Avant d’être le meilleur latéral gauche du monde, Marcelo a du faire ses preuves. Retour sur la carrière d’un phénomène devenu légende.
Long a été le chemin parcouru par le chevelu numéro 12 du Real Madrid. Marcelo da Silva Junior, plus couramment appelé Marcelo ou @MarceloTwelve pour les adeptes d’Instagram est un joueur d’un autre monde. L’arrière gauche de la Casa Blanca se positionne aujourd’hui comme la référence à son poste Avant d’en arriver là, le vice-capitaine du Real a mangé son pain noir pendant de longues années. De l’époque funeste de Ramón Calderón, en passant par la concurrence de Fabio Coentrao, le Brésilien a du prouver avant de devenir une légende du Real Madrid et un des meilleurs arrières gauches de l’histoire du football moderne.
Destins liés
« Je jure devant Dieu que je pensais y aller juste pour discuter ». Cette déclaration aurait pu venir d’un gars de Grigny s’expliquant au commissariat le lendemain d’une rixe dans le 94. Et pourtant, elle provient de Marcelo. Nous sommes en 2006 lorsque le petit arrière gauche de Fluminense débarque au Real Madrid. Alors qu’on l’annonce comme le futur grand latéral gauche de la Seleçao, tout s’accélère pour lui. Découvert pendant le championnat d’Amérique du Sud en 2005, il va éblouir les recruteurs par son activité et son pied gauche dangereux. Il est considéré à juste titre comme un des joueurs les plus prometteurs de Fluminense et du Brésil. Et c’est un coup du destin qui va propulser sa carrière. L’élimination du Brésil face à l’équipe de France durant la coupe du monde 2006 va entraîner une révolution au sein de la sélection auriverde. Les trentenaires sont priés de laisser leurs places aux plus jeunes. La passation de pouvoir se fait brusquement mais elle permet à certains jeunes joueurs d’être sélectionnés, et c’est le cas pour Marcelo. En Août 2006, il est convoqué pour la première fois à 18 ans sans pour autant entrer en jeu.
A cette époque, le Real Madrid ne ressemblait en rien à celui d’aujourd’hui que ce soit au niveau des résultats et de la politique sportive. Sous la présidence de Ramón Calderón, la Maison Blanche ne recrute pas des galactiques mais plutôt des futurs galactiques. Marcelo répond parfaitement à ce critère. Alors qu’il est censé assumer la succession de Roberto Carlos en sélection, voila qu’il est missionné pour faire de même sous le maillot du Real. Le joueur n’imagine pas ce qu’il se passe en coulisses. La moitié de l’Europe le courtise : l’Olympique Lyonnais, le Betis Séville et le FC Séville lui font la cour pendant de longues semaines, convaincus par le talent de l’arrière gauche. C’est même le club rojiblanco qui tiendrait la corde pour le signer. La stabilité du club andalou conjuguée à la forte colonie brésilienne composée de Renato, Dani Alves, Adriano entre autres semble le convaincre. Mais encore une fois, le destin a décidé de tout chambouler. Un appel qui va changer une vie. La voix de cet agent inconnu résonne encore comme une douce mélodie dans l’oreille de Marcelo.
« Tu veux aller au Real?«
L’adolescent de 18 ans ne comprend pas. Qu’est-ce qu’un gamin à peine majeur irait faire dans le plus grand club du monde ? Flatté, il répond « Oui » et veut épouser le projet de Ramón Calderón dès que possible.
C’est en Novembre 2006 que la vie de Marcelo va changer. A bord d’un trajet direct Rio – Madrid, il est invité par la Casa Blanca, accompagné par son agent. Sauf que ce dernier ne lui a encore rien annoncé, tout est OK avec le Real Madrid, il manque juste la signature du joueur. A son arrivée, il paraphe un contrat de cinq ans avec le club madrilène. Marcelo rejoint finalement une autre communauté brésilienne, celle de Robinho, Emerson, Ronaldo, Julio Baptista et de son idole Roberto Carlos. Lui veut « marcher sur les pas de son modèle » mais sait qu’il devra travailler énormément avant d’y arriver. Lucide malgré son jeune âge, le néo madrilène voit son avenir en Cantera dans un premier temps. Refus catégorique de Fabio Capello l’entraîneur de l’époque. « Marcelo s’entraînera avec l’équipe première et jouera quand il sera prêt ». Des paroles aux actes, le néo merengue ouvre son compteur minute au Riazor face à la Corogne.
