Mercredi soir, la Ligue 1 organisait son réveillon de Noël avant de laisser ses joueurs partir en vacances. Une trêve hivernale qui intervient après 17 journées seulement et qui voit Lyon être sacré champion d’automne. Quels enseignements peut-on déjà tirer du championnat de France ?
Pour le plus grand bien de nos lecteurs, on ne parlera pas ici du PSG. Ou du moins juste un tout petit peu. Les problèmes parisiens sont connus. Des blessures très nombreuses et un jeu trop peu enthousiasmant. Tuchel nous a fait un joli cadeau. Sous leur sapin, les fans de Liguain ont pu trouver un peu de suspens dans leur championnat préféré. Un cadeau que n’a pas trop apprécié Leonardo, merci Thomas pour les travaux. Penchons nous donc sur la seule compétition où un professionnel du barbecue gagne plus de dix millions d’euros et où une série de deux victoires te relance complètement dans la course à l’Europe.
Il ne pleut plus sur Olympie
Le quatre octobre dernier, l’Olympique Lyonnais reçoit celui de Marseille. Les dieux de l’Olympe sont malheureusement fâchés avec leurs équipes. Après une demie finale de ligue des champions pour l’un et une seconde place en championnat la saison passée pour l’autre, la crise est proche. Il se dit même que le perdant du match y plongerait définitivement. On ne jouait pourtant que la sixième journée. Le match se solde par un résultat nul (1-1), n’arrangeant finalement personne. Les destins des deux clubs se sont bel et bien inversés depuis. Les deux olympiques ne jouent pas de coupe d’Europe cette saison et placent ainsi toutes leurs forces dans le championnat.
Pour l’OL, l’Olympico a eu l’effet d’un déclic. Les 24 tirs tentés et les 70 minutes en supériorité numérique étaient le symbole parfait de ce qui était reproché à l’OL et son coach. Depuis, Rudi Garcia a trouvé une formule qui fonctionne. Onze matchs plus tard, seuls deux nuls viennent ternir un tableau bien propre. Le club reste même sur quatorze rencontres sans défaite, une première depuis près de dix ans. Cette série inédite permet aux Gones de ravir à Lille le titre de champion d’automne grâce à la différence de buts. Les raisons du succès lyonnais sont multiples. Le milieu de terrain et surtout l’influence de Lucas Paqueta y sont pour beaucoup. Heureusement que Reine-Adélaïde voulait jouer l’Europe cette saison !
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Après l’Olympico, Marseille a enchaîné six victoires consécutives en Ligue 1. Sans forcément convaincre dans le jeu, Marseille gagne et se replace. Avec deux matchs en retard, l’OM était même en embuscade pour prendre la tête grâce à ces six points potentiels. On a même entendu des “on joue le titre” en provenance du sud suite à une victoire 2-1 contre Monaco. La machine s’est ensuite enrayée. Une défaite à Rennes, un match nul face à Reims puis une nouvelle défaite face à Angers. Globalement cette fin d’année 2020 est tout de même positive. On peut même déjà parler d’année réussie grâce à la victoire contre Paris en début de saison non ?
Des prétendants trop irréguliers
Ce petit coup de moins bien marseillais est en fait symptomatique des équipes qui lorgnent sur le podium. En prenant six points lors de ses matchs en retard, l’OM recollait à un point de Paris. Derrière, un petit écart qui paraissait pourtant si minime il y a quelques jours vient de se creuser. Avec quatre matchs en l’espace de dix jours, la Ligue 1 s’est offert son boxing day. Dix jours intenses qui ont rebattu toutes les cartes chez les outsiders.
Sur cette période, Rennes est la seule équipe à avoir fait le plein de points. Après avoir connu une longue période de disette en championnat, le SRFC a retrouvé ce qui avait fait sa réussite en début de saison.
Le 4-3-3 de Julien Stéphan permet aux latéraux d’être offensifs et de permuter avec le milieu et l’ailier. Que ce soit les de passes de Bourigeaud ou les percussions de Camavinga, ces qualités se marient très bien et offrent au club de nombreuses options offensives. Que ce soit sur attaque placée ou en phases de transition, les Rennais ont retrouvé du mordant et de l’efficacité. En défense, l’équipe aime presser haut et/ou à la perte du ballon. Le bloc défensif positionné en 4-1-4-1 est très compact et très loin de son but afin de bloquer l’adversaire dans le cœur du jeu. Les Bretons finissent 2020 à la quatrième position, quatre points derrière le PSG.
Derrière, Monaco et Montpellier apparaissent comme les candidats les plus crédibles. Mais en obtenant seulement quatre points lors de ce “boxing day”, les deux équipes ont pris du retard. S’appuyant grandement sur un duo d’attaquants en pleine forme (Ben-Yedder/Volland et Delort/Laborde), les défenses ne répondent pas. L’ASM et le MHSC ont respectivement encaissé 25 et 28 buts. Des résultats encore trop irréguliers qui placent pour le moment les clubs en sixième et huitième positions.
