[Serie A] Quand la Sampdoria était sans Gênes

Dans la famille des équipes italiennes ayant gagné un seul Scudetto dans leur histoire, il y a le Hellas Vérone, Cagliari, Novese et Casale qui sont un peu moins connus que les deux premiers. Vient s’ajouter un autre club qui a brillé il y a un peu plus de vingt ans : l’Unione Calcio Sampdoria. Le club est plus ou moins « jeune » car il fut fondé en 1946 après la seconde Guerre mondiale. Gênes est aussi une ville à deux clubs, le second est le Genoa Cricket and Football Club, plus ancienne équipe d’Italie, fondé en 1893. La rivalité est importante, le Genoa se vantant de ses neuf titres de champion national. Mais la Sampdoria a du répondant : elle a remporté le premier Derby della Lanterna le 3 octobre 1946 – sa première année en Serie A – et a souvent fini devant son rival en championnat. Pour ce qui est des Scudetti, les supporters de la Samp jouent sur le fait que personne n’a vu le Genoa remporter ses neuf titres du fait de la période historique (titres remportés entre 1898 et 1924). Mais aujourd’hui, un seul club nous intéresse : le club bleu et blanc. Son apogée s’est déroulée entre le milieu des années 1980 et le milieu des années 1990. Retour sur les années où Gênes était plus bleue que rouge.

1982-1990 : Montée en puissance et premières coupes

Saison 1982-1983, la Samp remonte en Serie A après cinq ans de Serie B, sa plus longue période en seconde division. Le club se positionne très correctement au classement avec une septième place pour son retour dans l’élite. Le club fait preuve d’une constance assez surprenante et parvient même à remporter sa première Coupe d’Italie en 1985 face au Milan AC. L’équipe compte dans ses rangs de bons joueurs. Parmi les plus connus et les plus expérimentés, il y a Graeme Souness, le milieu écossais qui a fait les grandes heures de Liverpool avec trois Coupes des clubs champions remportées en 1978, 1981 et 1984 ainsi que Trevor Francis, l’Anglais qui lui aussi a remporté la C1 à deux reprises avec Nottingham Forest en 1979 et 1980. Il y a aussi un duo d’attaquants prometteurs, tous deux âgés de 21 ans : Roberto Mancini et Gianluca Vialli. Direction la C2 pour la saison 1985-1986 où le club s’arrête en huitième de finale face à Benfica. Une nouvelle fois l’équipe atteint la finale de la Coppa Italia mais s’incline face à l’AS Roma.

La Samp est une équipe qui aime les coupes. Le club du Baciccia ne gagne rien lors de la saison 1986-1987. La saison suivante, il remportent une nouvelle fois la coupe nationale et se qualifient de nouveau pour la Coupe d’Europe des vainqueurs de coupe édition 1988-1989. Les bleu et blanc arrivent jusqu’en finale en éliminant tour à tour l’IFK Norrköping, le FC Carl Zeiss Iéna, le Dinamo Bucarest et le tenant du titre le FC Malines. Ils affrontent le FC Barcelone de Cruyff et s’inclinent 2-0. Une première finale de Coupe d’Europe perdue mais l’équipe conserve son titre de vainqueur de la Coppa Italia en la remportant une troisième fois. Voilà une nouvelle chance en C2 pour l’édition 1989-1990. C’est une nouvelle finale qui se présente avec les éliminations successives du SK Brann, du Borussia Dortmund, du Grasshopper Zürich et de l’AS Monaco. L’adversaire en finale est Anderlecht. Personne n’arrive à prendre le dessus durant les 90 minutes réglementaires, les prolongations s’imposent. Gianluca Vialli plante un doublé en deux minutes dès la première période. La Samp remporte donc sa première coupe d’Europe et participe à la Supercoupe d’Europe. Elle affronte le vainqueur de la C1 sur deux matchs aller et retour dans une édition 100% italienne car c’est le Milan AC qui se dresse face aux Génois. Les Rossoneri l’emportent finalement. Sans oublier les Supercoupes d’Italie perdues en 1988 et 1989 face au Milan encore et face à l’Inter.

1990-1991 : le graal suprême

Nouvelle édition de Serie A. C’est reparti pour une saison dans l’élite. La Sampdoria affronte Cesena lors de la première journée. Victoire sur le plus petit des scores 1-0. L’équipe confirme sa bonne forme et fait 0-0 contre la Juventus, bat le Milan AC à San Siro et étrille le Napoli de Maradona tenant du titre 4-1 au San Paolo. Invaincue jusqu’à la dixième journée de championnat, l’équipe s’incline 2-1 contre… le Genoa lors du derby. Sur la phase aller, les bleu et blanc ne perdent que trois matchs : une fois donc contre leur principal rival puis deux autres fois contre le Torino et Lecce. La phase retour est explosive, aucune défaite. Une nouvelle fois les Génois battent les deux Milan 2-0, s’imposent contre la Juve 1-0, gagnent une nouvelle fois 4-1 contre le Napoli cette fois au Luigi Ferraris, font match nul contre le Genoa. Le Scudetto leur tend leur bras, ce sera chose faite. Lors de la dernière journée après un match nul 3-3 face à la Lazio, l’Unione Calcio Sampdoria devient championne d’Italie pour la toute première fois de sa « jeune » histoire avec au classement 51 points, totalisant 20 victoires, 11 matchs nuls et 3 défaites. En plus de leur titre, Gianluca Vialli finit Capocannoniere avec 19 buts inscrits en 34 matchs de championnat. Ce sont sans doute des petits points qui font tâche mais il faut les évoquer : la Samp est championne d’Italie mais n’a pas malheureusement pas réussi à s’imposer face au Genoa sur les deux phases. L’équipe s’est une nouvelle fois hissée en finale de Coppa Italia mais s’est inclinée face à l’AS Roma. Cela reste quand même une excellente saison que les supporters n’ont sans doute pas oubliée.

