Après un départ très intéressant lors de cette saison 2017-18 (invaincu lors des 5 premières journées du championnat), le SCO d’Angers est allé s’installer tranquillement au fond du classement de la Ligue 1. Cependant, les Angevins ont les moyens de se maintenir et c’est ce qu’ils vont faire.
Parce que Saïd Chabane, Olivier Pickeu, Stéphane Moulin et tout le staff angevin
En juin 2011, Saïd Chabane, le président du club, participe au capital du SCO à hauteur de 10%. Puis, un soir de septembre 2011 et d’une victoire d’Angers 3-1 à Monaco en Ligue 2, il voit un énorme potentiel dans le club. Et les choses s’accélèrent. Il est aujourd’hui l’actionnaire majoritaire du SCO (depuis 2012). L’homme d’affaires a fait ses études à Angers au début des années 1990 avant de se mettre à son compte et de créer sa société d’agroalimentaire, le groupe Cosnelle, en Sarthe, quelques années plus tard. En plus de ça, il est également élu à la CCI sarthoise et repreneur d’Angers Télé. Au club, si le Franco-Algérien est plutôt discret, humble et pas omniprésent, il aime savoir ce qu’il se passe et prendre les décisions. Comme dans ses entreprises. À côté de ça, il laisse travailler le staff et ne le remet surtout pas en question.
Ancien joueur professionnel, Olivier Pickeu est le manager général d’Angers depuis 2006. L’un des meilleurs français. Si l’AS Monaco est venu lui faire les yeux doux plus d’une fois, ce n’est pas pour rien. Il fournit un travail monstrueux à tous les étages et le SCO n’en serait pas là sans lui aujourd’hui. Gentil et abordable, il ne laisse rien au hasard. Il doit tout gérer. Dans une interview accordée à Libération, il explique, que lorsqu’un d’eux marche un peu ou n’est pas à 100%, il se pose plusieurs questions : « Pourquoi ? Parce qu’il est moins bien ? A cause de la fatigue ? Parce qu’il est sollicité par d’autres clubs ? ». Depuis son bureau, qui donne sur le terrain d’entrainement du club, il peut anticiper les problèmes chez certains joueurs et réagir en conséquence.
Stéphane Moulin est à la tête de l’équipe première depuis 7 ans. Qui, en Europe, à part Arsène Wenger à Arsenal, peut se vanter de faire aussi bien ? Avant ça, il a dirigé l’équipe réserve pendant 6 ans. Il a fait une partie de sa carrière de joueur au SCO, entre 1984 et 1990. Bref, il connait très bien le club. En plus de chercher la meilleure formation possible avec les joueurs à disposition, de préparer au mieux les matches, trouver la faille chez l’adversaire, tout ça, il doit faire très attention à ce qu’il dit. En effet, c’est lui qui assure la grande partie de la communication externe du club. Face aux caméras, il y a très peu de mauvaises paroles et il est toujours calme. Il critique peu les arbitres et il est même plutôt du genre à les défendre. Il y a des exceptions, oui. Mais lorsqu’il y a plusieurs injustices dans le même match, il ne faut pas abuser. Ce n’est pas pour rien s’il a reçu, fin 2017, le prix orange France Football. Ce dernier récompense, tous les ans, une personne du football pour sa gentillesse et sa disponibilité avec la presse. À l’image du club, pas question de s’enflammer face aux médias. Il prend match après match. Si son équipe a été mauvaise, il le dit. S’il a été mauvais, il le dit. Si l’adversaire a été meilleur, il le dit aussi.
Seulement 3 personnes citées mais le projet d’Angers est un projet commun où tout le monde est impliqué. Dans une plus ou moins grosse mesure évidemment. On pourrait aller du président à l’intendant du SCO d’Angers. Ce qui est marquant, c’est la confiance qu’il y a entre eux. De plus, s’il y a des choses à dire, elles sont dites, que ça plaise ou non. Rien n’est gardé pour soi et c’est peut-être ce qui fait que ça fonctionne aussi bien et que le club avance.
Parce que le club avance lentement mais sûrement
Le SCO n’est pas du genre à s’emballer. Il sait d’où il vient, ne l’oublie pas et continue de travailler pour devenir un membre permanent de ce beau championnat qu’est la Ligue 1. Après plusieurs échecs à deux ou trois places de la montée (5e en 2010, 6e en 2011, 5e en 2013), Angers a obtenu son billet pour la L1 en terminant 3e de L2 lors de la saison 2014-15.
Si le club fêtera ses 100 ans en 2019, c’est depuis quelques années, un club en pleine construction. Depuis les arrivées de Saïd Chabane, Olivier Pickeu et Stéphane Moulin, c’est un projet qui avance lentement mais sûrement. En 2014, le SCO a inauguré un nouveau centre de formation à la Baumette (siège du club).
