Tariq Lamptey est un jeune anglais qui sait ce qu’il veut. Et au banc de Chelsea il a préféré le couloir de Brighton. Le latéral droit de 20 ans a débarqué chez les Seagulls en janvier dernier et a soigné son Restart. Mieux, depuis le début de l’exercice 2020-21, il a transformé les belles promesses de la saison passée en dynamite. Graham Potter se sent l’âme d’un pyromane et a réservé une jolie place au rapide piston dans son système. Portrait d’une fusée au format poche.
Lamptey et Chelsea, c’est un peu comme un couple de collégiens qui reste accroché pendant le lycée, passe l’étape des études… pour finalement se séparer un mois après avoir emménagé ensemble. Tariq a rejoint les Blues tout jeune. Pourtant, il n’aura joué que trois fois pour l’équipe première. Sa crémaillère à Stamford Bridge s’est bien passée. Seulement, les sirènes de Brighton l’ont séduit et c’est pour Potter que Lamptey quitta son amour de jeunesse. Pour moins de blues et plus de magie.
Lamptey rend Lamp-hard
Harry a sa baguette mais Graham Potter a les clés. Avec environ 3M€ en poche, le coach anglais a libéré Lamptey de la prison d’Azka-banc. Chelsea était attaché à son Tariq maison, mais l’Anglo-ghanéen a choisi l’audace en quittant son club formateur dès ses 19 ans.
Lamptey est né dans la banlieue de Londres et a appris dans la capitale. Si le droitier a commencé à chatouiller le cuir au club de Larkspur Rovers, à 7 ans, il a aimanté les jumelles d’un scout de Chelsea lors d’un tournoi local. Chez les jeunes Bleus, l’Anglais empile alors les passes décisives et les trophées. En 2017-18, les baby Blues réalisent un quadruplé sauce U18.
Tariq apprend aussi à perdre. Deux finales de Youth League échappent à Chelsea mais le futur de Lamptey semble bien tracé. Lampard refait surface à Londres et Franky aime les jeunes. Décembre 2019, Lamptey entre en jeu contre Arsenal. Les Gunners mènent d’un but mais après 31 minutes de Tariq, Chelsea l’emporte finalement (1-2).
Il séduit Lampard. Chelsea veut prolonger son contrat qui expire en 2020. Seulement, le poste de latéral droit est barré par deux rocs : James et Azpilicueta. Et pour ôter ces cailloux de ses crampons, Lamptey choisit de filer à l’anglaise. Selon The Athletic, Wolverhampton, Paris, Lille ou Nice flairent le bon coup. Mais Tariq esquive, direction Brighton. Pour les Blues, l’histoire est partie en Sussex.
Lampard pensait avoir témoigné assez d’affection à son poulain mais Potter avait de meilleures carottes. Du temps de jeu à promettre et une réputation de coach inventif, capable de faire progresser ses joueurs.
Un bavard chez les m(o)uettes
Tariq s’exporte donc dans le sud-est du royaume mais n’est pas installé sur le trône de titulaire sur commande. La pause Covid viendra retarder son baptême à l’Amex Stadium. C’est le 23 juin 2020, à Leicester, que Lamptey étrenne ses premiers galons de titulaire en PL. Le latéral prend part à 8 matches post-confinement, histoire d’exposer ce qu’il a en magasin. Au LampteyMarket : des appuis explosifs, une conduite de balle supersonique et des rayons remplis de prises de risque et de personnalité. Et à l’heure de passer à la caisse, c’est Montoya qui paie la note. Le défenseur n’a plus qu’à poser son fessier hispanique sur le banc.
Dan Burn aussi joue la victime collatérale. «J’ai détesté jouer contre lui, avoue-t-il à The Athletic après des entraînements au poste d’arrière gauche. Je n’arrive pas à l’attraper. Il a un centre de gravité tellement bas qu’il est difficile de l’écarter et de lui enlever le ballon.» Dan n’est pas le seul à qui Lamptey va briser les Burn. Tariq inflige un centre décisif aux Reds (1-3), un carnage et 4 passes clés à Burnley (2-1). Cependant, il doit aussi rayer certaines failles. Parfois pris dans son dos sur de dangereuses passes en profondeur.
