Meilleur buteur du championnat roumain avec 10 buts en 13 matchs, Harlem-Eddy Gnohéré est un homme épanoui. Au Steaua Bucarest depuis maintenant un an et demi, il se fixe de nombreux objectifs. Et pourquoi pas intégrer la sélection nationale… de Roumanie ?
(Interview réalisée le 25 Novembre)
Aujourd’hui, tu es malheureusement suspendu mais le Steaua affronte Iasi, 11ème du championnat. À quel match vous attendez-vous ?
L’année dernière, ils ont fait les playoffs mais cette saison, ils n’ont pas très bien débuté le championnat donc c’est assez difficile pour eux mais ça reste une équipe difficile à jouer. La saison dernière, on perd le titre chez eux. Ici, quand tu joues à l’extérieur, ce n’est jamais facile donc ils pourraient nous poser des problèmes.
Vous êtes dans un championnat assez homogène avec un gros club, Cluj. Comment fait-on pour rivaliser avec ce genre de club ?
Clairement, Cluj est la grosse équipe du championnat. Ça fait deux ans qu’ils ont un bon effectif, avec pas mal de joueurs d’expérience et de joueurs internationaux. C’est une équipe assez dure à manoeuvrer mais avec le Steaua Bucarest, je pense qu’on a un effectif capable de rivaliser pour le titre.
À titre personnel, tu restes sur 3 buts lors des deux dernières journées et tu es actuellement le meilleur buteur ex aequo du championnat. Comment fait-on pour faire aussi performant ?
Ça fait deux ans que ça marche bien. D’ailleurs, depuis que je suis en Roumanie, je finis toujours une saison avec au moins 10 buts à la fin de la saison donc c’est bien. Je me fixe toujours un objectif, année après année, de dépasser mon nombre de buts de l’année précédente. D’ailleurs, la saison dernière, je n’étais pas favori pour être meilleur buteur du championnat et je ne le revendiquais pas non plus. J’ai fini deuxième meilleur buteur du championnat donc cette saison, je dois prouver que j’étais bien à ma place dans le haut de ce classement.
Toi qui as joué dans le championnat belge ou encore suisse, quelles sont les principales différences avec le championnat roumain ?
En termes de comparaison, c’est un peu compliqué puisqu’en Suisse, j’ai joué dans les divisions inférieures et en Belgique, j’ai beaucoup évolué en D2 même si j’ai fait quelques matchs en D1. Ici, il y a clairement plusieurs clubs qui pourraient rivaliser avec des équipes de D1 Belge. Il y a vraiment un bon niveau en Roumanie.
Tu as d’ailleurs découvert l’Europe la saison dernière, à 29 ans !
En effet ! La saison passée, j’ai joué pas mal de matchs, j’ai réussi à mettre 5 buts donc c’est une grande fierté pour moi. C’est vraiment enrichissant sur le plan personnel. Quand tu joues des matchs contre la Lazio par exemple, ça te permet de te mesurer à de grandes équipes et voir le niveau que tu as. On a réussi à leur poser des problèmes notamment au match aller, on a réussi à montrer que notre place dans ce groupe d’Europa League était méritée.
Quand on regarde tes stats, tu as toujours été un buteur avec de bonnes stats partout où tu es passé…
La régularité est le fruit du travail. Il faut aussi être très attentif à ce que disent les entraineurs. J’en ai souvent eu qui ont joué et qui ont été attaquants, donc j’essaye d’appliquer au maximum les conseils qu’ils me donnent. Comme je disais aussi, je me fixe des objectifs chaque année. Tout le monde veut atteindre ses objectifs et cela passe par le travail.
Tu es maintenant au club depuis un an et demi, à quoi aspires-tu dans le futur ?
