[Bundesliga] La pente descendante pour le Bayern Munich ?

Une fois n’est pas coutume, l’arrivée de l’automne se fait dans l’agitation du côté de Munich. L’Oktoberfest n’est pas anodin là-dedans mais surtout, c’est le Bayern Munich qui attire les regards. Car comme souvent, une petite crise s’installe et fait énormément parler. Pourtant cette fois, elle met à jours un mal relativement profond. Un mal qui plane sur l’épicentre du football allemand depuis un petit moment déjà sans pour autant faire réagir les principaux intéressés.

Lors de la septième journée de Bundesliga, les Bavarois reçoivent le Borussia Mönchengladbach qui réalise un beau début de saison, emmené par un Alassane Plea en grande forme. Et cette forme se confirme puisque le Français  ouvre le score dès la 10èmeminute, plongeant l’adversaire du jour dans le trouble. S’en suivent deux autres buts portant le score à un 3-0, net et sans bavure. Un score qui s’est rarement affiché sur les écrans de l’Allianz Arena, et qui met fin à une quinzaine délicate pour le club. Depuis le succès face à Schalke 04 le 22 septembre, l’équipe de Niko Kovac reste sur un nul face à Augsbourg, une défaite face au Hertha Berlin et enfin ce nouveau revers face à Gladbach. Sans parler d’un nul excessivement terne face à l’Ajax Amsterdam qui méritait mieux qu’un petit point après avoir dominé pendant une grande partie de la rencontre de Ligue des champions.

Avant ces mauvais résultats, le jeu du Bayern Munich n’était pas forcément reluisant, efficace certes mais terne et plat. Et quand l’efficacité s’en est allée, le Rekordmeister s’est retrouvé enfermé dans une sphère de possession à outrance ne menant à rien, à l’image de la Nationalmannschaft cet été ou de l’Espagne face à la Russie. Cette stérilité est parfaitement visible sur la dernière rencontre puisque Robert Lewandowski n’a touché le cuir que 12 fois en 90 minutes. Et cela ne lui était jamais arrivé en Bundesliga auparavant, ce qui est symptomatique de la forme actuelle.

Lors de la rencontre face à l’Ajax en Ligue des champions, 9 des 11 joueurs bavarois étaient titulaires en 2013 lors de la finale face au Borussia Dortmund : Manuel Neuer, Jérôme Boateng, Mats Hummels (BvB), David Alaba, Javi Martìnez, Thomas Müller, Arjen Robben, Franck Ribéry et Robert Lewandowski (BvB). De facto, il est facile de comprendre que l’effectif a été très peu renouvelé ou bien que les recrues n’ont pas atteint les objectifs escomptés. Si certains joueurs en ont encore  sous le pied, d’autres ont bien besoin de souffler et ne peuvent plus forcément enchaîner comme ils le faisaient en cinq ans plus tôt. C’est notamment le cas des deux ailiers. Bien qu’ils soient performants, leur présence reste une anomalie. Pourtant ils ne semblent pas prêts à céder, ce qui démontre un autre problème structurel qui sera abordé plus bas.

Le vieillissement de l’effectif qui n’a pas une profondeur suffisante d’après Niko Kovac se révèle donc être une véritable problématique. Cela condamne l’entraîneur à se reposer sur les mêmes solutions avec l’espoir que cela fonctionne, ce qui n’est pas le cas aujourd’hui. Si Kinglsey Coman aurait pu soulager le Croate, sa blessure à la cheville a été un coup d’arrêt. Cela dit, un club comme le Bayern Munich qui a suffisamment de ressources financières et de puissance devrait avoir la capacité d’y faire face. Ce n’est pourtant pas le cas

À côté de ça, certaines recrues ne sont pas au niveau attendu ou ne sont pas appréciées par le manager en place. Ce fut le cas de Douglas Costa ou plus récemment de Sandro Wagner qui a plus ou moins disparu depuis l’arrivée du Croate. Les Bavarois ont du mal à trouver chaussure à leur pied. Et il devient difficile de faire tourner l’effectif. Il est par exemple impossible de laisser l’avant-centre polonais sur la touche car Wagner n’est pas dans les plans de Kovac et aucun autre joueur ne peut le suppléer. Alors il traîne son spleen, se plaint que ses coéquipiers ne lui donnent pas assez le ballon, qu’il est trop excentré. Un comportement qui suit ses nombreux caprices de l’an dernier pour quitter le Bayern Munich, mettant à mal le vestiaire.