Jusqu’ici, Potter l’alignait généralement arrière voire milieu droit dans un 4-4-2. Le coach avait tendance à jongler avec les systèmes. Mais pour 2020-21, place aux 3-4-2-1 ou 3-5-2 et à un invariant : Lamptey est le piston droit indispensable de Brighton.
Hé Tariq, comment tu vas ?
Montoya occupait un rôle plus reculé et son successeur a envoyé cette prudence au Betis. Intrépide, Lamptey profite de la moindre poche d’espace pour se projeter le long de la ligne. Une fois lancé, sa vitesse combinée à sa faculté d’élimination le rendent insaisissable. En plus de faire progresser son équipe vers le but, il est extrêmement volontaire aux abords de la surface. Bien qu’il échoue parfois à trouver des passes intérieures vers des partenaires avancés, l’Anglais compense en multipliant les centres dangereux.
Balle au pied, le piston peut aussi prolonger le plaisir jusqu’à l’intérieur de la surface, zone où il vaut mieux éviter de lui chatouiller les chevilles. Newcastle et MU ont chacun concédé un penalty en fauchant le petit fanfaron. Il faut dire que Lamptey provoque plus de 2 fautes par match, que ce soit lors de ses séances de tango ou plus bas sur le terrain, où il se sort de situations difficile en jouant de sa frêle silhouette.
Tariq Lamptey vs Newcastle:
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— Mohamed (@MoeSquare) September 20, 2020
Mais l’Anglais n’aime pas seulement bouffer la craie. Il sait aussi repiquer à l’entrée du dernier tiers. Il fixe alors les milieux adverses dans l’axe, afin d’ouvrir son couloir aux dédoublements de White ou à un appel vers l’extérieur de « l’ailier droit ». Il peut également trouver un appui central qui orientera la suite de l’action.
Lamptey aime la White
Lamptey est capable d’animer un couloir à lui seul ou presque. Pratique, ses coéquipiers n’ont qu’à se porter en nombre dans la surface pour récolter le fruit de ses provocations. Potter aime aligner un trio très mobile à l’avant. Maupay, Trossard ou Lallana se rapprochent dans l’axe afin de combiner. Laissant le couloir à disposition de Lamptey tout en venant lui proposer dans le demi-espace, histoire de lui remettre ensuite en profondeur. L’Anglais n’a pas l’habitude de lâcher le cuir sans reproposer une solution derrière.
Lamptey, actif jusque dans la surface adverse (via SofaScore).
Évidemment, les montées de Lamptey exposent le côté droit des Seagulls. Certes, sa vitesse lui permet de réaliser des retours impressionnants. Mais Potter mise beaucoup sur Ben White pour compenser les projections du piston. Axe droit ou 6, White est doué pour défendre les grands espaces et vient fermer le couloir quand Lamptey est aspiré.
D’ailleurs, la défense à 3 des Mouettes est essentielle pour faire briller Lamptey. La clique de Potter joue au ballon et cherche à ressortir de derrière. Webster et White vont jouer les aimants à pression : fixer la première ligne adverse pour mieux l’effacer. Ils peuvent allonger leur vision et profiter des déplacements entre les lignes de Maupay ou Lallana, voire de la profondeur amenée par Welbeck. Les centraux ont aussi la qualité de pied pour envoyer des diagonales vers les deux pistons. March et Lamptey se placent haut et donnent de la largeur au jeu.
Les circuits de relance sont nombreux et créents les espaces profitables aux percées de Tariq.
Des pistons aériens
Lorsque le jeu se construit à l’opposé, Lamptey accompagne l’action et arrive lancé pour recevoir le cuir aux 25m. March et surtout Bissouma, la plaque tournante de l’équipe, se font un plaisir de renverser vers lui. À l’instar de March, ses appels sont récompensés. Les deux pistons touchent plus de ballons dans les 30 derniers mètres que n’importe lequel de leurs coéquipiers.
