Gennaro Gattuso est parvenu à relancer une équipe de Naples en perte totale de confiance. Cette saison, ses joueurs ont enchaîné le bon et le moins bon mais restent toujours dans la course à la Ligue des champions. Sous la houlette du champion du monde 2006, cette équipe napolitaine impressionne en cette fin de saison. Et il est certain que Il Rino en est pour quelque chose. Décryptage.
Une saison synonyme de montagnes russes
Irrégulier, tel est l’adjectif qui qualifie la saison du Napoli. Avec une moyenne de points/match de 1,87 (moyenne la plus élevée de Gattuso dans sa carrière d’entraineur), le Napoli pointe actuellement à la 5e place de la Serie A avec 67 points. Les Partenopei ont seulement deux petites longueurs de retard sur l’Atalanta, la Juve et l’AC Milan, virtuellement qualifiés pour la Ligue des Champions. À moins de quatre journées de la clôture du championnat, la course à la Champions s’annonce acharnée.
Le Napoli a très bien entamé cette saison 2020-2021 en obtenant des succès éloquents : 6-0 contre le Genoa, 4-1 contre l’Atalanta ou encore 4-0 contre la Roma. Après 11 journées, la bande à Gattuso pointait à la seconde place du championnat italien.
Puis l’hiver arriva et aura été destructeur pour le club du Vésuve. Les deux défaites consécutives contre l’Inter Milan (1-0) et la Lazio (2-0), concurrents directs, ont marqué un coup d’arrêt. Deux revers durant lesquels Gattuso va perdre deux titulaires sur blessure, à savoir Dries Mertens contre l’Inter et Herving Lozano contre la Lazio.
Ce sont justement les nombreuses blessures qui sont venues handicaper le Napoli tout au long de cet exercice : de Mertens à Insigne en passant par Koulibaly ou Demme. L’infirmerie affichait souvent complète, au grand désarroi de Gattuso. Ce dernier a très souvent dû bricoler pour pallier à ces absences. Mais les changements de dispositif ou de style de jeu n’ont pas été efficaces. À la mi-saison, le Napoli se retrouvait au sixième rang.
Pour beaucoup, la saison du club italien sonnait alors comme un échec, et une qualification en Ligue des champions comme une vaste utopie. Touchée mais pas coulée, la bande à Insigne est parvenue à se relancer à la fin du mois de février. Et c’est bien l’élimination en seizième de finale de Ligue Europa qui a servi de déclic à cette équipe.
Depuis cet échec européen, le Napoli a enchaîné les victoires. Invaincu lors des onze dernières journées, le club de Campanie s’est relancé et est revenu dans la course effrénée à la C1, profitant de la méforme milanaise et turinoise. Un joli retour ponctué par des succès obtenus contre l’AC Milan (1-0), la Roma (2-0) ou encore la Lazio (5-2).
Les Napolitains sont toujours dans la course à la Champions League, avec en leur faveur un calendrier favorable. Sur les quatre derniers matches à jouer, les partenaires de Koulibaly affronteront respectivement la Spezia, l’Udinese, la Fiorentina et l’Hellas Verone. Mis à part la Spezia, ce sont des équipes qui n’ont plus rien à jouer. Ce week-end, la cité du Vésuve aura les yeux rivés vers Turin pour la confrontation directe entre la Juventus et l’AC Milan.
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Du progrès chez Gattuso
Très souvent critiqué pour ses lacunes au niveau tactique, Gennaro Gattuso a connu une véritable progression en Campanie. Tout en gardant son fort caractère, l’ancien entraîneur du Milan est parvenu à faire de son Napoli une équipe joueuse, avec une véritable identité et un projet de jeu cohérent. Tactiquement, les Napolitains démontrent une plus grosse maîtrise.
Dans ce 4-2-3-1, l’équipe de Gattuso propose un football offensif basé sur la possession. C’est justement lorsqu’ils enchaînent les longues séquences de passes que les Napolitains se montrent efficaces. Et cela grâce à la paire du milieu : Piotr Zielinski-Fabian Ruiz. Le tacticien de 43 ans a vu juste en positionnant le Polonais dans une position de meneur avec derrière lui, en regista, l’Espagnol.
