Alors que tout le monde voyait la France et l’Angleterre sortir de leur groupe avant le début de la compétition, il s’avère que c’est finalement la sélection ukrainienne qui a terminé première de celui-ci, sans que personne ne trouve à redire au sujet de cette qualification somme toute logique. De nombreux observateurs voyaient ainsi l’Ukraine terminer dernière de ce groupe B avant que celle-ci ne créée la surprise. Après avoir battu la France et la Turquie et avoir arraché le match nul face à l’Angleterre, les Ukrainiens affrontent aujourd’hui le Portugal pour une place en finale.
Un statut de petit poucet qui va comme un gant à cette équipe
Comme évoqué précédemment, personne n’attendait l’Ukraine à ce niveau. Mais pour aller plus loin, personne ne l’attendait à ce niveau dès la phase de qualifications pour cette coupe d’Europe. En sortant donc première de son groupe devant respectivement la Roumanie, la Serbie et la Suède, elle a impressionné tout le monde puisque ce groupe paraissait très homogène et un écart de six points entre par exemple l’Ukraine (7 points) et la Suède (1 point) était inenvisageable avant le début des qualifications. La sélection ukrainienne s’est dès lors satisfaite de cette position qui prévoyait qu’elle fasse partie des équipes les plus faibles. Cela lui a permis de jouer avec moins de pression tout en étant sûre de ses forces.
Pendant la phase de poules de cet Euro, le même phénomène s’est produit. La France a pris de haut l’Ukraine, cette dernière lui a fait payer cash en profitant des erreurs françaises et en jouant sa partition à la perfection. Contre l’Angleterre, même chose. Ce qui est clairement ressorti de ces deux rencontres, c’est le fait que la sélection ukrainienne savait souffrir sur la durée et exploiter la moindre faille adverse le moment venu. Le match face à la Turquie a mis en exergue ces mêmes qualités à une échelle moins importante, ce qui est finalement logique car la Turquie ne dispose pas des mêmes armes offensives que les deux précédents adversaires ukrainiens. La constante de tous les matchs de l’Ukraine est qu’elle laisse son adversaire faire le jeu. Cela devrait normalement continuer contre le Portugal toute à l’heure, d’autant que le Portugal est une équipe qui sait faire le jeu.
Un jeu académique voire simpliste mais extrêmement efficace
Avec deux buts encaissés et quatre inscrits durant ses trois premiers matchs, l’Ukraine s’appuie avant tout sur une défense solide capable de relancer rapidement pour contre-attaquer. En apercevant la ligne défensive de l’équipe, il est possible de se rendre compte que ces deux spécificités sont nécessaires pour prétendre à une place de titulaire. Les deux centraux, Bondar et Popov, se distinguent effectivement par leur capacité à relancer proprement directement dans la partie de terrain adverse pour prendre au maximum au dépourvu le bloc adverse. Les latéraux sont aussi assez atypiques puisqu’ils semblent davantage être des appuis aux centraux plutôt que des défenseurs en dernier ressort. Ils prennent donc une part moins importante aux attaques.
Cela dit, s’ils sont moins présents offensivement c’est évidemment car l’Ukraine n’en a pas véritablement besoin. Ou du moins, elle n’en n’a pas besoin dans les première phase de ses offensives axées sur la rapidité dans les transitions. Si l’on devait prendre un exemple-type de ces offensives, le premier but des Ukrainiens contre la France en serait un bon cas. Il part d’un long ballon de Khakhlov sur Konoplia qui remet sans trop réfléchir à Tsitaishvili qui frappe et marque. Cette action est relativement symptomatique du style de jeu offensif ukrainien. Pour faire simple, il consiste à envoyer un long ballon sur un joueur excentré presque au bord de la ligne de touche qui fait une course ou pas selon sa distance par rapport à la surface de réparation. Celui-ci recherche par la suite un joueur dans l’axe via une remise, une déviation ou un centre. Le joueur trouvé conclut l’action.
Le tandem Buletsa-Supriaha, véritable poison des défenses
Le premier, Serhiy Buletsa, évolue derrière Supriaha et a cette capacité à pouvoir aider les deux milieux derrière lui dans leurs efforts sans ballon tout en distribuant le jeu et en étant en appui à son attaquant pointe. Il côtoie les sélections ukrainiennes de jeunes depuis maintenant les U17 et a marqué les esprits dès l’origine par, justement, son important volume de jeu. Il ressemble finalement assez bien à un Bruno Fernandes dans le registre. C’est donc un joueur très complet, de facto utile quand il faut changer de système et cette qualité se trouve de pus en plus appréciée dans le football actuel, ce qui fera sans doute du métronome ukrainien l’un des grands talents de la décennie prochaine.
Son compère qui évolue devant lui, Vladyslav Supriaha, est un véritable renard des surfaces. C’est un joueur qui brille par sa vivacité et ses compétences en première intention sont largement visibles notamment quand il reçoit le ballon dans les 11 mètres où il n’hésite pas à tenter sa chance instantanément. Il a également de belles qualités dos au but, tant pour se retourner et frapper comme le montre son but face à l’Angleterre ou jouer en déviation derrière lui. Évoluant actuellement à Dnipro, il a commencé en sélections de jeunes plus tôt que Buletsa avec une première apparition chez les U16, c’est donc un crack reconnu depuis trois ans maintenant en Ukraine.
Là où ces deux joueurs deviennent d’autant plus intéressants, c’est lorsqu’ils sont associés l’un à l’autre. Les aptitudes offensives de Buletsa notamment dans l’accompagnement de Supriaha durant les offensives ukrainiennes permet dès lors à l’Ukraine de se retrouver à deux attaquants complémentaires. Ainsi, un Supriaha conservant le ballon dos au but pourrait parfaitement lancer dans la profondeur un Buletsa qui arrive lancé. De même, Buletsa, de par sa vista, trouve très souvent Supriaha dans les meilleures conditions directement dans la surface de réparation. Impliqué dans trois des quatre buts inscrits par l’Ukraine, il est clair que leur contribution à cette équipe est de la plus haute importance.
La marche pour accéder en finale et plus si affinité semble trop grande pour cette jeune sélection ukrainienne mais il ne faut pas se méprendre, ce ne serait pas la première fois que cette équipe déjouerait les pronostics lors de cet Euro des moins de 19 ans.
Crédit Photo : Mikko Stig / Lehtikuva.