Bielsa : Rendez-vous le 1er juillet

Alors que le 1er juin était devenu une date mémorable dans l’histoire du rap français, celle du 1er juillet va le devenir dans le paysage du foot français. Le gourou du football mondial est de retour aux affaires et il va prendre ses quartiers dans le Nord. Alors qu’on n’arrivait pas à imaginer le deal se faire, Gérard Lopez a tenu parole, Marcelo Bielsa va bien s’engager avec Lille. Si son arrivée surprend tant l’environnement ne correspond pas au tempérament de l’Argentin, le nouveau propriétaire a joué un rôle clé dans l’arrivée de l’ancien sélectionneur de l’Albiceleste. Ami de longue date de Lopez, il était le premier choix du Luxembourgeois qui ne se voyait pas reprendre le LOSC (ni l’OM) sans faire le venir. Avec le retour d’El Loco, la Ligue 1 confirme son attractivité et la saison 2017-2018 s’annonce flamboyante. Si Bielsa ne change pas d’avis entre temps…

Campos-Bielsa, le duo inattendu

Qui aurait pu penser un jour que le mentor de Pep Guardiola viendrait à Lille ? Sûrement pas les médias et encore moins les lunaires supporters de l’OM qui pensaient que Bielsa avait signé un pacte d’exclusivité avec les ciel & blanc. La vérité est autre part, le projet de Gégé Lopez est parfait pour l’Argentin. Un propriétaire qui est surtout son ami, des jeunes joueurs talentueux en pagaille et un cadre parfait. Pour l’anecdote, Monchi a voulu faire signer Bielsa plus d’une fois mais ce dernier a refusé l’offre des Andalous à cause de sa proximité avec le directeur sportif espagnol. Il estimait qu’à tout moment, le club chercherait à le virer et un potentiel départ mettrait fin à l’amitié entre les deux. Une gamberge digne de Bielsa et que seul lui peut comprendre.

A Lille, il aura du temps et n’aura pas la pression du résultat, son but sera de valoriser le plus possible son effectif pour faire de la plus-value. La vraie interrogation réside dans la cohabitation future avec Luis Campos. Les doutes fusent, les deux ont la réputation d’avoir les pleins pouvoirs partout où ils sont passés. Une potentielle guerre d’égo aurait pu les refroidir. Considérés comme étant des références à leurs postes, Bielsa et Campos savent qu’ils vont énormément apprendre en se fréquentant au quotidien. La faim d’apprendre est tellement forte chez eux qu’elle peut dépasser des éventuels états d’âme. Pour la première fois, l’Argentin va pouvoir compter sur un directeur sportif qui suit autant voire plus le foot que lui, ce qui va faciliter le travail de scouting. L’ancien boss de l’ASM se rapproche énormément d’El Loco sur certains points. Son amour pour les pépites françaises a surpris durant son passage sur le rocher. Campos pense que la France possède les jeunes les plus talentueux dans son championnat. Les différents mercatos ont confirmé ses propos élogieux envers les jeunes Français.

Benjamin Mendy est le trait d’union entre les deux nouveaux hommes forts du LOSC : les deux étaient plus que convaincus par le talent de l’ancien Marseillais alors que plus grand monde n’espérait grand chose de lui. Pareil pour Fares Bahlouli : avant de rejoindre Monaco, on parlait d’un intérêt concret de l’OM et surtout de Marcelo Bielsa pour le jeune Lyonnais. Il ralliera la Turbie pour 2,5 millions. L’occasion pour les trois de se retrouver au domaine de Luchin en juillet.

Au delà de l’aspect recrutement, la présence du Portugais permettra à l’entraîneur d’avoir un œil différent sur le jugement des jeunes du centre. Si le Losc a toujours sorti 2-3  bons jeunes par période, le club ronronne dans ce secteur depuis plusieurs saisons. Si Origi, Bissouma et Traoré (recruté par Campos à Monaco ) font figure d’exceptions, les Dogues voient le RC Lens et même Valenciennes depuis quelques années sortir de meilleures jeunes. Le nouveau duo peut raviver la flamme de ce côté et les supporters lillois peuvent espérer voir le prochain Hazard au stade Pierre Mauroy.  D’ici l’arrivée du technicien de Rosario, il va se passer 5 mois durant lesquels El Loco va préparer le terrain calmement.

Minimum 5 mois, si je viens !

Cela peut paraître énorme et pourtant 5 mois chez Marcelo Bielsa est le temps minimum pour préparer son arrivée tranquillement. Pour vous faire une idée, l’Argentin avait commencé son « audit » sur l’OM en mars avant d’officialiser le deal en mai. Un laps de temps qui a permis à l’ancien coach marseillais de connaître parfaitement l’effectif pro, U17, U19, de construire son staff, de visionner les 48 matchs lors de l’exercice précédent, de préparer le mercato et une fiche individuelle pour chaque joueur. Un travail acharné pour arriver dans les meilleures conditions, un gain de temps non négligeable pour un coach qui mange foot, dort foot, respire foot.

Lorsqu’il est annoncé du côté de la Lazio, Bielsa n’a pas tâté le terrain comme il a pu le faire à Marseille. 4 semaines de négociations avec Lotito et des demandes non respectées auront raison de lui. Avec l’Argentin, tout doit être réglé en temps et en heure sous peine qu’il fasse volt-face à la dernière seconde. On n’oublie pas qu’il était à deux doigts de claquer la porte après le mercato estival de 2014 de l’Olympique de Marseille. Alors qu’il propose 8 joueurs à Labrune pour renforcer l’équipe, aucun ne viendra et il voit même son président décider à sa place. Pendant que le technicien veut s’appuyer sur Lucas Mendès, il voit le Brésilien plier bagages à la surprise générale et Doria signer à sa place. Alors qu’il avait donné son accord sur Barrada, Michy et Alessandrini, l’Argentin n’est pas consulté concernant l’arrivée du défenseur de Botafogo. Un imbroglio qui a failli coûter très cher à l’homme le plus détesté du paysage marseillais. N’ayant pas sa langue dans sa poche, le coach va gratifier les médias d’une conférence de presse surréaliste dans laquelle il va tirer à boulets rouges sur son tendre et cher président.

Déjà au travail, on a pu voir le néo-lillois visionner les U19 en Gambardella. Avec Frank Passi en mission jusqu’à la fin de la saison, il pourra compter sur un homme qu’il connaît parfaitement pour maintenir le club. El Local a annoncé en conférence de presse que Bielsa n’interférerait pas dans son travail avant sa nomination, mais les deux vont échanger énormément durant la mission maintien malgré les propos du coach. Si les 5 mois avant l’intronisation de l’ancien sélectionneur de l’Albiceleste semblent être une éternité, les Lillois peuvent s’estimer heureux d’avoir dans leurs rangs une véritable légende. C’est tout le paysage de la Ligue 1 qui retrouve le sourire après des années à devoir se coltiner des coachs médiocres. La donne est en train de changer.

Crédits photos :  AFP PHOTO / CLAUDIO SANTANA

+1

« Ce que je sais de la morale, c’est au football que je le dois.»