Cette saison, la Serie A se montre particulièrement disputée. Après plus de neuf ans de dynastie sur le football italien, la Juventus pourrait bien être détrônée par un club milanais. Si au début de saison, la tendance penchait pour l’AC Milan, c’est bien l’Inter Milan qui se positionne désormais comme grand favori. Retour sur la saison des Nerazzurri qui a tout pour devenir glorieuse.
Conte l’architecte
Il est impossible de commencer cette analyse sans évoquer Antonio Conte. Sur le banc de l’Inter Milan depuis mai 2019, l’entraîneur italien réalise un travail monstrueux. L’Internazionale s’est parfaitement adaptée à la fameuse patte du tacticien transalpin et son fameux 3-5-2.
Cela faisait très longtemps que la formation milanaise n’avait pas eu un aussi grand tacticien sur son banc. Preuve en est, il est à ce jour l’entraîneur de l’histoire du club (avec plus de 30 matchs disputés sur le banc) à avoir la moyenne de points par match la plus élevée (2,03). D’un point de vue tactique, Antonio Conte est parvenu à faire de cette Inter une machine. Les Interistes s’adaptent parfaitement à leur adversaire, tout en imposant leur philosophie.
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Une équipe capable de défendre en bloc bas, laissant la possession à l’adversaire et se montrant véritablement destructrice sur les attaques rapides. L’Inter gère à la perfection les transitions et les temps forts-temps faibles. Si l’Inter se montre solide en bloc bas, elle est aussi capable de prendre le contrôle du match. En bloc haut, les hommes d’Antonio Conte réussissent à avoir la maîtrise technique avec de longues phases de possession. Peu d’équipes de Serie A (à part l’Atalanta) se montrent aussi performantes en attaque rapide que placée. Tout le mérite revient à Conte.
Décrié au début de saison notamment après l’élimination en Ligue des champions avec les fameux «Conte Out», le tacticien italien a remis les pendules à l’heure en prouvant que c’est bien lui l’homme de la situation. Dans une interview accordée à la Gazzetta dello Sport il y a quelques jours, Lautaro Martinez n’a d’ailleurs pas hésité à rendre hommage à son entraineur : «Conte m’a fait changer d’avis. Un jour, il m’a convoqué dans son bureau et nous avons parlé de tout, pas que de football. C’est à partir de ce moment que ma carrière a changé.»
Effectif de qualité
Autre facteur de réussite, c’est forcément l’effectif milanais. Celui-ci est très certainement le mieux fourni du championnat italien. En défense, la solidité est de taille avec le trio De Vrij-Skriniar-Bastoni. Sur les longues phases de domination, cette défense ne rompt pas et se montre justement encore plus solide. Prenons l’exemple de la victoire de l’Inter Milan face à la Lazio (3-1) mi-février : les Romains ont dominé sans jamais réussir à faire tomber ce mur lombard. Dans les couloirs, Hakimi s’est parfaitement adapté au championnat italien et Perisic retrouve peu à peu une place de titulaire. Deux pistons avec un rôle très important dans ce 3-5-2 puisqu’ils ne cessent de multiplier les efforts défensifs et surtout offensifs.
Au milieu, Barella et Brozovic illuminent ce collectif par leur complémentarité. La paire, élément indispensable du dispositif d’Antonio Conte, impressionne par son aisance technique et tactique. Les deux milieux de terrain sont les moteurs du technicien transalpin : ils donnent le rythme à cette équipe et remportent très souvent la bataille de l’entrejeu. Cerise sur le gâteau, le duo Lukaku-Lautaro Martinez en attaque qui se montre chirurgicale dans les moments forts. Preuve en est, c’est le duo d’attaque le plus prolifique du championnat avec 31 buts inscrits.
