[Futsal] Euro 2022, le bilan des qualifications

Ce mercredi, la campagne de qualifications pour le prochain Euro de futsal s’est achevée, après des mois de parcours pas mal perturbés par le Covid-19. Tour d’horizon des heureux élus qui s’affronteront aux Pays-Bas à partir du 19 janvier 2022.

Avant d’entrer dans le vif du sujet, petit rappel des règles qui ont régi ces qualifications. Pour chaque tournoi international de futsal, celles-ci sont divisées en plusieurs phases. Une première phase de poules réservée aux nations aux plus faibles indices UEFA Futsal, puis une seconde, où les premiers qualifiés rejoignent le reste des concurrents plus huppés. Huit poules de 4 sont alors constituées, avec match aller et retour au programme.

L’Euro auparavant à 12 étant élargi à 16 équipes, le 1er de chaque groupe se qualifie directement, ainsi que les six meilleurs 2e. Les deux moins bons dauphins s’affronteront dans un barrage aller-retour. Le dernier ticket revient à l’hôte, les Pays-Bas. Place au jeu !

Les grands sans trembler

Espagne, Italie, Russie, Kazakhstan, Azerbaïdjan

Ceux-là figuraient parmi les équipes qui, comme attendu avant le début des rencontres, n’ont eu aucune difficulté à valider leur billet. L’Espagne est celle qui a sans doute le plus impressionné en plantant 46 buts sur ses 6 rencontres, n’en concédant que 3. Certes, la Lettonie et la Suisse ont fait office de sparring partners, mais de tels chiffres donnent le tournis. Du sérieux également face au seul adversaire dangereux du groupe, la Slovénie, tout en procédant à une belle revue d’effectif, en clair : Voilà le grand favori pour prendre sa 8e couronne continentale.

A l’instar de son équipe de football, l’Italie était elle attendue au tournant et devait vite remettre sur pied une équipe opérationnelle après avoir loupé la qualification pour la Coupe du monde (de 2020, repoussée à Septembre 2021). Mission accomplie avec un quasi sans-faute dans un groupe sans grand concurrent direct mais avec deux outsiders pour le prix d’un (Finlande, Belgique, Monténégro).

Sans doute pas encore revenue au niveau des tout meilleurs, la Nazionale a ravivé quelques doutes en s’inclinant piteusement en Belgique (5-4), son premier revers dans l’histoire des qualifications européennes, même si elle était certes déjà qualifiée à ce moment-là. Difficile de dire si l’Italie pourra se battre pour un 3e titre européen, alors le sélectionneur Massimiliano Bellarte a déjà annoncé vouloir affronter plusieurs cadors en guise de préparation d’ici à la phase finale.

Enfin, les 3 nations plus à l’est ne vous sont sans doute pas familières dans l’univers du ballon rond, mais rien de surprenant à les voir ici quand il s’agit de futsal, les sélections de l’ex-URSS étant peuplées à différent degrés de joueurs brésiliens naturalisés. La Russie, quasiment toujours dans le dernier carré de tous les tournois a réalisé le sans-faute face à la France, la Géorgie et l’Arménie.

Sa seule période de doute de la campagne aura duré 10 minutes contre les Bleus, pour le reste la Sbornaya a déroulé. Même constat du côté du Kazakhstan, demi-finaliste des deux dernières éditions, qui totalise 30 buts en 6 matchs, seconde attaque des qualifications. Enfin, l’Azerbaïdjan, quart de finaliste en 2018, n’affiche pas de scores fleuves et même un match nul en Slovaquie (1-1) mais une relative tranquillité dans une poule faible (Moldavie, Grèce, Slovaquie).

Les bons élèves

Slovénie, Slovaquie, Finlande

Trois cas bien distincts avec la même récompense au bout : une 2e place directement qualificative pour la phase finale. Pas de grands enseignements à tirer du parcours slovène. L’hôte et quart de finaliste du dernier Euro aura fait son possible pour faire tomber l’Espagne, sans succès, empilant les buts à l’instar de la Roja dans les autres rencontres, pour 4 victoires.

A l’opposé du spectre, on trouve la Slovaquie. Petite sélection n’ayant jamais disputé de tournoi international, longtemps laissée complètement de côté par sa propre fédération, balayée sur la route du dernier Euro ainsi qu’en match amical en décembre dernier par la France (5-0).

La Slovaquie a finalement tiré le gros lot cette année avec un groupe abordable et l’ouverture à une 2e place directement qualificative. Une chance directement saisie. Un seul revers à signaler pour la 1e journée en Azerbaïdjan, deux scores fleuves contre la Grèce et une fin de parcours à souligner avec un nul contre l’ogre azéri et un succès 4-0 sur le concurrent moldave.

