement mais sûrement, l’Atlético reprend son petit rythme de croisière. Revenus à 6 points du leader barcelonais, les coéquipiers d’Antoine Griezmann se replacent dans la course au titre. Ce soir, en Ligue des champions, un déplacement compliqué les attend à Stamford Bridge face à des Blues déjà qualifiés. Quasiment éliminé, il faudrait espérer un faux pas de la Roma face à Qarabag et une victoire face à Chelsea pour espérer voir l’Atlético se qualifier pour les huitièmes. Un mal pour un bien : cela permettra à Diego Simeone de retrouver son premier grand amour, l’Europa League, et d’écrire une dernière page dans son histoire avec les Colchoneros.
Amour de jeunesse
Ce soir à 22h50, l’Atlético sera probablement éliminé de la Ligue des Champions. Récents finalistes de la Ligue des Champions, les Colchoneros risquent de quitter la plus belle compétition par la petite porte. En partie à cause de la double confrontation mal gérée face à Qarabag, l’Atléti se retrouve à devoir faire un exploit à Londres et à espérer que la Roma renoue l’espace d’une soirée avec son ADN de loser. Cette élimination devrait être un mal pour un bien. L’Atlético va retrouver une compétition qu’elle adore jouer. Malgré le fait que Gabi ne soit pas de cet avis, un reversement en Europa pourrait à nouveau donner de la joie aux supporters.
Gabi : "Pour un club comme l'Atlético, l'Europa League c'est de la merde." pic.twitter.com/uvBWbea7VW
— Le Footeux ⚽️ (@Actus_Footeux) November 2, 2017
Depuis 2010, les Colchoneros ont remporté deux éditions en quatre participations. La plus récente, c’était déjà avec Diego Simeone sur le banc. Le technicien argentin arrivé en remplacement de Gregorio Manzano à la mi-saison avait amené l’autre club de Madrid en finale d’Europa League en battant l’Athletic Bilbao de Marcelo Bielsa 3-0. Une saison qui est encore marquée au fer rouge chez les supporters qui n’oublient pas les prestations incroyables de Radamel Falcao durant l’épopée, auteur de 12 buts. Loin de l’équipe actuelle qui respire plus le football, l’Atlético de l’époque c’était Courtois, Ribas Diego, Tiago, Adrian et le capitaine légendaire Antonio Lopez.
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Cette victoire européenne est la deuxième pour l’Atléti après celle de 2010 sous la houlette de Quique Sanchez Flores. Mais c’est aussi la seconde de Diego Simeone. En effet, l’ancien milieu défensif l’a aussi gagnée avec l’Inter en 1998. Face à la Lazio (l’autre grand amour de Cholo le polygame), les Nerazzurri vont remporter pour le troisième fois en huit ans la coupe de l’UEFA. Le Parc des Princes n’oubliera jamais le match de Ronaldo et sa fantastique feinte de corps face au malheureux Luca Marchegiani.
Ronaldo vs Lazio. Unstoppable. pic.twitter.com/WXynNtn5Y6
— 90s Football (@90sfootball) December 2, 2017
Pendant que l’ovni R9 faisait l’amour à Nesta, Negro et Favallo, Cholo et son compère Ze Elias ratissaient pour l’équipe. Pas jaloux, il voyait son compagnon et ami argentin Javier Zanetti inscrire un des plus beaux buts de sa carrière. L’histoire d’amour entre la League Europa et Diego Simeone ne date pas d’hier et risque de se poursuivre. Un titre qui permettrait à Cholo de partir par la grande porte.
Une ère phénoménale
L’idylle entre l’Argentin et l’Atlético Madrid est en train de toucher à sa fin. Malgré les bons résultats du début de saison (une seule défaite face à Chelsea), un sentiment de lassitude a touché les joueurs. Un contenu maigre, reflet d’une fatigue mentale très prononcée. On ne reprochera jamais aux joueurs leur manque d’investissement, mais être coaché par Simeone épuise énormément. Ajoutez à cela sa détermination à proposer du football très rustique et vous avez un des débuts de saison les plus paradoxaux du club. Au niveau comptable, les Colchoneros sont très bien avec 8 victoires et 6 matchs nuls, mais le contenu laisse à désirer.
Madrid really dwarf the other teams with that shot volume.