Un vestiaire qui est d’ailleurs loin d’être paisible. Un vestiaire qui avait causé, notamment, le départ de Carlo Ancelotti la saison dernière. Le tabloïd Bild, souvent bien informé concernant le Bayern Munich, a révélé que Ribéry avait été l’un des premiers à lancer les hostilités en se plaignant à Uli Hoeneß. De fil en aiguille, cela a provoqué la chute de l’Italien qui a perdu sa crédibilité.

Les égos sont forts et cela prend de la place. Dans la lignée de  F. Ribéry on retrouve Mats Hummels, Thomas Müller ou encore Arjen Robben  qui ne sont pas les derniers à se plaindre et à essayer de mettre à mal le travail d’une personne qu’ils n’apprécient pas. L’ancien joueur de Dortmund avait d’ailleurs quitté la Ruhr pas seulement parce qu’il voulait remporter des titres, mais aussi parce que sa relation avec Thomas Tuchel n’était pas bonne. Symbole d’un caractère bien trempé comme d’autres au sein du vestiaire. Bild, encore une fois, révèle d’ailleurs que les joueurs continuent de se servir de leurs téléphones de façon récurrente malgré l’interdiction de Niko Kovac.

Aujourd’hui Mats Hummels n’hésite pas à menacer de partir car il n’apprécie pas la gestion d’effectif de son entraîneur. Globalement, les joueurs doutent de leur entraîneur et cela se ressent, notamment face au Borussia Mönchengladbach où une véritable passivité était constatable sur la fin du match. Ces comportements-là sont un frein aux performances sportives qualitatives. T. Müller, qui est à côté de ses crampons depuis plusieurs saisons maintenant, n’a pas hésité à monter au créneau après la rencontre du samedi soir. Au micro de Sport1 il a évoqué « un mélange d’erreurs, d’incapacité » ce à quoi Leon Goretzka, fraîchement arrivé au Bayern Munich, a répondu « Incapacité ? Si Thomas le dit… ». Au sein même du groupe l’union n’est pas forcément là donc.

Pourtant, Niko Kovac ne semble pas pour autant en danger puisque les deux hommes forts en haut de l’organigramme bavarois ont appuyé sa présence. Mais ces deux hommes-là ne sont pas exempts de tous reproches pour ce qui est de la situation actuelle. Leur manque de modernité et le refus d’investir sur de nouveaux joueurs plus jeunes afin de combler au vieillissement de l’effectif actuel est critiquable et critiqué. Kovac lui-même l’a fait à demi-mot après la rencontre face à Gladbach. Il avait effectivement demandé le recrutement de Kevin Vogt, afin de pouvoir jouer avec son système préférentiel qu’est le 3-4-2-1 et dans le même temps parer au déclin de J. Boateng. Ante Rebic était aussi désiré pour enrichir l’attaque bavaroise. Mais ces deux demandes ont été refusées, forçant l’entraîneur à jouer différemment, à s’adapter. Car visiblement, ce sont aux autres de le faire et non au Bayern Munich.

Un changement de trajectoire semble pourtant nécessaire car avec cette stratégie, le déclin paraît inévitable. Les Bavarois ne sont plus sur la pente montante mais plutôt sur l’autre versant, et les signes sont de plus en plus évidents. La domination persiste car l’écart avec les autres équipes de Bundesliga reste important mais jusqu’à quand ? Le Bayern Munich est, en temps normal, le moteur du championnat mais aussi de la sélection allemande et cette chute lente n’est pas foncièrement un bon présage. Ces difficultés pourraient toutefois ramener une certaine concurrence au sein d’un championnat qui en a bien besoin. Il paraît néanmoins nécessaire que le Bayern Munich se remette dans le droit chemin et change de stratégie car se reposer sur ses acquis comme le club le fait depuis près de cinq ans n’est sans doute pas la meilleure solution. Ceci étant, ce qui a été accumulé sur les dernières saisons et la vieillesse de l’effectif ne changera pas en un été et il est possible que le retour au sommet soit lent et difficile, même pour le mastodonte qu’est le Rekordmeister.

Crédit photo: Odd ANDERSEN / AFP

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Parle d'Allemagne et de Bundesliga, et c'est à peu près tout.