Aucun des stades de la Copa America 2019 au Brésil, construits pour le Mondial 2014, n’a été rempli à 100%. Aucune rencontre n’a fait mieux que les 47 260 personnes réunies pour le match d’ouverture Brésil-Bolivie. La Conmebol est pointée du doigt.
Le football est parfois paradoxal. Qui aurait pu imaginer que le Brésil, le pays du football par excellence, peine autant à remplir ses stades pour une compétition aussi prestigieuses que la Copa America ?
Après huit matchs joués, la sonnette d’alarme retentit déjà. Pour l’instant, le taux de remplissage des stades n’est que de 40%, environ. Paraguay-Qatar (2-2), peut-être le plus beau match de ce début de compétition, n’a attiré qu’un peu plus de 19000 personnes au Maracana. Et encore, le comité d’organisation avait invité 4000 enfants. On parle-là d’une enceinte mythique qui a accueilli 150 000 personnes lors de la finale de 1989 (même si aujourd’hui, pour des raisons de sécurité, sa capacité maximale a été réduite à 74 000). Le bonnet d’âne est pour Venezuel-Pérou (0-0) avec 13 611 personnes. Juste devant, la démonstration de l’Uruguay contre l’Equateur (4-0) n’a guère attiré plus de monde.
25 377 spectateurs par match
La moyenne d’affluence ? Environ 25 600 spectateurs par match. C’est peu. À titre de comparaison, en 2016, pour le centenaire de la compétition aux Etats-Unis, les chiffres grimpaient jusqu’à 46 373 personnes en moyenne. Une édition record. Pourtant, le football n’est pas aussi imprégné chez Clint Dempsey, Freddy Adu et Landon Donovan qu’au pays des Ronaldinho, Zico et autres Ronaldo, même si l’intérêt y grandit de jour en jour.
Comparaison toujours, en 2015, le plus vieux tournoi continental avait lieu au Chili. Là, les chiffre de fréquentation des stades étaient comparables. 25 223 spectateurs par match. Sauf qu’au pays des poètes, les arènes dont la capacité d’accueil dépasse les 30 000 sièges ne sont pas légion. L’Estadio Nacional, le plus grand de toute la bande de terre, en compte 50 000. Au Brésil, l’Arena Corinthians, la plus petite enceinte recevant un match de Copa America, dispose de 47 000 strapontins.
120€ en moyenne pour le match d’ouverture
Alors à qui la faute ? Les Brésiliens se sont-ils subitement trouvé une nouvelle passion plus prenante que le ballon rond ? Plutôt mourir. En réalité, la réponse à cette question se trouve du coté de la Conmebol, organisatrice du tournoi. C’est elle qui a fixé les prix des places à un montant excessif. Les tickets les moins chers sont à 13 € pour les Brésiliens et 30 € pour les étrangers. Largement abordable pour un européen, beaucoup moins pour un sud-américain. Au Brésil, le salaire moyen n’est que de 1766 reales, soit 406 €. Pire, pour la finale, certains sièges coutent 890 reales (206 €) soit un peu moins que le salaire minimum brésilien, qui est de 998 reales (231 €). Dans un pays en pleine crise économique et sociale, c’est trop. Beaucoup trop. D’autant plus que les Auriverdes ne risquent pas de se serrer la ceinture pour une Seleçao amputée de sa star et qui les a déçu lors des deux derniers mondiaux.
Les prix ne baisseront pas
Dani Alves a été interrogé sur le sujet : « Je suis du peuple, je prêcherai toujours pour le peuple, pour qu’il soit dans les stades. Mais ce n’est pas de notre ressort, nous ne contrôlons pas les prix des places qui sont élevés. » Alejandro Domínguez, le président de la Conmebol, lui, les contrôle. « Bien sûr, ça nous préoccupe. Nous voulons que les personnes voient les meilleurs joueurs du monde, qu’ils voient que les sudaméricains sont les meilleurs du monde. Ici, dans un pays qui vit le football, j’aimerais que tout le monde participe. Il y a des matchs avec beaucoup de monde et d’autres qui, malheureusement, n’en attirent pas beaucoup », assure-t-il. Toutefois, pas de panique. « Pour l’instant, le bilan est très positif et je crois qu’il va s’améliorer. Le Brésil réalise une organisation optimale, très bonne, au niveau du spectacle que l’on désire pour l’Amérique du sud. »
Puisqu’elle compte voir les stades se remplir peu à peu au fur et à mesure que la compétition va avancer, la Conmebol n’entend pas rendre ses tarifs plus abordables. Donc elle ne s’inquiète pas réellement de l’échec qu’est en train de vivre cette Copa America. Cette année, la chanson de la compétition s’intitule « Vibra Continente ». En réalité, dans les gradins, il n’y a plus grand-chose de vibrant…
Crédits photos : Ricardo Botelho/Brazil Photo Press