Daniel Leclercq, « le Druide » : les origines d’un surnom

L’entraîneur historique du RC Lens avait été surnommé « Le Druide » tant pour son look que pour son côté mystérieux. Franck Ramella, premier à l’avoir appelé ainsi, se rappelle.

« Une évidence ». Pour Franck Ramella, journaliste pour L’Equipe en charge du RC Lens en 1998, le surnom de Daniel Leclercq tombe sous le sens. Avec émotion, il raconte l’entraîneur natif de Trith-Saint-Léger, décédé le 22 novembre en Martinique d’une embolie pulmonaire. Il avait été le premier à le baptiser « Le Druide », lors de la saison du titre pour les Sang et Or. Le reporter, désormais spécialiste du tennis pour le quotidien sportif, se rappelle avoir utilisé le terme à plusieurs reprises dans ses articles, sans forcément insister dessus. « L’image s’est imposée d’elle-même. Le look, le mystère… Il était au-delà du mythe. » Franck Ramella évoque un homme ayant séduit le public fidèle de Bollaert, avec son style particulier. « Il était tout en contraste : intimidant mais sympa. Il est passé du néant à la lumière en une seconde. Il venait de rien, et il a ressurgi de nulle part. » Au bout, un titre de champion de France, unique dans le siècle d’histoire du RC Lens. Largement de quoi nourrir la légende d’un technicien aux principes bien arrêtés. « Il a tout de suite installé le football total, avec un 4-3-3 qui offrait des matchs extraordinaires. » Si la folie était bien présente dans le contenu proposé, rien n’était laissé au hasard en dehors du terrain. « Il était d’une telle exigence avec tout le monde, souligne Franck Ramella. Il faisait peur à ses joueurs car il était impénétrable. »

Nordiste dans l’âme

Il y avait également une part d’irrationnel chez Daniel Leclercq, renforçant sa réputation de « Druide ». « C’était le même, qu’il entraîne une équipe perdue de Promotion de Ligue ou l’Equipe de France, s’il avait dû le faire. Il était magnifique car il ne dérogeait jamais à ses principes. » Parfois au point d’entrer en conflit frontal avec ses collaborateurs. Le Nordiste n’a jamais entraîné de club professionnel plus de deux saisons consécutives. « Ça ne pouvait pas durer très longtemps, il rendait tout le monde chèvre. Même Jean-Louis Borloo qui était ministre de la Ville quand il entraînait Valenciennes en 2004… » L’homme politique, membre de la direction du VAFC, s’était heurté à l’obstination de l’entraîneur, qui avait quitté la table des négociations sans hésiter après un désaccord.

Cette ténacité, parfois jugée excessive, a participé à l’affection que lui portaient les supporters lensois. L’émotion était forte samedi lors de la réception de Troyes. Elle témoignait de la relation unique avec son public. Vendredi soir, Valenciennes affrontera le RC Lens. La rencontre idéale pour un dernier hommage. « Il incarne sa région, il ne l’a jamais trahie ».

Crédit photo : Matthieu Mirville/Icon Sport

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Diezista en freelance entre Madrid et Bordeaux. Souvent au stade, toujours dans l'info.