RB Leipzig, le Porto 2.0

Pendant plus d’une décennie Porto a régalé l’Europe de ses pépites aux noms exotiques et à la technique soignée. Aujourd’hui, c’est le RB Leipzig qui rayonne dans ce domaine avec un modèle évolué, modernisé et plus adapté au développement de ses jeunes joueurs. Retour sur le fonctionnement d’un club qui donne des ailes…

Falcao, Hulk, James Rodriguez, Joao Moutinho… La liste est longue et variée, résultat d’un travail acharné que toute l’Europe a admiré. Cette liste, c’est celle des joueurs que le FC Porto nous a fait découvrir et qui constituait la véritable base de son modèle. Des achats peu chers et donc peu risqués et des reventes à prix d’or pour des joueurs que tout le monde s’arrachait. Mais aujourd’hui le FC Porto a levé le pied. Moins de pépites qui sortent mais aussi et surtout moins de pépites qui rentrent. Un modèle que le club ne veut plus ou ne peut plus assumer, un modèle aujourd’hui incarné par d’autres clubs, Monaco en premier lieu mais aussi un club moins connu, le RB Leipzig, ancien club de quatrième division allemande racheté en 2008 par le propriétaire de la marque Red Bull, qui a mis sur pied un modèle aussi parfait économiquement que sportivement.

Le RB Leipzig c’est au départ une idée folle, à l’image d’une carrière d’entrepreneur, celle de Dietrich Mateschitz, propriétaire de la marque Red Bull qui veut acheter un club en Allemagne pour le faire monter en Bundesliga. Faisant face à un certain nombre de refus, il rachète un petit club de la banlieue de Leipzig et promet d’y investir 100 millions en dix ans pour tenir le pari de monter en Bundesliga dans les prochaines années. On allait bientôt découvrir que ce qu’on pensait inimaginable allait en fait se réaliser. En 2016, Leipzig finit deuxième de 2.Bundesliga et s’ouvre les portes de la première division. Une consécration pour un club parti de rien et qui a construit son équipe sur des investissements bien sentis. Car le modèle économique de Leipzig n’a rien à voir avec celui d’un investissement à outrance, à la recherche de stars et de résultat immédiat. Pourtant si le club de l’Est allemand n’a pas les stars, il a bien les résultats. Et ces résultats, il les doit beaucoup à une bande de jeunes repérés dans d’autres clubs allemands et achetés pour une poignée de millions à chaque fois. Pulsen, Kaiser, Kimmich… Ils étaient tous déjà là en troisième division. Mais parmi eux, Joshua Kimmich a un rôle à part. Celui de baroudeur pour un club qui s’initie à un nouvel exercice : la plus-value à la revente.

Quelle aurait été l’histoire si Joshua Kimmich était resté ? Nul ne peut le savoir, mais si Joshua Kimmich n’a aidé le RB Leipzig que pendant deux saisons pour sa réussite sportive, il a donné bien plus pour le modèle de gestion : une véritable leçon, un cas d’école duquel il faut apprendre pour le reproduire… en mieux. Formé à Stuttgart, le jeune défenseur est remarqué par les recruteurs du RB Leipzig, alors en troisième division. Il débarque dans le club à la pleine croissance pour la somme de 500 000 euros, pas négligeable pour un club de troisième division. Oui mais voilà, Stuttgart a aussi senti le bon coup et insère une clause de rachat pour 1,5 millions d’euros. Deux ans plus tard, l’espoir allemand quitte Leipzig pour rejoindre le Bayern Munich. A la clé, la somme de 8,5 millions d’euros, somme que Stuttgart empoche après avoir acquis de nouveau les droits de Kimmich. Finalement, Leipzig ne fait une plus-value que d’un million d’euros mais cette histoire leur a fait comprendre une chose : les jeunes joueurs à fort potentiel rapportent de l’argent. C’est ainsi qu’en août dernier on apprenait la signature de Naby Keita à Liverpool pour l’été 2018. Un transfert qui dépassera très certainement les 70 millions d’euros, une fortune pour un joueur dont la Ligue 2 n’a pas voulu et qui a su trouver une main tendue au Red Bull Salzbourg, l’autre pilier du modèle initié par la marque de boissons énergisantes…

Le Vitesse Arnhem pour Chelsea, Le Cercle Bruges pour Monaco et le Red Bull Salzbourg pour Leipzig… Les clubs satellites ne sont désormais plus une révolution ni un luxe de clubs riches mais bien un investissement. Le rôle d’un club satellite est concrètement celui d’un incubateur sportif. Un incubateur dans lequel on intègre un certain nombre de jeunes joueurs au potentiel supposé et grâce auquel la maison mère peut alimenter ses effectifs en ne gardant que les meilleurs jeunes. Keita, Sabitzer, Upamecano… Salzbourg tourne à plein régime pour fournir Leipzig en pépites. Il faut dire que la vraie force du duo Leipzig-Salzbourg par rapport aux autres est le niveau du club satellite. Car Salzbourg c’est le doublé coupe-championnat en Autriche sans discontinuer depuis 2014 et c’est aussi une participation récurrente à la Ligue des Champions. C’est pourquoi les jeunes qui arrivent à Leipzig n’ont aucune crainte lorsqu’il faut affronter le Borussia Dortmund ou le Bayern Munich. Ils ont déjà acquis une expérience du très haut niveau, loin des projecteurs mais très prolifique pour eux comme pour le RB Leipzig qui peut lancer sans problème ses jeunes pousses dans le grand bain.

La recette fonctionne si bien que des nouveaux chaînons font peu à peu leur apparition : Red Bull Brasil et Red Bull Ghana, deux clubs de football ayant pour but de repérer des jeunes joueurs dans leur environnement respectif pour ensuite envoyer les meilleurs en Europe. Une chaîne qui a déjà été complétée par un des pensionnaires du RB Leipzig, un certain Bernardo passé par le Red Bull Brasil, Salzburg et aujourd’hui défenseur gauche de Leipzig.

Quoiqu’il en soit, nous sommes avec le groupe Red Bull face à une véritable industrie dont le fruit est le développement de jeunes joueurs. Une industrie qui tourne à plein régime et où tous les chaînons travaillent main dans la main pour abonder le marché de nouveaux noms prometteurs. A eux désormais d’impressionner l’Allemagne, d’impressionner l’Europe et de voler de leurs propres ailes…

 

CREDITS PHOTO : Sport221.com

0

Quand les gens sont d'accords avec moi, j'ai toujours le sentiment que je dois me tromper.