Au terme d’une phase de qualifications rondement menée par la bande de Nabil Maâloul, les Aigles de Carthage seront du voyage en Russie. Une performance de haute volée pour une sélection qui n’avait plus figuré en Coupe du Monde depuis l’édition 2006 et une élimination en phase de poules. Cette année, les Tunisiens devront faire face à la Belgique, l’Angleterre et le Panama. Une poule qui est certes relevée, mais qui ne prive en aucun cas, les Aigles de Carthage de croire en leurs chances quant à une possible qualification au second tour. Composée de joueurs expérimentés et de joueurs talentueux, le tout sous la baguette de son sélectionneur, la Tunisie a de nombreuses cartes à faire valoir et compte bien en surprendre plus d’un en Russie.
Douze ans que la Tunisie attendait cela. Après Douze ans de disette, les Aigles de Carthage vont représenter fièrement leurs couleurs sur la scène internationale pour la cinquième fois de leur histoire. Leur dernière participation ne s’était clairement pas passée comme prévu avec un seul point glané en trois rencontres et une peu reluisante quatrième place à la clé dans un groupe composé de l’Espagne, de l’Ukraine et de l’Arabie Saoudite. Le match tournant fut probablement celui face à la Roja, puisque la Tunisie ouvrit le score en début de rencontre, et crut à un exploit retentissant. Malheureusement, il n’en fut rien et les Tunisiens repartirent bredouilles d’Allemagne.
S’en suivit deux tentatives avortées de qualifications pour les éditions 2010 et 2014, où ils assistèrent notamment aux bonnes performances de leurs voisins algériens. On aurait pu se fier au bon vieux dicton « jamais deux sans trois » mais les Tunisiens ne l’entendirent pas de la même oreille. Sur la scène continentale, ils connaissent un parcours mi-figue-mi-raisin durant ce laps de temps.
Malgré des performances notables, notamment face aux Fennecs en 2013, ils éprouvent les pires difficultés du monde à dépasser le cap des quarts de finale. En effet, depuis le triomphe en 2004 face au Maroc, les Tunisiens arrivent 5 fois à ce stade de la compétition sans jamais le dépasser et s’arrêtent à deux reprises dès le premier tour. L’édition 2015 doit sûrement leur rester en travers de la gorge, quand on se remémore ce match pour le moins étrange face à la Guinée équatoriale où l’arbitrage montra de réels signes de faiblesses..
Bis repetita en 2017, où les Tunisiens marquèrent une nouvelle fois le pas de manière prématurée aux portes du dernier carré face au Burkina Faso du légendaire Charles Kaboré, malgré une nouvelle victoire face à l’un des favoris de la compétition : l’Algérie.
Dans la foulée, la Tunisie nomme Maâloul pour prendre les commandes de la sélection afin de qualifier le pays pour la prochaine coupe du Monde dans le pays de Vladimir Poutine. Les Aigles de Carthage font office de favori avec la République démocratique du Congo dans leur groupe pour la qualification également composé de la Libye et de la Guinée. Sans faire injure aux deux autres pays présents, le duel pour la qualification est vite connu de tous. Sans surprise, une lutte acharnée fut présente entre les deux pays, qui se disputèrent sans relâche, la première place du groupe afin de faire parti des 32 équipes qualifiées pour le grand événement footballistique de l’année.
Au coude à coude, il était dur de connaitre le nom de l’équipe qui finirait en pôle position. Après l’avoir emporté à la maison 2-1, la Tunisie marque les esprits lors du match retour face à leur adversaire direct. Alors menés 2-0 jusqu’à la soixante-dixième minute au stade des Martyrs, les Tunisiens renversent complètement la vapeur en revenant à hauteur des Congolais en l’espace de quelques minutes. C’est probablement à ce moment précis que les Tunisiens firent un grand pas vers la qualification. Emmenée par un Msakni et un Ben Amor des grands jours, la sélection est couronnée de succès, puisque les Tunisiens s’assurèrent une cinquième participation au Mondial.
Pour la compétition, les Tunisiens ont hérité d’un groupe relativement compliqué avec la présence de l’Angleterre, la Belgique et le Panama. Inutile d’être un spécialiste en la matière pour identifier les supposés favoris du groupe. Néanmoins, la Tunisie a clairement une carte à jouer, et entends bien bousculer la hiérarchie pour se faire une place au soleil. L’Angleterre, emmenée par une énième génération « dorée », est pour le coup habituée à décevoir sur la scène internationale, comme en atteste son élimination inattendue face à de valeureux islandais lors du précédent Euro.
Sur le papier, la Belgique semble hors d’atteinte, avec des joueurs au top de leur forme comme Kevin De Bruyne, qui sort d’une saison exceptionnelle avec les Citizens, ponctuée d’un somptueux titre de champion d’Angleterre. Avec leurs individualités de classe internationale, la tâche s’annonce rude pour les Tunisiens. Quoi qu’il en soit, pour croire en un éventuel exploit, il faudra l’emporter lors du dernier match face au Panama qui fait office de petit poucet du groupe et tenir en échec un des deux mastodontes.
La tâche s’annonce ardue suite aux blessures de deux joueurs clés pour la Tunisie. En effet, le joyau Youssef Msakni, véritable pilier lors de la phase de qualification, souffre d’une rupture des ligaments croisés contractée début avril. Une absence de taille pour la vingt-et-unième nation au classement FIFA, qui devra se passer des services de son meilleur joueur. Dans cette lignée négative, l’attaquant Taha Yassine Khenissi ne fera pas parti du voyage en Russie en raison d’une blessure survenue il y a peu.