Une bonne étoile
450 matchs plus tard, Marcelo est devenu une légende du plus grand club au monde. 12 comme son numéro mais aussi son nombre de saisons au club. Il est rentré dans le cœur des supporters mais a surtout rempli son armoire à trophées. Entre le premier titre de champion en 2007 au Mondial des clubs glané cet hiver face au Gremio, le Real Madrid a raflé 14 trophées. Mais c’est surtout individuellement que Marcelo s’est affirmé. Malgré un statut de futur crack, la carrière du Brésilien n’a pas été un longue fleuve tranquille. Souvent critiqué pour ses errements défensifs à son arrivée en Europe, le grand ami de Cristiano Ronaldo s’est réfugié dans le travail. Capello a été le premier à pointer ses lacunes mais ne l’a jamais incriminé pour autant. Le coach italien avait déjà gérer un joueur de ce type avec Cafu à l’AS Roma. A l’époque, il n’avait pas hésité à le couver face aux critiques. Alors qu’il aurait pu être assimilé aux flops à l’instar de Gago, Van der Vaart ou Drenthe, Marcelo a une vraie côte de popularité chez les supporters et la direction. Les entraîneurs passent, mais lui reste.
De Capello à Pellegrini en passant par Benitez ou Zidane, Marcelo s’est toujours imposé malgré les réticences en début de saison. Sauf avec un : José Mourinho. La relation entre le Portugais et le Brésilien a toujours intrigué. Pour beaucoup, les deux avaient une relation « professionnelle ». Comme avec Ronaldo, Ramos ou Casillas, le Mou’ est méfiant. Il sait qu’ils peuvent le faire sauter à tout moment. Pour lui, Marcelo est un élément majeur qui il ne faut pas se mettre à dos. Mais Mourinho a du mal avec le niveau de l’arrière gauche. Offensivement utile, mais défensivement friable, il ne correspond au latéral qu’il désire. Incapable de lui apporter ce qu’il recherche, l’ancien coach du Real demande à son président un arrière gauche plus fiable. C’est Fabio Coentrao qui débarque pour concurrencer Marcelo. Mourinho veut que l’ancien du Benfica challenge le Brésilien. Il va utiliser ce même stratagème avec Benzema, le but est de le sortir de sa zone de confort pour enfin s’affirmer et progresser. Des mois de travail et de sacrifice qui aboutiront à quelque chose.
La finale de Ligue des Champions face à l’Atlético Madrid va marquer le plus grand tournant dans la carrière de MarceloTwelve. Sous Ancelotti, il enchaîne les matchs mais le Mister n’hésite pas à le mettre sur le banc lors de grosses oppositions et favorise un Fabio Coentrao plus sûr. Ce match face au rival est sûrement un des plus importants de l’histoire du club. Et pourtant, Marcelo va débuter sur le banc. Et pourtant, c’est le Brésilien qui va être un élément clé de cette rencontre. En remplaçant Coentrao à l’heure de jeu, il va dynamiser le couloir gauche et changer la physionomie du match. Le Real va l’emporter 4-1 et Marcelo va ponctuer sa partition d’un but. Depuis ce jour, sa carrière a définitivement explosé. Deux Ligues des champions plus tard, on parle de lui comme étant un des meilleurs de l’Histoire à son poste.
La question mérite d’être posée tant son niveau est grandiose et son armoire à trophées garnie. Face à tant d’interrogations, le mot de la fin devait revenir évidemment à son idole. « Marcelo est le meilleur à son poste. Si j’avais eu sa qualité technique, j’aurais reçu un titre individuel chaque année. Quand je le regarde aujourd’hui, je me dis « pourquoi n’ai je pas travaillé un peu plus l’aspect technique? ». Moi j’avais l’explosivité, mais j’avais besoin de la classe de Zidane à mes côtés alors que Marcelo peut tout faire seul ». Il lui reste quelques objectifs à réaliser pour dépasser Roberto Carlos définitivement. Gagner une quatrième Ligue des Champions pour dépasser RC3 et vaincre avec le Brésil.
Crédit photo : Massimiliano Ferraro / NurPhoto