Décisif, Lamptey a ouvert son compteur but contre Tottenham, délivré une assist et provoqué un csc cette saison. Offensivement, tout roule pour lui mais l’équipe a toujours énormément de mal à concrétiser l’emprise qu’elle a sur les rencontres. Les Seagulls cognent beaucoup de poteaux mais ne tapent pas plus haut que la 16ème place du championnat.
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Le joueur de 20 ans peut encore progresser défensivement. Sa taille fait de lui une cible évidente. Sur coup de pied arrêté il est toujours placé devant la ligne basse pour ne pas avoir de marquage et exploser en contre. Il n’en demeure pas moins faible au duel aérien. Problématique, surtout quand l’adversaire va chercher un appui aérien dans sa zone.
Brighton table sur un pressing efficace, via lequel Lamptey est amené à cadrer le latéral adverse. Il est même doué pour anticiper et gicler sur le temps de passe. Ses interceptions à répétition en font une machine à transitions. Les Seagulls subissent rarement mais lorsque le bloc recule, une défense à 5 se dessine. L’opposant est orienté vers les côtés. Tantôt, Tariq ferme l’axe, tantôt il va devoir aller cadrer son vis-à-vis au large, suite à un renversement.
Ivre d’apprendre
S’il est tenace, dans cette situation, le latéral ne parvient pas toujours à contenir son opposant. Ses tacles sont souvent impressionnants mais il commet de nombreuses fautes. Le latéral a connu sa première expulsion à Villa.
Afin de s’améliorer tactiquement, Lamptey peut compter sur Bruno, ancien latéral droit et légende dans le Sussex. Durant sa carrière, le membre du staff ne pouvait pas placer de pointes à 35 km/h, lui. Comme il l’a révélé à The Athletic, l’expérimenté Bruno apprend au bambin à «utiliser son corps et à toujours être dans la bonne position.» À son écoute, Lamptey est «comme une éponge», selon ses mots lancés à SkySport.
Rien d’étonnant, depuis tout jeune il débriefe chaque match avec son père Ahmed. Bon analyste, le daron a également pesé dans le choix de rejoindre Brighton. «Une décision très dure» pour Tariq mais essentielle à sa progression. «Je suis un gars ambitieux, ajoutait-il.»
Résumons : un jeune proche de sa famille, studieux, acharné de travail, toujours souriant et jamais nonchalant sur un terrain. Cliché le Lamptey ? Peut-être, mais toujours maître de ses décisions et fidèle à lui-même depuis son enfance, selon les dires de ses différents éducateurs.
La quatrième relique de Potter
Au vu de ce contexte, difficile de l’imaginer se brûler les ailes. Lamptey a transformé ses prestations en déflagrations en septembre, contre Chelsea ou Newcastle notamment. Bien qu’élu parmi les joueurs du mois en Angleterre, une jolie carte sur Fifa lui a échappé de peu.
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De part ses attributs, malgré un calendrier obèse, Lamptey défie les limites de son corps à chaque match. Potter le sait et tient le bon discours pour préserver sa relique, sans cacher son excitation de le compter dans ses rangs. Et il vaut mieux car Lamptey séduit. Le Bayern aurait tenté le coup cet été. Les sélections aussi se battent pour lui. Le Ghana lui fait la cour mais actuellement, son cœur appartient aux u21 anglais. Tariq gonfle le réservoir de latéraux droits des Three Lions. L’Angleterre s’oriente d’ailleurs vers un système à 3 centraux et Lamptey pourrait lorgner sur la place de piston droit.
Finalement, Lamptey est comme le king de la récré que toutes les filles s’arrachent. Tout avait commencé avec la belle Chelsea mais celle-ci n’a plus que ses billets pour pleurer. Potter n’avait plus fait une si jolie affaire depuis le Nimbus 2000 et tant pis si, pour lui, l’amour s’achète. Les beaux yeux de Lamptey ne valent plus seulement 3 millions. Non. La jeune bombe aux pieds hyperactifs est venue allumer son cœur et son couloir. C’est ça, le vrai tarif Lamptey.