En raison d’un temps de jeu restreint couplé à des performances en demi-teinte sous le maillot olympien, l’ancien pilier de l’arrière garde tunisienne Aymen Abdennour n’a pas été retenu pour le Mondial. Les cadres comme Khazri, Sliti, Mathlouthi, Ben Youssef, Ben Amor ou encore Maaloul seront de la partie. À noter la présence de quelques surprises comme le Marseillais Khaoui, Mouez Hassen ou Skhiri, auteur d’une saison remarquée à Montpellier.
Pour jouer les trouble-fêtes dans ce groupe titanesque, la Tunisie devra s’appuyer sur ses hommes forts. Focus sur les hommes qui auront la lourde tâche de faire plier deux des plus grandes nations du monde.
Wahbi Khazri, 27 ans, Sunderland :
L’ancien feu follet bastiais sort d’une très bonne saison en Bretagne. Prêté 1 an par les Black Cats de Sunderland, l’ancien maître à tout faire du collectif corse a retrouvé des sensations après une expérience anglaise assez mitigée. Un repositionnement en faux 9 qui lui aura fait un bien fou en témoigne des statistiques très flatteuses. En effet, le Rennais a inscrit la bagatelle de 9 buts et 2 passes décisives en Ligue 1. Il aura donc grandement participé à la bonne saison du club breton. Avec la sélection, c’est 1 but tous les 3 matchs (12 buts en 36 sélections). Une donnée non-négligeable à prendre en compte. Il sera probablement l’un des fers de lance de cette équipe et il devra assumer toute l’attente qui repose sur ses épaules.
Très habile techniquement, doté d’une bonne vision de jeu, et très froid devant le but, Wahbi figure logiquement parmi les joueurs à surveiller de près chez les adversaires de la Tunisie. En l’absence de deux des titulaires habituels devant, il devra tenir compte de ce rôle de leader offensif.
Naim Sliti, 25 ans, Dijon :
N’étant pas dans les petits papiers de Marcelo Bielsa, le Marseillais Naim Sliti rallie Dijon pour une saison en prêt avec option d’achat. Une décision qu’il ne doit probablement pas regretter compte-tenu de la saison remarquée qu’il vient d’accomplir sous les ordres d’Olivier Dall’oglio. En effet, le numéro 10 Dijonnais est l’une des révélations de notre championnat. Auteur de 7 buts et 5 passes décisives, il aura été sans l’ombre d’un doute l’un des grands artisans de la saison réussie du DFCO. Très vif techniquement, il sera un danger permanent pour les défenses adverses. Son entente avec Khazri sera déterminante pour débloquer certaines situations complexes.
Syam Ben Youssef, 29 ans, Kasımpaşa Spor Kulübü :
L’ancien défenseur caennais a joué un rôle prépondérant dans la qualification tunisienne au Mondial. Véritable pilier de la défense des Aigles de Carthage, il aura associé expérience et régularité. Avec 42 sélections au compteur sous la tunique rouge et blanche, il devra assumer pleinement son rôle de leader et épauler au mieux les moins expérimentés.
Mohamed Amine Ben Amor, 26 ans, Al-Ahli Djeddah :
L’homme à tout faire dans l’entrejeu Tunisien. Milieu défensif de formation, il sera le métronome de cette équipe. Très présent dans les duels, il fera étalage de toute sa technique pour casser des lignes soit par la passe, soit par le dribble. Il ne se plaindra pas pour les taches défensives, où il est d’une importance inestimable pour l’équipe. Si la Tunisie souhaite rivaliser avec le milieu anglais et belge, il faudra forcément un grand Ben Amor pour contrôler tout ce beau monde. En somme, l’archétype même du milieu moderne, capable de tout, et qui sera l’un des éléments clés de cette équipe tunisienne.
Sans oublier de prendre en compte des joueurs d’une importance cruciale, comme le gardien expérimenté Aymen Mathlouthi, le latéral Ali Maaloul, ou encore l’attaquant Fakhreddine Ben Youssef qui aura été déterminant dans la qualification à la coupe du monde.
La nomination du sélectionneur Maâloul semble porter ses fruits. Une qualification pour la Coupe du monde en poche au terme d’une phase de qualification parfaitement contrôlée par ses hommes. Il aura forcément un immense rôle à jouer pour guider les siens vers un exploit sans précédent.
Afin de bien se préparer avant le début des hostilités, la Tunisie affrontera respectivement le Portugal, la Turquie et l’Espagne. Une bonne préparation avant d’entrer dans le vif du sujet. Elle essaiera de continuer sur sa lancée entamée en Mars. En effet, la bande de Khazri avait bien négocié leurs deux premiers matchs amicaux. Deux victoires 1-0 aux dépens de l’Iran et du Costa Rica, deux équipes présentes au Mondial. Qui plus est, la Tunisie faisait face à une ribambelle de blessés, mais ses résultats vinrent confirmer l’élan positif que connaît cette sélection depuis quelques mois.
Les deux premiers tests face au Portugal et la Turquie se sont soldés par une égalité 2-2, des résultats encourageants à quelques jours du début de la compétition.
La Coupe du monde démarrera le 18 juin pour les Aigles de Carthage. Ils essaieront de cueillir à froid la sélection de Harry Kane afin de mettre toutes les chances de leurs côtés. Comme évoqué précédemment, ils occuperont un rôle d’outsider dans ce groupe périlleux. Il faudra créer la surprise face à l’une des deux grosses écuries du groupe afin d’aborder sereinement le dernier match face au Panama, où la victoire sera impérative pour espérer poursuivre cette compétition. Au quotidien, le football conte exploits comme désillusions, surprise comme injustice, aujourd’hui c’est à la Tunisie de nous sortir sa plus belle plume afin d’écrire son plus beau verset.
Crédit photo: FETHI BELAID / AFP