Un choix très judicieux signé Gattuso. Zielinski est au sommet de son art cette saison comme en témoignent ses 8 passes décisives (meilleur total de sa carrière). Dans une position plus reculée, Fabian Ruiz est à l’aise en venant chercher les ballons bas pour ensuite chercher Zielinski qui dans cette position de trequartista illumine les offensives de son équipe. Cette paire est l’arme fatale des Napolitains : Fabian Ruiz le moteur, Piotr Zielinski le chef d’orchestre.
Véritable meneur d’hommes, Gennaro Gattuso est parvenu à relancer certains de ses joueurs. Le meilleur exemple est Lorenzo Insigne qui a retrouvé son meilleur niveau : avec 17 buts en 31 matches, le capitaine napolitain n’était pas parvenu à atteindre ce nombre de réalisations depuis la saison 2016-2017.
Sous les ordres de Gattuso, le Napoli pratique donc un football offensif basé sur la possession et la recherche perpétuelle de la maîtrise technique et aussi tactique. Des principes de jeu qui n’ont pas toujours été récompensés, faute d’un cruel manque de réalisme.
Pourtant, le Napoli est l’équipe de Serie A qui tire le plus (16,9 tirs/match). Exemple parfait le week-end dernier contre Cagliari (1-1) : la domination napolitaine était très nette, les occasions se multipliaient. Et finalement, Cagliari a égalisé en toute fin de rencontre.
Avec ce bloc haut, les hommes de Gennaro Gattuso parviennent très souvent à récupérer le ballon sur les premiers pressings. Mais une fois ce premier rideau dépassé par l’adversaire, le Napoli se retrouve en grande difficulté défensive. Les largesses défensives sont le point faible de cette équipe qui est incapable de subir le jeu et se fait trop souvent surprendre à cause d’un repli délicat.
Un défaut que Gattuso ne parvient pas à gommer. Face à des équipes très offensives et explosives, les Partenopei se retrouvent dépassés et incapables de résister. Lors de la 23e journée contre l’Atalanta Bergame (le meilleur exemple), l’addition est salée : défaite 4-2, avec quatre buts concédés en 25 minutes.
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Bruits de couloir, silence institutionnel
Alors que le Napoli réalise une fin de saison impressionnante, dans les coulisses, l’ambiance est un peu plus morose. En effet, les relations entre Gattuso et De Laurentiis ne sont pas au beau fixe. Pour de nombreux médias italiens, les deux parties vont se séparer à l’issue de la saison.
Une situation assez floue, d’autant plus qu’aucune des deux parties n’a pour le moment communiqué officiellement. Le président de Naples attendrait la fin de saison pour se séparer de Gattuso et le nom de son successeur serait même déjà connu : il s’agirait de Luciano Spalletti.
En vue de la situation et de son bon travail, les rumeurs persistent aussi concernant le futur de Gennaro Gattuso. Les deux destinations plausibles sont la Roma et la Fiorentina. La première option est tombée à l’eau depuis l’annonce de l’arrivée de José Mourinho pour la saison prochaine. En revanche pour le club toscan, l’hypothèse est très concrète. Une rencontre aurait déjà eu lieu entre Rocco Commisso, propriétaire de la Fiorentina, et l’entraîneur du Napoli pour discuter du projet florentin.
Ce dernier pourrait être une opportunité intéressante, la Fiorentina étant en pleine reconstruction et souhaitant mettre la jeunesse au coeur du projet. Un argument qui ne laisse pas insensible Il Rino. La tendance actuelle penche sur une séparation entre le Napoli et Gattuso. Néanmoins, la fin de saison pourrait bien changer les choses. Si les Napolitains parviennent à se qualifier pour la Ligue des champions, alors il n’est pas impossible de voir le champion du monde 2006 rester en Campanie.
Une chose est sûre, Gennaro Gattuso est en train de monter un projet de jeu intéressant à Naples et qui semble en plus fonctionner. L’ancien numéro 8 italien a retrouvé la confiance de son collectif et les résultats sont bons. Avec deux-trois recrues cet été et plus de temps (indispensable pour un entraîneur), le Napoli de Gattuso a de quoi montrer de belles choses à l’avenir. Il faudra attendre la fin de la saison, dans quelques semaines, pour y voir plus clair.
Crédit photo : Icon Sport.