J’espère qu’on arrivera à jouer la Ligue des champions avec le Steaua si je suis amené à rester ici. Ça serait une grande fierté de réussir à se qualifier pour la phase de poules. Après, je suis quelqu’un de très réaliste, je ne vais pas me voiler la face et donner des clubs mais par contre, si l’opportunité se présente, je ne refuserai pas. Tous les championnats m’attirent à partir du moment où je peux avoir du temps de jeu. Les championnats offensifs m’intéressent forcément, les championnats plus fermés comme l’Italie notamment, me plaisent un peu moins. Mais les championnats espagnols, allemands ou encore anglais sont des championnats qui m’attirent.
Ton surnom, « Bison », nous fait penser que l’Angleterre te conviendrait parfaitement…
« Bison », ça vient de mon époque à Virton en Belgique. C’est le directeur sportif qui m’a surnommé comme ça et de là, c’est resté. Après pour l’Angleterre, c’est un championnat que je suis et qui me plaît. Mon grand frère jouait en Angleterre (Arthur Gnohéré a joué à QPR et à Burnley, ndlr) donc il m’attirait déjà quand j’étais plus jeune. Je regardais aussi les grands attaquants qu’il y avait dans ce championnat là donc ça pourrait être intéressant pour moi.
Tu as été formé en France et comme pas mal de jeunes, tu es parti très tôt. Pourquoi donc ?
J’ai décidé de partir quand j’étais jeune parce que je voyais que c’était bouché quand j’étais à Troyes. À cette époque là, on ne donnait pas forcément la chance aux jeunes de s’exprimer donc j’ai décidé de partir en Suisse en pensant que j’allais avoir l’opportunité de jouer rapidement en première division. Malheureusement, ça n’a pas été le cas. Quand j’ai eu l’occasion d’aller en Belgique, j’ai pu m’exprimer de façon plus concrète et à partir de là, c’est allé vite pour moi.
Penses-tu qu’on ne donne pas assez leur chance aux jeunes en France ?
Aujourd’hui, si ! Mais à mon époque, très peu. Il n’y a quasiment que la génération 87 qui a vraiment eu sa chance avec les Benzema, Nasri ou Ben Arfa. Ma génération, celle de 88, il n’y a pas beaucoup de joueurs qui ont réussi à percer. Aujourd’hui, on laisse beaucoup plus les jeunes jouer en Ligue 1.
Ça te plairait de revenir en France ?
Oui bien sûr ! Je suis quelqu’un de revanchard et je n’ai pas eu la chance de jouer en Ligue 1 donc ça serait un petit clin d’oeil si je pouvais revenir en France et jouer en Ligue 1.
D’ailleurs, en regardant de plus près, on remarque que tu es le meilleur buteur ivoirien de ces deux dernières saisons. La sélection ivoirienne n’est jamais venue vers toi ?
Non, je n’ai jamais eu de contact avec la fédération ivoirienne, ni avec le sélectionneur d’ailleurs. Franchement, c’est une envie d’intégrer la sélection mais bon, ici en Roumanie, j’ai eu des discussions comme quoi je pourrais être sélectionné en équipe de Roumanie. Ça m’a vraiment touché et plu. J’aimerais être en sélection et si la Roumanie s’ouvre à moi ou si la Côte d’Ivoire me sélectionne, j’irai sans problème. Goûter à la scène internationale serait quelque chose de formidable !
Donc ça ne te poserait aucun problème de représenter la sélection roumaine ?
Absolument aucun problème. Aujourd’hui, c’est la Roumanie qui m’a permis de jouer l’Europe, de pouvoir m’exprimer et de me montrer donc si je vais en équipe de Roumanie, c’est pour montrer que je suis vraiment reconnaissant de tout ce qu’ils ont fait pour moi et ça serait clairement quelque chose de normal.
Le mercato approche, est-ce que tu as eu des contacts avec d’autres clubs ?
Non, je n’ai pas eu de discussion avec mon agent à propos du mercato, je le laisse s’occuper de tout ça. Je suis totalement focalisé sur la partie terrain et j’essaye de faire les meilleures performances match après match.
Crédit photo : Alex Nicodim / NurPhoto.