We the North
Si les gens du Nord ont dans les yeux le soleil qu’ils n’ont pas dehors, Enrico Macias avait oublié de préciser que le soleil dans le Nord, il est aussi sur les pelouses. Que ce soit à Bollaert ou Pierre Mauroy, les deux stades sont éclairés par la beauté du football proposé. Et même si le derby du Nord n’a pas répondu aux attentes avec la victoire écrasante du LOSC, la région est fièrement représentée.
En mettant l’extra-sportif de côté, la saison lilloise est pour le moment une grande réussite. Une qualification pour la suite de l’Europa League et une place de dauphin en championnat. De la révélation Botman à la confirmation Sanches sans oublier l’explosion de Bamba ou l’expérience de Yilmaz, les points négatifs sont peu nombreux pour le LOSC. La patte Galtier se fait ressentir dans son 4-4-2. En phase offensive, l’équipe aime s’appuyer sur des latéraux très offensifs. Un des deux milieux descend dans la défense pour occuper les couloirs tandis que le deuxième reste au cœur du jeu. L’ailier repique dans l’axe pour apporter le surnombre entre les lignes ou alors dédoubler pour proposer plus de solutions de centre. L’animation offensive a fait ses preuves.
L'animation offensive lilloise, par ailleurs :
– 3+1 à la relance avec les décrochages de Soumaré axe droit, Sanches en fixation dans l'axe
– 4 offensifs intérieur, avec les ailiers dans les demi-espaces autour de Yazici entre les lignes
– Les latéraux hauts dans les couloirs pic.twitter.com/gVGjUkOF1r— Julien Momont (@JulienMomont) November 8, 2020
Ce dispositif permet également de faire déjouer l’adversaire quand les Dogues n’ont pas la balle. Et si la défense est si performante, c’est parce qu’ils ne sont pas seulement quatre à s’occuper de ce travail. Le dispositif de Galtier engage les attaquants à effectuer un pressing haut. Bien qu’il ne soit pas en réussite statistiquement, Jonathan David aide beaucoup à gêner cette première relance. Le défenseur adverse doit alors allonger sur un côté rendant plus facile la récupération pour les ailiers ou les latéraux. Si la relance est faite dans l’axe, alors l’ailier viendra aider son milieu pour une prise à deux. Avec 12 buts encaissés, Lille est actuellement la deuxième meilleure défense du championnat.
Lens et Brest, les bonbons de la L1
Du côté Lensois, le retour dans l’élite se passe bien, très bien. Une septième place au moment des fêtes et une équipe joueuse qui fait du bien à voir. Le 3-4-1-2 de Franck Haise a très rapidement trouvé ses automatismes. Pressing et récupérations hautes permettent aux Sang et Or de se retrouver directement proche du but adverse pour attaquer. Le pressing à la perte du ballon existe mais est en revanche moins efficace. Le club se retrouve régulièrement en difficulté lors de contres adverses. C’est avant tout cette intensité qui permet aux Lensois d’exercer une pression sur leurs adversaires.
Avec le ballon, la construction est plus directe. Les défenseurs n’hésitent pas à relancer en sautant le milieu. L’attaque passe beaucoup par le numéro 10, généralement Kakuta, qui cherche ensuite à faire jouer ses pistons et ses attaquants. Il n’est pas rare également de voir un défenseur garder la balle au pied afin d’attirer un attaquant. La ligne de trois derrière permet ainsi de relancer proprement en trouvant un milieu plus libre. De nombreuses individualités se distinguent à Lens. Les révélations Badé et Kalimuendo, les bons paris Clauss ou encore Ganago. Mais la volonté collective montrée par le RCL est de bonne augure pour la suite.
À Brest aussi on aime le beau football. La grisaille bretonne laisse place à de belles couleurs sur le terrain. Malgré une onzième place, les joueurs de Dall’Oglio pratiquent un des plus beaux foot du championnat. Jeu en une touche entre les lignes, renversements, prises des couloirs par les latéraux et les ailiers pour délivrer des centres dévastateurs. Voilà la base du jeu offensif de l’équipe qui compte 28 buts en 17 matchs. 28 buts dont 5 seulement pour Cardona, meilleur buteur du club. Le danger peut venir de partout. Avec une rigueur défensive plus importante (31 buts encaissés), l’équipe aurait assurément bien plus que 23 points au compteur.
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23 points, c’est le même total que le FC Metz qui ne devrait pas jouer le maintien cette saison ! Quatre points devant les deux équipes se classe Angers. Le SCO continue sur sa dynamique des saisons précédentes. Il faudra également surveiller la seconde partie de saison de Nice et le possible réveil des Aiglons. Quant à Bordeaux… non rien en fait.
Crédit photo : Dave Winter / Icon Sport