Près de 4000 spectateurs avaient garni les gradins de la H Arena, l’enceinte habituellement occupée par le HBC Nantes, pour rendre hommage à Henri Michel. Dans une chaleur étouffante.
Quatre de ses anciennes équipes se sont réunies pour honorer sa mémoire au cours du Tournoi des Légendes organisé par l’association A la nantaise. Le FC Nantes, son club de cœur, l’équipe de France, avec laquelle il a été international à 58 reprises avant d’en devenir le sélectionneur, le Maroc et la Côte d’Ivoire, qui se sont qualifiés pour la Coupe du monde lorsque Henri Michel en était l’entraîneur.
L’ancien grand milieu de terrain du FC Nantes avait déjà reçu un vibrant hommage quelques jours après son décès en avril 2018 : tifo à son effigie, minute de silence, maillot noir frappé de son numéro 8, visage et nom dessinés sur la pelouse.
Nombreux étaient ceux qui ne l’avaient pas vu jouer parmi les spectateurs de Beaulieu. Henri Michel ayant arrêté sa carrière de footballeur en 1982, difficile pour beaucoup de se faire un avis sur son niveau. Mais les commentaires de ceux qui l’ont connu ne laissent que peu de place au doute : c’était un joueur exceptionnel.
Jean-Claude « Coco » Suaudeau, un des emblématiques entraîneurs du FC Nantes, a fait une comparaison sans équivoque : « C’était un Neymar. Le Neymar nantais. » Luis Fernandez, également présent samedi après-midi, a puisé dans ses souvenirs pour parler de celui qu’il a vu évoluer en tant que joueur avant qu’il ne devienne son sélectionneur en équipe de France. « Pour moi, il était aussi élégant à voir jouer que Michel Platini. »
Parmi les guests, plusieurs anciens internationaux comme Grégory Coupet, Sidney Govou, Aruna Dindane, Emerse Faé, Abdeslam Ouaddou et l’équipe des ex-nantais emmenée par Olivier Quint, Mickaël Landreau, Eric Carrière ou Frédéric Da Rocha.
Capitaine du Maroc lorsque Henri Michel en était le sélectionneur, Noureddine Naybet avait fait le déplacement. Un aller-retour express pour l’ancien défenseur nantais (93-94) qui est venu d’Egypte où il fait partie de la délégation marocaine pour la CAN. « Il a beaucoup donné au Maroc. Il est à l’origine du succès d’une génération, du point de départ de la formation », se souvient le joueur passé par La Corogne et Tottenham.
Mais la tête d’affiche de ce plateau d’anciens champions était sans aucune contestation possible Zinédine Zidane. Seul champion du monde 98 présent, l’entraîneur du Real Madrid avait répondu à l’appel d’Henri Emile, de qui il est très proche. « Les gens viennent de temps en temps pour moi. Aujourd’hui, c’est moi qui suis là pour les autres. C’est un grand monsieur du football français, il fallait être là pour lui », a déclaré, toujours souriant, l’ancien numéro 10 des Bleus, qui fait partie de ceux qui n’ont pas vu jouer Henri Michel.
Vainqueur à l’applaudimètre, ZZ a été suivi de très près par une autre légende vivante du football : Didier Drogba. Il suffit de voir les réactions du public pour noter que leur cote de popularité est toujours intacte. Dès que Zidane sortait du terrain et rejoignait le banc, il était assailli par des spectateurs à la recherche de leur objectif du jour : le selfie avec Zizou. De son côté, l’ancien joueur de Marseille et de Chelsea, toujours affûté malgré ses 41 ans, a passé plus d’une demi-heure sur le terrain après la fin de la finale pour répondre aux volontés des fans avant de glisser un petit mot en hommage à Henri Michel : « Quand on voit tous les joueurs qui se sont déplacés pour lui, ça montre la grandeur de l’homme. »
Pour la petite histoire, la Côte d’Ivoire a battu la France en demi-finale (5-4). Zidane et Drogba ont régalé avec deux buts chacun. Si la vitesse de jeu a nettement diminué avec le poids des années, les deux hommes ont montré qu’ils n’avaient rien perdu de leur technique. Le moindre contrôle orienté de numéro 10 français suffisait à faire passer un frisson dans les travées de la H Arena tandis que les nombreux supporters ivoiriens n’avaient d’yeux que pour un Didier Drogba très altruiste avec deux passes décisives.
En finale, les Eléphants se sont inclinés aux tirs au but face aux ex Canaris. Mickaël Landreau, toujours aussi inspiré sur les penaltys, a repoussé celui de son ancien partenaire Emerse Faé avant que Nicolas Gillet ne trompe Gérard Gnahouan pour donner la victoire aux Nantais. Un succès presque anecdotique car l’essentiel était ailleurs. Même si l’esprit de compétition n’est jamais très loin dans leur tête. Certains comme Steve Savidan (France) ou Jaouad Zaïri (Maroc) se montrant d’ailleurs très actifs. « On a tous été joueur, et personne n’a envie d’être ridicule », a glissé, dans un sourire, Eric Carrière.
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Photo credits : JEAN-FRANCOIS MONIER / AFP