Très souvent, le foot dépasse l’unique cadre du sport. Il peut aussi rimer avec lutte, égalité, avancées sociales… Cependant, il peut également être la cause de conflits en raison des fortes rivalités qu’il génère. Et on ne parle pas des simples rivalités familiales car ton frère est supporter de Lyon et toi de l’OM. Non, le foot peut engendrer des conflits internationaux. En quatre événements, personnalités, actes, voici comment le foot peut marquer l’Histoire.
Andrew Watson
Ce nom ne vous dit probablement rien mais ce joueur a marqué l’histoire du football mondial à jamais. En effet, il est considéré comme le premier joueur noir à avoir évolué à un niveau international. Né en 1856 en Guyane Britannique, il a en réalité de la chance car il naît 23 ans après l’abolition de l’esclavage au Royaume-Uni. Avant cela il n’aurait sans doute pas pu laisser parler son talent.
Assez polyvalent, il est tout aussi à l’aise latéral droit que latéral gauche. International écossais, il est sélectionné 3 fois avec l’équipe nationale. Le début de sa carrière se passe en Écosse puis il signe à Swits FC en banlieue londonienne en 1882 où il devient le premier joueur noir à disputer la Coupe d’Angleterre. Icône de tout un peuple, il montre que le football n’est pas réservé qu’aux Blancs et que le sport permet l’égalité des chances. Malheureusement, la présence des médias est trop faible à son époque et on ne parlera de lui qu’à titre posthume en même temps que d’autres symboles du ‘’black power’’ comme Angela Davis ou Nelson Mandela. Le foot fut l’une des causes de ce vent d’égalité.
Pour la biographie complète de Watson c’est ici que ça se passe (et il faut savoir parler anglais les fake bilingues).
L’équipe du Front de Libération Nationale algérien (FLN)
Fondée le 13 avril 1958 pendant la Guerre d’Algérie, cette sélection était constituée de joueurs pros algériens ou d’origine algérienne évoluant en Division 1 (ancienne Ligue 1). Si ces joueurs rejoignent cette sélection ‘’dissidente’’ c’est pour protester contre les massacres fréquents en Algérie de l’armée française et plus généralement pour lutter pour l’indépendance de l’Algérie. La sélection n’est pas reconnue par les instances du football mondial mais va jouer des matchs clandestins jusqu’en 1962 (la fin de la guerre avec les Accords d’Evian). L’équipe devient alors l’équipe d’Algérie que l’on connaît aujourd’hui.
Plus qu’un message envoyé à l’occupant français et aux ligues d’extrême-droite, c’est une véritable lutte qui a lieu. L’objectif est de prouver que l’Algérie peut se développer seule, sans aide extérieure, et participer à son rayonnement culturel par elle-même. Un communiqué du FLN du 15 avril 1958 affirme que les joueurs de cette sélection sont des « patriotes prêts à tout sacrifier pour l’indépendance de leur Nation ». 4 ans après sa création, le message transmis par la sélection du FLN est passé : l’Algérie devient un État indépendant.
Honduras VS Salvador en 1969
8 juin 1969, match de qualification pour la Coupe du Monde 1970 : le Honduras s’impose 1 but à 0 après un but à la dernière minute de jeu. Enfin c’est un peu plus compliqué que ça… En effet, 24 heures avant a lieu une grève des enseignants honduriens qui jettent des clous sur les chaussées. Ironie du sort, le bus de la sélection salvadorienne est touché et un sentiment de tension se fait sentir entre les deux équipes. L’hôtel des Salvadoriens est cerné par des Honduriens pour les empêcher de dormir. En raison de la défaite de son pays, Amelia Bolanios se suicide. Le match retour, prévu le 15 juin 1969 au Salvador, est placé sous la haute surveillance de l’armée. Mais l’équipe du Honduras voit son hôtel incendié et doit déménager vers un autre hôtel. Là, elle est soumise par les Salvadoriens au même régime de privation de sommeil. Cette fois-ci ce sont les Honduriens qui s’inclinent 3-0. A la suite de cela, des échauffourées éclatent entre les supporters des deux nations et deux Honduriens sont mortellement blessés.
Apprenant les faits, les Honduriens cherchent à se venger et s’en prennent aux résidents salvadoriens. Le 26 juin, est disputé le match qui les départagera et le Salvador s’impose 3 buts à 2 à Mexico. La rivalité socio-sportive s’étend alors à une véritable guerre diplomatique entre les deux pays. En deux semaines, plus de 20 000 Salvadoriens vivant aux Honduras sont expulsés. Le 14 juillet, un avion en provenance du Salvador lâche une bombe sur Tegucigalpa, la capitale hondurienne. La Guerre de Cent Heures débute alors. Pendant 4 jours et 4 nuits, les deux pays vont s’affronter pour un bilan total de 18 000 victimes. Le foot fut la cause de ce conflit.
Les Tigres d’Arkan
Željko Ražnatović, dit ‘’Arkan’’ est un chef de guerre yougoslave qui figurait de son vivant dans la liste des criminels les plus recherchés d’Interpol. En 1983, il est nommé chef du groupe d’ultras de l’Étoile Rouge Belgrade. L’objectif est très clair : essayer de canaliser ces supporters plutôt sanguins. Arkan y parvient, mais plus que ça, il forme petit à petit une milice sous ses ordres. Il va notamment organiser une énorme bagarre entre les supporters de l’Étoile Rouge et ceux du Dynamo Zagreb dans une période où les tensions Serbie-Croatie sont fortes. Une haine entre ces deux nations se forme alors car Arkan l’a décidé. En octobre 1990, Arkan forme Les Tigres d’Arkan en collaboration avec 20 ultras de l’Étoile Rouge pour ‘’défendre la Serbie contre les Croates’’. Avec l’indépendance de la Croatie, de plus en plus de Serbes rejoignent les Tigres. Pour le gouvernement yougoslave le message est clair : partout où Arkan veut le chaos, le chaos a lieu. Le groupe paramilitaire intervient pour la première fois à Erdut, petit village croate, pour y effectuer un « nettoyage ». Ce territoire est alors annexé par la Serbie et le village devient le camp d’entraînement des Tigres. Cette micro-armée servira par la suite au « nettoyage » frontalier de plusieurs villages comme Erdut. Dissout en avril 1996, ce groupe va par la suite intégrer l’armée régulière serbe et les soldats de cette milice sont considérés comme des stars en Serbie.