Il faut tout de même présenter l’équipe qui a participé activement à ce titre de champion. L’entraîneur est Yougoslave (aujourd’hui Serbe) : Vujadin Boskov. Il a joué au club durant une saison en 1961-1962. Dans les buts, l’un des meilleurs gardiens Italiens de l’histoire : Gianluca Pagliuca, cinquième joueur le plus capé de Serie A. Au poste de Libero, c’est Marco Lanna qui mène la danse. Devant lui trois défenseurs : Moreno Mannini à droite, Pietro Vierchowod dans l’axe et le Yougoslave (aujourd’hui Slovène) Srečko Katanec à gauche. S’en suit un milieu à quatre composé de Giuseppe Dossena, Oleksij Mykhaylychenko qui vient du Dynamo Kiev, Fausto Pari et Attilio Lombardo. Enfin, en attaque, le duo en place depuis déjà quelques temps : Gianluca Vialli et Roberto Mancini, joueur le plus capé et meilleur buteur de l’histoire du club. Sans en oublier certains : Luca Pellegrini, Ivano Bonetti ou le Brésilien Toninho Cerezo.

Depuis 1991 : derniers coups d’éclat et situation actuelle

Après cette saison mémorable, il reste encore la Supercoupe d’Italie à remporter. La Samp remporte le trophée face à des Romains contre qui elle s’était inclinée en finale de Coppa. Pour cette nouvelle saison, la C1 attend le club génois. Et celui-ci n’a pas fini de surprendre. Il faut tout d’abord expliquer le format sous lequel l’ancêtre de notre Ligue des champions actuelle se déroulait. Lors de cette édition 1991-1992, il y avait deux tours à élimination directe. Lorsqu’il restait huit équipes en jeu, celles-ci étaient divisées en deux groupes de quatre. Le premier de chaque poule, après avoir affronté deux fois ses adversaires, se retrouvait en finale et le vainqueur remportait la coupe. Durant les deux premiers tours à élimination, la Samp se défait successivement de Rosenborg et du Budapest Honvéd. Arrivée dans la poule A, l’équipe se retrouve avec Anderlecht, le Panathinaïkos et l’Étoile rouge de Belgrade. Les Genovesi vont en finale et retrouvent un adversaire qu’ils connaissent déjà car ils avaient déjà perdu contre eux lors de la C2 trois ans plus tôt : le FC Barcelone. Et comme en 1989, le Barça de Cruyff l’emporte mais cette fois-ci en prolongation sur un but de Ronald Koeman. Les bleu et blanc repartent une nouvelle fois bredouille.

La Sampdoria remporte toutefois sa quatrième Coppa Italia en 1994 contre Ancône. La même année, elle remporte également la Supercoupe d’Italie aux tirs au but contre l’AC Milan. C’est à ce jour le dernier trophée remporté par le club génois. Avec l’arrêt Bosman, bien que la Samp ne remporte plus de titres, elle attire beaucoup de joueurs connus. Parmi eux : Christian Karembeu, Alain Boghossian, Enrico Chiesa (père de Federico), Clarence Seedorf ou encore Juan Sebastian Verón. Mais à la fin de la saison 1998-1999, le club descend en Serie B et y reste quatre saisons. Il retrouve l’élite dès 2003 et ce jusqu’en 2011.

Depuis 2012, la Sampdoria est en Serie A mais n’est plus aussi éclatante qu’il y a une vingtaine d’années. Les entraîneurs se succèdent rapidement et le club assure tout de même son maintien en terminant dans le ventre mou du classement. Quatorzième lors de son retour dans l’élite, douzième en 2014 et quinzième en 2016, le meilleur classement des bleu et blanc est une septième place en 2015 et une dixième place en 2017. La saison dernière, leur place n’a pas bougé par rapport à 2017. C’est tout de même mieux que le Genoa qui a fini douzième. De quoi mettre un peu de baume au cœur aux supporters. Les deux clubs se complètent. Le griffon du Genoa a plus brillé sur la scène nationale tandis que le Baciccia de la Samp a plus brillé en Europe comme Gênes et son port fut un temps.

Ce weekend, la Samp s’est offert un adversaire de prestige au Luigi Ferraris : le Napoli de Carlo Ancelotti. 3-0, doublé de Grégoire Defrel et le grand Don Fabio Quagliarella a scellé le score. Avec un match en retard et une défaite, le club s’est offert un peu d’air en passant treizième de Serie A. Quant au Genoa, il pointe deux places plus bas en ayant perdu 5-3 à Sassuolo. Gênes sera donc bleue et blanche pendant deux bonnes semaines.

 

Photo credits : MIGUEL MEDINA / AFP

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