Reste donc la Finlande, qui se trouve quelque part à la croisée entre ces deux exemples. Pas de tournoi international à son actif mais une progression durant les dernières années qui force le respect. En 2013, la fédération finlandaise a fait appel à Mico Martic, coach croate de son état, lequel a révolutionné le développement de la discipline chez les Huuhkajat.

Lors des qualifications bien plus élitistes pour la Coupe du monde, la Finlande avait provoqué un véritable séisme en tenant en échec le Portugal et l’Italie, éjectant la Squadra Azzurra de la course, avant de s’incliner pour un petit but contre la Serbie sur un barrage aller-retour (1-0, 5-5). Deux ans plus tard, l’Italie s’est offerte deux revanches pour le prix d’une. Malgré cela, la grande cohérence tactique de la Finlande lui a ouvert les portes de son premier tournoi.

Ni le Monténégro ni la Belgique, qui s’était offert une « finale » pour la qualification en battant une Italie déjà ailleurs, n’ont pu faire déjouer les hommes de Mico Martic. Capables d’alterner pressing haut et bloc bas, évoluant sur un tempo lent plutôt inhabituel en phase de possession mais d’une redoutable justesse, les finlandais se sont imposés 3-2 contre la Belgique. Une belle récompense pour ce groupe dont la quasi intégralité des membres joue au pays, seuls deux d’entre eux évoluant à Mantova, en Serie A italienne.

La Finlande devient ainsi l’une des 4 nations à qualifier une équipe pour le prochain Euro de futsal, de football masculin et de football féminin avec l’Espagne, l’Italie et la Russie. Tout ce que vous saviez de ce pays se limitait à Teemu Pukki, Kimi Räikkönen et le Père Noël, vous savez désormais qu’il se débrouille très bien côté ballon rond.

Le retour en force

Croatie, Ukraine

Sacrifiée sur l’autel de la surprise française lors des barrages pour l’Euro 2018, puis incapable de se relever à temps pour rallier le Mondial 2020, la Croatie semble enfin de retour à en juger par son excellente campagne de qualifications. Grosse variété offensive, des individualités qui performent, l’équipe au damier n’a fait qu’une bouchée du Danemark et de l’Albanie sur la route de son sans-faute.

Dernier adversaire du groupe, l’Ukraine, qui, avec son statut d’habitué semblable à celui de son rival n’a pas su se qualifier pour la Coupe du monde. Les jaunes n’auront pas battu la Croatie et même subi un gros revers à domicile (2-7) mais inscrit autant de buts qu’elle (28) malgré un match manquant au compteur. En effet, sa dernière rencontre face à l’Albanie a été annulée pour cause de Covid. Décision de l’UEFA en attente concernant le sort des Ukrainiens, bien que leur qualification devrait être actée au vu des 9 points collectés qui les placent déjà parmi les meilleurs 2e de groupe.

La surprise

Bosnie-Herzégovine

C’est le gros bouleversement dans les rapports de force entre pays de l’ex-Yougoslavie. Si la Croatie et la Serbie ont pris part à une grande partie des tournois internationaux de futsal depuis leur création, la Bosnie n’existait pas encore sur la carte du monde du ballon rond des parquets. Dans un groupe comprenant… la Serbie justement, et la Roumanie, il était attendu que la Bosnie tente au mieux de bien figurer face à la Macédoine du Nord pour ne pas finir dernière.

Que les Dragons s’imposent contre les Macédoniens 2-1 pour la 1e journée n’avait pas grand-chose de surprenant. En revanche, tout a basculé dès la deuxième rencontre. La Bosnie s’est imposée 4-2 chez l’ennemi serbe, bouleversant complètement la hiérarchie. Victorieux par la suite 2-3 puis 5-0 contre l’autre favori, la Roumanie, les Bosniens ont mis de façon complètement inattendue la concurrence dans le rétroviseur.

Bilan, une 1re place et une qualification acquises dès la quatrième journée. Un seul revers, lors de la dernière rencontre contre une Serbie qui elle, jouait sa vie (1-3). Peut-être de quoi calmer un petit peu les ardeurs bosniennes, mais certainement pas la curiosité suscitée à travers cette campagne.

La (mauvaise) surprise

France – Géorgie

2018 était l’année du cocorico pour le futsal français, qui voyait sa sélection disputer un tournoi international pour la 1e fois. 2022, en revanche, restera comme l’année du premier couac. La France ne s’est pas qualifiée pour le mondial 2020, écartée logiquement par l’Espagne et la Serbie au terme d’une campagne où elle avait quand même confirmé son changement de statut (victoires sur la Belgique et la Suisse, nul contre l’Ukraine). Pour continuer leur progression, les Bleus ne devaient en revanche pas manquer l’occasion de rallier un Euro élargi, à travers une campagne facilitée par leurs précédents résultats.

