Il fut l’un des artisans de la dernière épopée presque concluante d’un club français en Ligue des Champions. Lucas Bernardi, ex international argentin, est passé par Marseille puis Monaco. Depuis, il écume les bancs de touche de clubs argentins sans véritablement faire son trou. Mais compte bien y arriver. Pour nous, il revient sur son passage en Ligue 1, dans les années 2000.
Vous arrivez en France en 2000-2001 à l’OM, saison avec trois entraîneurs. Quels souvenirs gardez-vous ?
Les meilleurs souvenirs. L’OM était un club énorme qui me donnait la possibilité d’être vu en Europe. On jouait dans un Vélodrome rempli, bouillant, bruyant. C’était compliqué à l’époque parce que l’équipe avait des soucis mais je m’étais très vite adapté à la ville, extraordinaire, et à l’équipe. C’était énorme, je ne garde que de superbes souvenirs.
Vous avez croisé Bernard Tapie ?
C’était un grand personnage. Quelqu’un qui parlait beaucoup. Tu voyais que c’était quelqu’un qui pouvait changer beaucoup de situations uniquement par la parole. Ça a été une expérience spéciale de le connaître, c’était très intéressant.
Avez-vous été poussé dehors au mercato 2001 ?
À l’époque, Tapie avait déclaré que trois joueurs n’allaient pas partir. Zoumana Camara, Wiliam Gallas et moi. Il voulait qu’on soit la colonne vertébrale du futur de l’OM. Et ce sont les trois joueurs qu’il a vendus. C’est typiquement Tapie, non ? (Rires) Mais après ma bonne saison, ça m’a donné la possibilité de venir à Monaco, donc je ne lui en veux pas puisque Monaco c’est devenu chez moi.
Vous avez passé huit saisons à l’ASM, dont la fameuse 2003-2004 avec la finale en LDC.
Peut-être ma meilleure année. J’étais en pleine évolution, j’ai pu montrer beaucoup grâce au club, aux partenaires et à Didier Deschamps. C’était une saison magnifique. Ce fut la dernière fois que la France a mis un club en finale de la Ligue Des Champions. C’était important pour moi, pour nous. Nous garderons cette folle saison en nous pour toujours
Que retenez-vous de Deschamps, qui vivait sa première expérience d’entraîneur ?
À l’époque, il m’a fait grandir comme joueur, fait comprendre ce qu’était un joueur professionnel, un joueur d’élite. Didier m’a appris à vouloir, tous les jours, donner le meilleur de moi-même. C’était quelqu’un qui savait gagner. Quelqu’un de très malin, qui apprenait tout le temps. J’ai passé plusieurs années avec lui et chaque jour, chaque année, tu voyais comment il s’améliorait. La façon dont il a fait de notre groupe de jeunes joueurs une machine est incroyable. Il savait comment faire un groupe de joueurs pour gagner. Chaque jour, à chaque entraînement, chaque jeu, chaque sprint, n’importe quoi, un petit match, on devait gagner. Et cet esprit de la gagne, une fois qu’on te l’a inculqué, ça reste.
Et votre duo légendaire avec Andreas Zikos ?
Pour jouer au milieu, j’ai rarement eu autant de complicité. Alors qu’on ne parlait pas la même langue. Lui Grec ne parlant pas encore français, moi Argentin ne parlant pas anglais… Mais on parlait la même langue sur le terrain. On sentait quoi faire en fonction de l’autre joueur. Sans parler, on savait, et c’était un sentiment procurant beaucoup de sérénité.
Pensez-vous revenir à Monaco un jour ?
Oui. Monaco, c’est le club où j’ai été le meilleur, la ville où mes filles sont nées. C’est chez moi pour toujours. C’est un rêve que j’ai, d’y revenir un jour comme entraîneur. Mais dans le football on ne sait jamais, nous verrons bien !
Interview réalisée par Nicolas Basse, rédacteur en chef du site Serie A mon amour. Foncez => http://serieamonamour.com/
Crédits photos : Philippe Perusseau / Icon Sport