Le budget est passé de 9 à 26 millions en 6 ans (depuis l’arrivée de Saïd Chabane). Lors de la saison 2015-16, Angers avait le 18e budget de Ligue 1. 50% des clubs était en déficit et le SCO n’en faisait pas partie. Le club ne veut pas dépenser ce qu’il n’a pas.
C’est peut-être surprenant mais malgré la situation du club et les difficultés, il y a beaucoup de sérénité et de tranquillité. Le SCO d’Angers est conscient de ses faiblesses mais aussi de ses qualités. Il sait qu’il a du retard sur pas mal de clubs de Ligue 1 et qu’il doit travailler encore plus pour combler celui-ci.
Parce que le club est habitué à lutter
Angers n’est pas un top club de Ligue 1 mais il fait avec ses moyens.
9e de Ligue 1 lors de la saison 2015-16, le SCO doit surtout cette place à un énorme début de championnat. En effet, à la mi-saison, le club était sur le podium du championnat avec 31 points (8 victoires, 7 nuls et 4 défaites). Seulement Paris et Monaco devançaient l’ogre angevin. S’ils étaient là, c’est parce que les Scoïstes s’appuyaient sur un bloc très compact et un jeu défensif. Avec 11 buts encaissés, c’était la 2e meilleure défense à cette période. Ils n’étaient peut-être pas attendus et un peu pris à la légère aussi. Ils ont obtenu de très bons résultats et en ont embêté plus d’un. Certes, le jeu angevin ne plaisait pas à tout le monde et n’était pas le plus beau à regarder. Peut-on en vouloir à un promu de se défendre avec ses armes ? La deuxième partie de saison fut un peu plus compliqué avec 19 points en 19 matchs et 27 buts encaissés. Mais l’essentiel était ailleurs, Angers avait assuré son maintien. 9e avec 50 points pour un promu, c’est très honorable.
Lors de la saison 2016-17, à la trêve, le SCO pointait à la 17e place du classement avec le même nombre de point que le 18e, un de plus que le 19e et quatre de plus que le 20e. Encore une fois, les Angevins ont lutté en deuxième partie de saison et ont obtenu leur maintien en terminant à une bonne 12e place avec 10 points d’avance sur le barragiste, Lorient. Et 11 et 12 sur les relégables Nancy et Bastia. Cette saison-là, ils se sont même offert un très beau parcours en Coupe de France avec cette finale face au PSG. Malheureusement pour eux, malgré un beau combat, ils ont fini par s’incliner 1-0 sur un but en fin de match.
Qui voyait Angers se maintenir lors des deux précédentes saisons ? Plus d’une personne imaginait le club descendre. Et pourtant.
De plus, les montées du SCO n’ont jamais été faciles. Le club a obtenu son ticket pour la Ligue 2 lors de la dernière journée de National en 2007 et celui pour la Ligue 1 lors de la dernière journée de Ligue 2 en 2015. Lors de la saison 2014-15, le club était à 8 points de la montée et de la 3e place. Certains ont vite dit que ça recommençait et que le club allait une nouvelle fois échouer dans son objectif. Sauf que si ces personnes ne croient pas au projet, le club y croit, lui.
Parce que le recrutement est intelligent
Pas de folie sur le marché des transferts. Cela ne ressemble pas au club, et de toute manière, il n’en a pas les moyens. Pire, quand des joueurs angevins sont au top, financièrement, le club ne peut pas vraiment les retenir. Mais Angers le sait, c’est un tremplin, ce n’est qu’une étape dans la carrière d’un joueur. Celui-ci va apporter au SCO et le club va l’aider à franchir un palier.
Lors de sa montée en L1 en 2015, le SCO s’est appuyé sur un recrutement composé de joueurs gratuits venant de divisions inférieures. Un nouveau coup d’Olivier Pickeu. Toujours dans Libération, il explique qu’il savait que le SCO aurait « très peu le ballon pendant les matchs » mais qu’il fallait bien « marquer pour se maintenir ». Logique. Du coup, « il fallait miser sur les coups de pieds arrêtés ». Et c’est là que le club a recruté un beau bébé de 90kg et 1,92m : Cheikh Ndoye. 9 buts lors de la saison 2015-16, c’est un pari gagnant. Malgré ça, deux ans après son arrivée, le joueur a quitté le club pour rejoindre l’Angleterre et Birmingham.