Exemptée de tour préliminaire pour la première fois, la France héritait dans son groupe de l’intouchable Russie, puis de la Géorgie et de l’Albanie, issues du tour préliminaire. Et tout est allé de travers. D’entrée, deux nuls inquiétants contre la Géorgie et en Arménie (4-4) ont donné le ton. Pour tenter de rallier directement l’Euro, il fallait déjà tenter d’arracher un point à la Russie. Mission impossible, revers 2-3 et 5-1. Restait la perspective de décrocher ce qui aurait sans doute été une place en barrages en terminant par deux victoires : là encore manqué.

Dans un match compilant toutes les difficultés relevées durant les matchs précédents: sautes de concentration, manque d’efficacité offensive, plan de jeu sans doute mal défini et manque global de solutions sur trop de plans, la France s’incline en Géorgie contre la colonie brésilienne locale (3-2). Et prend ainsi la porte avant même le dernier match, laissant les Géorgiens filer vers leur premier Euro. La traversée du désert jusqu’aux qualifications au mondial de 2024 s’annonce très longue, et forcément mouvementée au sein du groupe Bleu qui va nécessairement devoir tourner une page pour la première fois de son histoire.

Le barrage

Serbie, Biélorussie

Un mauvais élève et un autre petit nouveau s’affronteront dans le barrages entre les moins bons 2e de groupe pour l’ultime ticket. Le mauvais élève serbe tout d’abord a largement déçu, concédant 3 nuls plus un revers contre la surprise bosnienne. Très souvent présente dans les tournois majeurs, la Serbie se retrouve en barrages pour le 3e tournoi de suite. Sauf que cette fois, elle n’a pas l’excuse de la forte concurrence puisqu’elle était censée être la favorite du groupe et une seconde place avait 6 chances sur 8 d’être directement qualificative.

La voilà donc contrainte d’affronter la Biélorussie, issue du groupe le plus… bizarre ? Un groupe où le Kazakhstan a écrasé tout le monde, mais où l’incompréhension a régné derrière. La Biélorussie s’est incliné d’entrée contre Israël et la Hongrie, a ensuite écrasé les Israéliens… 14-0 (?). C’est à n’y rien comprendre, au bout du compte les Biélorusses ont reçu la Hongrie lors de l’ultime journée pour une « finale » et se sont imposés. Le barrage face aux Serbes s’annonce aussi improbable qu’imprévisible, surtout que le public a déjà fait son retour dans les salles tout à l’est de l’Europe. La magie de Minsk.

La bulle

Portugal, Pologne

On en termine avec le champion en titre, le Portugal, qui aura peiné dans un groupe rendu encore plus compliqué que prévu par le Covid.

Si l’on exclut la très modeste Norvège, la Seleção devait s’employer pour assurer des résultats contre la République Tchèque et la Pologne. Les Portugais ont alterné match nul et victoire contre leurs deux principaux adversaires, ont perdu leur star et capitaine Ricardinho sur blessure dès la 2e journée (sa saison est terminée) ainsi que son lieutenant Cardinal, fer de lance de l’équipe.

Pour couronner le tout, la plupart des matchs du groupe ont été joués au même endroit, à Lodz, en Pologne, pour pallier au fait que certaines sélections ne pouvaient pas se déplacer dans certains pays selon les mesures sanitaires en vigueur.

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Bloqué dans un statut quo avec ses rivaux pendant 4 matchs, le Portugal a eu la fin de calendrier en sa faveur, recevant deux fois la faible Norvège, qui ne pouvait pas recevoir les délégations étrangères chez elle, pour boucler sa campagne. Les Norvégiens n’ayant inscrit qu’un seul but avant de croiser la route des champions en titre, il n’y aura eu ni suspense ni surprise et le Portugal s’est enfin assuré de pouvoir aller défendre sa couronne.

Pour la seconde place, Polonais et Tchèques se seront affrontés deux fois de suite sur les deux dernières journées. Autant de rencontres à couteux tirés en raison de leur égalité au classement. Score de 3-3 sur la première, et donc là aussi, une finale pour boucler les qualifications. Dans un match fou, c’est la Pologne qui s’impose 8-5 au finish.

Ces qualifications vers un Euro ouvert auront été l’occasion de se distinguer pour des sélections qu’il aurait été impossible de voir dans l’ancien format restreint. Reste à voir désormais lesquelles tiendront le choc face aux géants habituels, et pourront bousculer une hiérarchie solidement établie. Qui pour succéder au Portugal pour cette 12e édition de l’Euro de futsal ? La réponse s’écrit à partir du 19 janvier prochain.

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