Retraité depuis 2010, Brahim Thiam s’offre une deuxième jeunesse. Il a troqué les crampons pour les micros de BeIN SPORTS, où il sévit en tant que consultant pour les matchs Ligue 1 Conforama, de l’UEFA Champions League, et des clubs français en UEFA Europa League. Retour sur la carrière bien remplie de l’ex-international malien, ainsi que sur sa vision du football actuel.
Cette interview a été réalisée au début du mois de février, alors que les matchs aller de Coupe d’Europe n’avait pas été disputés.
Peux-tu nous rappeler ton parcours de joueur professionnel ?
C’est un long parcours commencé à Montpellier, club dans lequel j’ai été formé et où j’ai intégré le groupe professionnel en 1992-1993. S’en est suivi un parcours dans divers clubs de Bourges, en passant par Saint-Denis Saint-Leu, puis j’ai fait un crochet de deux années en Espagne (Levante et Malaga), avant de revenir en France et au Red Star pour deux saisons. J’ai ensuite mis le cap au Sud de la France, à Istres, où je suis resté quatre ans, puis j’ai posé mes valises en Normandie et plus précisément à Caen pendant trois ans et demi. Pour finir j’ai signé à Reims où j’ai fini ma carrière en 2010.
Tu as été finaliste du Tournoi de Toulon en 1993 avec l’équipe de France, que retiens-tu de cette expérience ?
Cela a été pour moi une première expérience avec le football de haut niveau en jeune avec une vraie adversité. Coté anglais, en finale il y avait Redknapp ou encore Mc Mannaman qui ont confirmé leur potentiel au niveau professionnel. C’est un très bon souvenir même si nous avons perdu 1-0.
Que retiens-tu de ton passage en Liga ? Quels ont été l’équipe et l’attaquant qui t’ont le plus marqué ?
La Liga, selon moi, c’est le Graal pour un joueur de foot et c’est une petite récompense pour le travail et les sacrifices réalisés pour atteindre, et encore plus pour maintenir, sa place à ce niveau.
Parmi les grands joueurs que j’ai pu croiser et ceux qui m’ont posé le plus de problèmes, je retiens Sylvain Wiltord, Milan Baros ou encore Fred à l’époque de la grosse domination lyonnaise sur la Ligue 1.
Tu as choisi d’évoluer sous les couleurs du pays de ton père. Qu’as-tu pensé du débat sur les bi-nationaux qui a défrayé la chronique il y a quelques années ?
C’est un choix personnel et chacun est libre de faire ce qu’il veut dans la mesure où il y a la possibilité de changer durant son parcours professionnel. Après il faut faire attention dans sa communication et ne pas déclarer des choses pour faire l’inverse par la suite. Selon moi, c’est un atout de pouvoir changer mais il ne faut pas que ce soit uniquement un choix par défaut sinon ça peut, et c’est tout à fait compréhensible, être mal perçu.
En Algérie et au Maroc, un débat a eu lieu à propos du recours aux binationaux. As-tu rencontré des problèmes d’intégration au sein de la sélection malienne avec des « locaux » ?
Non pas du tout, il n’y a jamais eu de problème bien au contraire. Les locaux plus jeunes ou plus anciens m’ont tout de suite mis à l’aise et ont tout fait pour faciliter mon intégration. Après, il y a des différences entre les pays même si nous sommes sur le même continent. Par la suite, faisant partie des anciens, j’ai veillé à intégrer du mieux possible tous les nouveaux joueurs en faisant abstraction de leurs origines.
Te sachant attaché au PSG, quelle a été ta réaction quand Luis Fernandez est venu te chercher pour signer à Reims ?
Ce qui m’a convaincu, c’est le projet présenté par Luis Fernandez, surtout sa personnalité et pas le fait qu’il ait rencontré les succès qu’on lui connaît avec le club phare de la capitale. S’il avait entraîné des clubs moins huppés, ça n’aurait pas influé sur ma décision.
En tant qu’ancien commentateur de la Domino’s Ligue 2, quelles équipes vois-tu accompagner Reims, qui est bien parti pour rejoindre l’élite ?
La lutte est serrée, c’est compliqué de se mouiller mais je dirais Ajaccio !
Tu fais partie de la Team Multi L1 de BeIn Sports. Quels sont tes pronostics pour cette fin de saison qui s’annonce palpitante ?
En haut du classement : PSG, Lyon, Marseille, Monaco dans l’ordre et pour la cinquième place, ça va se jouer entre Nantes ou Montpellier. Pour la descente par contre je ne peux pas te faire de pronostics, car même si Metz est mal parti, avec une belle série, ils sont de nouveau dans la course. Pour les autres équipes, il y a tellement de clubs concernés que je ne peux pas me mouiller.
Qu’est-ce que ton parcours de joueurs pro t’apporte dans ton rôle de consultant ?
Dans mon analyse j’essaye d’apporter mon expérience, mon vécu et le ressenti d’un joueur pro.
Ta reconversion ne t’éloigne pas du monde du football. Ton souhait était-il de rester dans cet environnement ?
Rester dans le monde du foot était une piste de reconversion et comme l’opportunité s’est présentée à moi, j’ai accepté avec plaisir de faire partie de cette aventure.
Si tu n’avais pas été consultant, dans quoi te serais-tu lancé ?
La vente de champagne.
Souvent des anciens joueurs se lancent dans une carrière d’entraîneur. Souhaites-tu un jour tenter l’aventure sur un banc de touche ?
Même si j’aime bien ce rôle, cela ne m’a pas du tout traversé l’esprit de franchir le pas.
Tu as commenté des matchs de la CAN, quelle analyse portes-tu sur le football africain et son évolution ?
Il y a eu de belles évolutions mais nous sommes encore loin de l’excellence dans ces pays-là. La qualité des joueurs est présente, c’est indéniable, mais il faut continuer à progresser dans le professionnalisme et le sérieux.
Quel parcours penses-tu que les pays africains réaliseront dans cette compétition ? Quelle sera ton équipe « chouchou » ?
Le Maroc ! Ils ont un groupe relevé, mais pour l’équipe et l’entraîneur (Hervé Renard, Ndlr), c’est la sélection que je vais suivre.
Dans cette équipe, quel est le joueur qui te marque le plus ?
Pour moi, malgré les divers grands joueurs qui compensent cette sélection, c’est Boutaïb.
Pour revenir en France, où penses-tu que le parcours des Bleus va s’arrêter en Russie cet été ?
J’espère qu’ils vont atteindre la finale.
C’est U10, on doit se mouiller ! Quel est le selon toi l’équipe qui va remporter cette compétition ?
La France !
Tu as commenté des matchs de l’Europa League, comment vois-tu le parcours des clubs français dans cette compétition ? Et hors clubs français qui est ton favori ?
Outre le fait que je vais commenter leurs rencontres (rires), je pense que l’OGC Nice ira le plus loin, ou peut-être Marseille. En club étrangers, je miserais sur Arsenal ou Dortmund.
Crédit photo : FRED DUFOUR / AFP