Le recrutement est intelligent ? Et Enzo Crivelli alors ? L’attaquant de 22 ans s’est engagé avec Angers pour 4 ans avant la saison 2017-18. Et le moins que l’on puisse dire, c’est que le SCO a cassé sa tirelire. C’est le transfert le plus cher du club du côté des arrivées. Environ 4 millions d’euros. Sur le papier, le joueur a tout pour réussir. Puissant, dur au mal, il possède les valeurs du SCO. Mais sur le terrain, il a beaucoup de mal à trouver sa place et s’imposer. Et après une première partie de saison peu convaincante, il y a déjà des rumeurs de départ en Angleterre ou dans un autre club de Ligue 1. Il faut dire que Karl Toko Ekambi est excellent au poste de buteur. Et puis, entre blessures et suspensions, Enzo Crivelli a finalement peu joué. Affaire à suivre.
Pour son objectif maintien, le club a décidé de faire revenir des anciens de la maison lors du mercato hivernal : Ludovic Butelle et Prince Oniangue.
Pour le premier, c’était un retour très demandé. Les supporters angevins l’ont beaucoup réclamé sur les réseaux sociaux à travers le #BringBackButelle. Alexandre Letellier et Mathieu Michel n’ayant pas réussi à s’imposer, le club s’est penché sur le dossier. À Angers de 2014 à 2016, il avait grandement participé à la montée. Il a ensuite rejoint Bruges au moins de janvier 2016 où il a remporté la Jupiler Pro League et la Supercoupe de Belgique. Il a aussi découvert la Champions League. Quand le SCO l’a contacté, la décision du joueur a été très rapide. Laissé libre par le club belge (il lui resté 6 mois de contrat), Ludovic Butelle est de retour chez lui. De plus, il incarne très bien le club et ses besoins du moment. C’est aussi ce qui plait à Olivier Pickeu et au staff.
Pour le second, c’est un prêt de 6 mois sans option d’achat. Prince Oniangue, lui aussi, a déjà connu le club. Le milieu de terrain avait été prêté par Rennes au SCO lors de la saison 2009-10. Un profil dont Angers a besoin.
Et bientôt le retour de Cheikh Ndoye ?
Parce qu’il n’a plus que ça à jouer
Les Scoïstes ont terminé 2017 en beauté au niveau des coupes nationales avec une qualification pour les 32es de finale de la Coupe de France et une autre pour les quarts de la Coupe de la Ligue. Malheureusement, les deux premiers matchs de 2018 ont mis fin aux espoirs angevins dans ces compétitions. Angers s’est fait sortir par Lorient et Montpellier sur son terrain. Non, après un joli parcours et une finale de Coupe de France en 2017, le SCO ne remettra pas le couvert. Cependant, le SCO ne lâchera pas d’énergie dans les coupes et n’a plus qu’une chose en tête : le maintien en Ligue 1.
Parce que la dalle angevine
C’est ce qui caractérise le SCO (et même le sport à Angers). Cette dalle angevine est née un soir du mois de septembre 2012. Le club était en Ligue 2 et enchainait les victoires à l’arraché. C’est alors, qu’après un nouveau succès sur la pelouse du Gazélec Ajaccio, le milieu de terrain Olivier Auriac, désormais à la retraite, lance un tweet et utilise pour la première fois « la dalle angevine ». Cette expression est restée et elle est même devenue le nom de l’association d’Olivier Auriac et Charles Diers. Elle s’est même étendue au-delà du football puisqu’aujourd’hui, la dalle angevine fait partie des valeurs de toutes les équipes sportives d’Angers. On pourrait la définir par une envie de ne rien lâcher, une solidarité, une volonté de faire les efforts ensemble, un état d’esprit, une valeur de travail…
Parce que Karl Toko Ekambi
Mais où serait le SCO sans KTE ? 17e du classement avant la réception d’Amiens, il ne pourrait pas être beaucoup plus bas mais il y serait. Auteur de 10 buts cette saison, le joueur avait même marqué les 5 derniers buts du club en Ligue 1 avant le doublé de Romain Thomas face à Troyes le week-end dernier (victoire 3-1). 10 buts pour lui sur les 25 d’Angers.
Encore une fois, le comportement du club mais surtout celui du joueur est à souligner. Malgré les grosses sommes proposés par les clubs anglais pour le recruter, KTE est toujours là et ne devrait pas quitter ses copains lors de ce mercato hivernal.
Parce que Thomas Mangani
Malgré ma photo, je vais essayer d’être objectif avec le meilleur joueur de football du monde. Thomas Mangani, c’est une patte gauche exceptionnelle. Une patte gauche élégante et pleine de justesse. Le milieu de terrain du SCO, qui a prolongé son contrat jusqu’en 2020 l’été dernier, est le véritable régulateur de cette équipe. C’est le cœur du SCO d’Angers. Comment le SCO pourrait descendre avec Thomas Mangani dans son équipe ? Qui n’aime pas ce joueur ? DÉNONCEZ-VOUS !
Crédits photos : AFP PHOTO / JEAN-FRANCOIS MONIER