[Coupe du monde] On se souviendra…

Nous sommes le dimanche 15 juillet 2018, il est 19 heures, et la France est championne du monde. Après un mois de compétition, les Bleus soulèvent la coupe suprême, si loin et pourtant si près de leur peuple. L’équipe emmenée par Didier Deschamps accroche une deuxième étoile à ce maillot qu’on a vu fleurir aux quatre coins du pays ces dernières semaines, et, vingt ans après ses aînés, rentre dans l’Histoire.

L’Histoire de cette victoire, justement, semblait écrite à l’avance. Un parcours atypique, parfois spectaculaire, parfois douloureux, et souvent surprenant, a guidé l’équipe de France jusqu’à la consécration. Une épopée dont on n’osait rêver, et dont on se souviendra jusqu’à la nuit des temps.

On se souviendra des débuts poussifs de cette équipe, le 16 juin 2018. Une entrée dans la compétition bien moins glorieuse que prévu, et une victoire arrachée dans la douleur face à une valeureuse équipe d’Australie. Le penalty marqué par Griezmann, la main d’Umtiti, le but de Pogba finalement attribué à Behich pour un ballon rentré de quelques centimètres seulement, centimètres qui offrent la victoire aux Bleus… Et, déjà, cette soif de victoire, cette abnégation, cette rage de vaincre qui accompagnera les hommes de Deschamps tout au long de cette Coupe du monde.

On se souviendra du match contre le Pérou, disputé dans une arène totalement acquise à la cause des rouge et blanc. Une rencontre une nouvelle fois rude et éprouvante face à un adversaire solide. Mbappe y ouvrira son compteur et projettera les siens en tête de leur groupe.

On se souviendra de ce mardi 26 juin et de cet interminable France – Danemark. 90 minutes aussi longues qu’insipides, entre deux équipes qui n’avaient besoin que d’un match nul pour accéder aux huitièmes de finale. 90 minutes d’un dévouement collectif à toute épreuve, pourtant, qui sera la marque de fabrique de cette équipe.

On se souviendra évidemment de France – Argentine, le match de gala, la rencontre de tous les possibles. Un huitième de finale de rêve entre la bande à Messi, si souvent mise à mal mais toujours vaillante, prête à faire mentir les observateurs du monde entier, et la bande à Grizzy, forte d’une phase de poule solide et désormais face à son destin. Une affiche qui tiendra toutes ses promesses, de la rapidité de Mbappe pour provoquer le penalty transformé par Griezmann à la dernière occasion de l’Albiceleste, en passant par les superbes buts de Di Maria et Pavard, le ballon dévié de Messi, le doublé du prodige de Bondy et la tête de l’espoir d’Aguero.

On se souviendra du quart de finale face à la muraille uruguayenne. La soit-disant infranchissable équipe de Cavani, privée de son buteur pour cette rencontre. Face au premier du groupe A, les Bleus ne tremblent pas, restent appliqués, et s’appuient sur Varane puis Griezmann pour surpasser leurs adversaires du jour au terme d’un match maîtrisé. La France se prend alors à rêver d’une deuxième étoile.

On se souviendra de l’amertume des Diables rouges, sans doute les concurrents les plus dangereux que l’équipe de France ait eu à affronter, qui se voyaient déjà en haut de l’affiche mais qui ont eux aussi fait les frais de la rigueur à la française. A l’issue d’un match tendu, la maîtrise collective des Bleus leur permet de s’offrir une place en finale, grâce à un but de Samuel Umtiti.

On se souviendra, c’est certain, de ce 15 juillet 2018. Vingt ans plus tard, une bande de joyeux gamins, guidée par le grand Didier Deschamps, réussit l’exploit de marquer quatre buts face à la Croatie et de résister aux assauts de Modric et ses coéquipiers. La France est championne du monde, au terme d’un parcours héroïque, d’une abnégation collective sans faille et d’une incroyable cohésion.

On se souviendra des arrêts salvateurs de Lloris, de sa boulette en finale et de la libellule dans sa bouche. On se souviendra du but exceptionnel de Pavard. On se souviendra de la hargne de Lucas Hernandez. On se souviendra de la célébration de Griezmann. On se souviendra de la fougue de Mbappe. On se souviendra des récupérations de Kante. On se souviendra du coup de casque d’Umtiti. On se souviendra de la folie de Pogba. On se souviendra de la solidité de Varane. On se souviendra de l’abnégation de Giroud. On se souviendra des mimiques de Matuidi. On se souviendra de l’enceinte de Kimpembe. On se souviendra de la moustache de Rami. On se souviendra de Didier Deschamps, le pragmatique, le méthodique, le glorieux chef d’orchestre de cette extraordinaire équipe.

On se souviendra aussi des hurlements de Margotton et Lizarazu. On se souviendra du trophée soulevé sous cette pluie battante. On se souviendra des confettis sur le front de DD. On se souviendra de cette journée de canicule où la France entière a retenu son souffle. On se souviendra de la foule réunie sur les Champs Elysées. On se souviendra des drapeaux et des klaxons. On se souviendra des sourires, des cris, des étreintes. On se souviendra de la joie, du partage et de l’amour. On se souviendra de l’émotion d’une équipe, de la force du sport et de la beauté du football.

Photo credits : FRANCK FIFE / AFP

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