En plus de ce onze titulaire très fourni, l’Inter Milan dispose d’une profondeur de banc lui permettant d’opérer des changements pertinents qui ne viennent pas freiner la dynamique. Exemple ce week-end contre le Genoa (3-0) avec Matteo Darmian. Le latéral italien a joué 84 minutes et a réalisé une très grosse prestation, couronnée par un but. Annoncé sur le départ cet hiver, Christian Eriksen est la véritable révélation de cette deuxième partie de saison. L’international danois s’est réconcilié avec Antonio Conte et retrouve ses meilleures sensations. Un retour au top niveau qui lui a permis de trouver une place de titulaire. Mais il est aussi possible d’ajouter Vidal, Sanchez, Gagliardini ou D’Ambrosio afin de mettre en exergue la profondeur de banc qualitative de cette équipe.
Une situation avantageuse
Actuellement en tête de la Serie A, l’Inter Milan dispose de 56 points soit trois longueurs d’avance sur son dauphin, l’AC Milan. Un retournement de situation qui s’est opéré après la trêve de janvier. Les Rossoneri ont marqué un coup d’arrêt alors que les Nerazzurri ont passé la vitesse supérieure. La bande de Lukaku reste sur une série impressionnante de six victoires en sept matchs avec 17 buts inscrits pour un seul concédé. L’Inter enchaîne les victoires, surtout face aux concurrents directs : 2-0 contre la Juve, 3-0 contre le Milan ou encore 3-1 contre la Lazio.
Éliminée en phase de poule de Ligue des champions, l’Inter Milan a transformé cet échec européen en «avantage». En effet, le Milan, la Juve et la Roma sont toujours en lice en Europe. En pleine confiance et avec un calendrier moins chargé, les Nerazurri sont dans une situation avantageuse dans cette course au titre. Sur les cinq matchs à venir, l’Inter affrontera l’Atalanta. Mis à part ce derby lombard, les Milanais ne seront opposés qu’à des équipes de seconde partie de tableau ou du ventre mou : Parme, le Torino, Sassuolo et Bologne.
17-1 – #Inter have won six of their last seven games in #SerieA (D1), scoring 17 goals and conceding only once in the process. Sprint.#InterGenoa pic.twitter.com/gial3joDmG
— OptaPaolo (@OptaPaolo) February 28, 2021
L’Inter Milan aborde très clairement cette fin de saison dans la peau du favori. Mais, prudence tout de même, cette Serie A réserve toujours son lot de surprises.
Révolution institutionnelle
Alors qu’un nouveau logo et un nouveau nom, «Inter Milano», ont été annoncés ces dernières semaines, le club devrait connaître un changement plus brutal dans l’institution. En effet, l’Inter est en vente et un changement de propriétaire devrait intervenir à la fin de la saison. Si cette information avait été démentie au mois de janvier, la tendance actuelle est totalement différente.
Le club a même communiqué à ce sujet le week-end dernier : «Notre actionnariat est en pourparlers afin de fournir une série de solutions pour les domaines de la structure du capital et la gestion de la trésorerie (…) En ce sens, Suning a nommé des consultants et des conseillers en Asie afin de trouver des partenaires stratégiques, utiles à la fois sous forme d’apports de capitaux mais pas uniquement.»
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Suning, qui détient près de 68,55% du capital du club, travaille activement pour trouver un successeur. Une décision qui s’explique par des résultats financiers dans le rouge. En effet, les pertes sur la saison 2019-2020 s’élèveraient à près de 100 millions d’euros en partie à cause de la pandémie mondiale. Par ailleurs, l’élimination en phase de poule de Ligue des champions n’a pas arrangé les choses.
Pour succéder au groupe Suning, BC Partners semble être le plus sérieux prétendant. Ce fond d’investissement britannique a entamé des négociations avec la direction actuelle de l’Internazionale. BC Partners aurait déjà posé 800 millions d’euros sur la table. D’autres investisseurs sont aussi très intéressés par un possible rachat du monument lombard comme Public Investment Fund (groupe saoudien) ou encore Fortress (groupe américain).
Steven Zhang pourrait bel et bien clôturer son aventure lombarde à la fin de saison. Le président chinois de l’Inter Milan a conscience de la situation et aimerait terminer la saison en beauté avec ce fameux Scudetto. Un titre que l’Inter Milan n’a pas remporté depuis 2010.
Crédit photo : Icon Sport.