Andrés,
Ce vendredi 27 avril restera comme le jour où tu quittes ta maison, le FC Barcelone. Une maison qui t’a accueillie les bras ouverts, il y a déjà plus de 20ans. A l’époque tu n’étais que ce petit joueur d’Albacete, au regard d’ange mais au caractère déjà bien affirmé.
Exemple de modestie et de bienveillance, tu as au fil des années marqué l’histoire d’une institution, en même temps que tu écrivais les plus belles pages de notre football. Un sport que tu décides d’ailleurs de révolutionner en 2009, avec l’arrivée sur le banc de celui qui t’a offert, de ses propres mains, l’un de tes premiers trophées en jeune à Barcelone : Josep Guardiola.
Parce que le ballon est ton meilleur ami, tu décides rapidement, avec certains de tes copains, de le confisquer à tes adversaires, jusqu’à soulever l’ensemble des coupes qui garniront ta chambre, à Fuentealbilla où tu as longtemps habité avec tes parents.
Autour des maillots que tu as si précieusement gardé, tes armoires semblent sonner creux, orphelines du ballon d’or que tu aurais dû recevoir en 2010. A vrai dire, le seul échec de ta carrière. Mais n’en veux pas à Lionel.
Tu resteras, comme lui, un joueur d’un autre temps. Ce temps que tu maîtrises d’ailleurs si bien quand tu es balle au pied, et que tu te permets même de stopper quelques instants, le 11 juillet 2010 à Johannesburg ou 1an auparavant du côté de Stamford Bridge à Londres.
Personne n’ose aujourd’hui l’imaginer et pourtant, il va falloir s’y faire. Après 8 Liga et 4 Ligue des Champions remportées avec ton club de cœur, après des centaines de tirs et de passes lasers qui ont redressés les mottes d’herbes les plus tenaces, tu t’en vas Andrés.
Dans tes bagages, tu emportes avec toi toute l’âme de Barcelone. Aujourd’hui, sur tes yeux, des larmes, de la fierté, et de la reconnaissance. Un des seuls moments de faiblesse dans ta vie de footballeur et d’homme. Toi qui a été si fort pour assumer les échecs et déceptions qui rythment la vie d’un footballeur de haut niveau. Toi qui a été si fort pour endurer la fausse couche de ta femme Anna, en mars 2014. Décidément, tu es vraiment un type courageux, sur et en dehors des terrains.
Une conduite de balle unique, une vision du jeu légendaire, des passes venues tout droit du futur. Tout ça c’était toi, Andrés. Mais pas que. Chaque stade que tu as conquis, chaque pelouse que tu as foulée, gardera une partie de ton mètre 72 et de tes 65 kilos. Car tu ne laissais personne indifférent. Pas mêmes tes ennemis.
De Cornellà-El Prat où tu étais régulièrement ovationné par le public du voisin de l’Espanyol en passant par le Bernabeu où toi et tes camarades avaient marqués l’histoire de votre championnat.
Après Xavi en 2015, c’est maintenant ton tour Andrés. La fin d’un cycle, d’une époque. Au nom des fans, au nom des footballeurs amateurs, au nom des footballeurs professionnels, nous souhaitons te dire merci. Merci pour ta générosité. Merci pour ton football. Merci pour ton sourire si communicatif. Merci pour Dani Jarque, à qui tu as dédié ton but en finale de Coupe du monde. Et puis merci pour les mémoires du football. Car tes dribbles, tes passes, tes buts, resteront à jamais gravés dans les livres de ce sport si magnifique et cruel à la fois.
Dans deux semaines tu auras 34ans, Andrés. Mais qu’importe le temps, les décennies, tu resteras à jamais éternel. Comme le bon vin, que tu admires si bien, les années ne semblent de toute façon pas avoir d’emprise sur toi.
Et si soudain l’envie te prends de soulever une nouvelle Coupe du monde cet été, ne te gênes pas. Puisque le football laisse une trace indélébile dans le cœur de chacun, le passé, les journalistes, les footballeurs, pourraient alors corriger leur erreur de 2010.
Nous écrivons ces quelques lignes le cœur un peu serré, comme l’impression de perdre quelqu’un qui nous était cher. Mais comme tu l’as été durant l’ensemble de ta si belle carrière, nous resterons forts et profiterons de tes dernières minutes sous la tunique blaugrana. Le football te doit bien ça.
Au revoir Andrès, mais surtout pas adieu. Tu vas tellement nous manquer.