Barcelona's offense also quite good, yet not Barca-good.
Atletico, really!? pic.twitter.com/haoNYLStj5— 11tegen11 (@11tegen11) October 16, 2017
Le derby face au Real Madrid représente le mieux ce début de saison étrange. Si Simeone nous avait habitués à des matchs ennuyeux face au rival, il a dépassé toutes les limites avec cette purge. Prenez deux équipes qui ne proposent rien d’intéressant, et vous avez une des plus belles bouillies de cette dernière décennie. Peu d’idées offensivement, un milieu renforcé et un Griezmann esseulé auront raison des 70 000 personnes présentes au Wanda Metropolitano.
Atletico Madrid are weird atm. (also, look at Griezmann being lost again) [via @11tegen11] pic.twitter.com/qN35wO9hYY
— Alex Truica (@AlexTruica) November 19, 2017
Face à la demande des joueurs et du public, Simeone va alors déroger à ses idées du début de saison et proposer autre chose. Car il le sait, en continuant ainsi, la saison risque d’être extrêmement longue. Avec un Antoine Griezmann malheureux hors et sur le terrain , il fallait le remettre dans des bonnes conditions pour espérer voir l’Atléti rayonner de nouveau. Quoi de mieux que de le mettre au centre du projet de jeu et de l’associer à Kevin Gameiro ? Le retour de l’ancien parisien dans le XI de départ a permis à Grizzy de retrouver son compère d’attaque favori. Et depuis, le leader d’attaque Colchonero est beaucoup mieux. Décisif à chaque sortie depuis le retour de Gameiro sur le front de l’attaque, Griezmann brille de mille feux. Malgré les difficultés et le scepticisme autour de son équipe, Diego Simeone a remis son équipe sur les bons rails, un énième fois.
Car avant d’être un hystérique qui gesticule sur un banc de touche, Cholo est un entraîneur extraordinaire. Sa longévité à l’Atlético Madrid vaut tous les trophées du monde. Avant d’être le club que l’on connaît maintenant, l’Atléti était considéré à juste titre comme le club le plus instable d’Espagne. Les entraîneurs venaient et repartaient à une vitesse folle. Javier Aguirre, Abel Resino, Quique Sanchez Flores, tous ont eu des résultats positifs au club mais ont fini lessivés. La demande des supporters est forte, mélangée avec la passion pour le football et le complexe d’infériorité face au rival, il est compliqué de combler l’aficionado colchonero. Une année dans ce club en vaut peut être cinq dans une autre. Diego Simeone en est lui à sa septième.
[TopMercato] Atletico Madrid, Albertini : "Simeone est une icône de l'Atlético Madrid" https://t.co/pXg7N0wl21
— Mercato Foot (@MercatoFoot) September 9, 2017
Sept années couronnées de succès . Aujourd’hui, l’Atlético est redevenu un club qui compte en Europe. Les titres ont permis aux Colchoneros d’exister de nouveau et ne plus être catalogués comme le punching-ball du Real Madrid. Une coupe du Roi, une supercoupe d’Espagne, une Europa League, une supercoupe d’Europe et une Liga ont été ajoutés à l’armoire à trophées. Ce qu’a fait Simeone à l’Atletico mérite le respect. Quand on voit à quel point ce club était instable avant son arrivée, cela donne encore plus de crédit à sa réussite. D’ici janvier, l’Argentin va disposer de 100% de son effectif. Diego Costa et Vitolo vont pouvoir revêtir le maillot matelassier. Cette saison 2017-2018 a tout pour être une des plus grandes de l’histoire du club. Car Diego Simeone sera surement considéré à juste titre comme le meilleur entraîneur colchonero de l’histoire. Mais surtout parce que cet effectif est le plus complet de l’histoire du club. Jamais l’Atletico n’a été aussi armé et ça, le club le doit au travail établi depuis l’arrivée de l’ancien entraîneur de River Plate ainsi qu’au travail d’Andrea Berta.
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El Cholo pourrait quitter le club cet été. Si le poste à l’Inter semble être hors d’atteinte, il serait pas étonnant de le voir se présenter en cas d’échec de Sampaoli en Russie. En attendant, profitons encore un peu de l’Atelti de Simeone, avant de devoir tourner une des plus belles pages du football espagnol.
Photo credits : AFP PHOTO / GLYN KIRK