Élections au FC Barcelone, la valse des espoirs et de Léo Messi

Comme toujours au FC Barcelone, tout est compliqué. Depuis notre dernier article sur la situation au Barça, Bartomeu a démissionné, Léo Messi a parlé et Tusquets s’est enfoncé. On vous explique tout, entre processus électoral et les programmes des candidats qui devront convaincre un certain numéro 10 de rester.

Le dernier boss du Barça a parlé

Lionel Messi a choisi la SextaTV pour s’exprimer, dans une longue interview de quasiment une heure. Initialement prévue pour être diffusée le 20 décembre, elle n’a été diffusée que le 27 décembre, alors que la TV Catalane organisait son «Téléthon» le dimanche précédent. C’est avec un journaliste hors de la sphère sportive qu’il a décidé de parler de sa vie, de ses derniers mois au Barça et surtout : de son avenir. Il commence d’abord par évoquer son arrivée en Catalogne quand il avait 13 ans, sa vie de famille aujourd’hui et son attachement pour Barcelone : «Barcelone, c’est ma vie. (…) J’ai plus vécu à Barcelone que dans mon pays. J’ai tout appris ici, j’ai grandi au club, le club m’a formé comme joueur et comme personne. Je leur dois tout.» Il explique que ni lui ni sa famille ne se voyait vivre ailleurs et que ça a rendu sa décision de quitter le club encore plus compliquée.

Il revient ensuite sur ce passage à l’intersaison, entre burofax, interview et démission de Bartomeu : «Le club va vraiment mal et ce sera difficile de revenir à la situation antérieure.» Une raison qui l’a poussée à envoyer ce fameux fax de départ une façon de «formaliser» sa volonté de départ trop longtemps ignorée par l’ancienne direction. Il affirme même que Bartomeu lui a beaucoup menti, mais qu’il ne rentrera pas dans les détails. Dans cette interview il règle aussi ses comptes avec les médias : «Les gens lisent et croient tout ce qui sort dans les journaux et à la télé, donc beaucoup croient que je choisis les joueurs, que je fais signer les entraîneurs et c’est très loin de la réalité.» Un petit taquet pour des journalistes catalans déjà accusés par des nombreux supporters d’avoir pris parti pour la direction de Bartomeu. Pour autant il se défend d’avoir appelé Bartomeu «Nobita» (héros paresseux et peureux du dessin animé Doraemon), même si selon lui certains du vestiaire se gênaient beaucoup moins. Et il reste très amer sur la façon dont le Barça s’est séparé de son ami Luis Suarez, le libérant de son contrat pour qu’il aille signer chez un concurrent direct.

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Malgré les difficultés du club, il reste «motivé» et déclare vivre avec Barcelone une relation d’amour sans calcul. Le travail de Koeman plaît au numéro 10 : «Je crois qu’il a montré son sérieux, ses idées claires. Il fait du bon travail. C’est difficile, il y a beaucoup de nouveaux joueurs, de jeunes joueurs mais petit à petit, l’équipe grandit.» Mais comme beaucoup, il déplore les conditions actuelles, avec des matches sans public, un calendrier chargé et donc un niveau de jeu qui baisse incontestablement.

Comme tout le monde, Messi attend les élections

Quand le journaliste Evole lui pose des questions sur son avenir, l’Argentin reste très flou, même s’il avoue avoir discuté avec Pep Guardiola mais «pas pour des retrouvailles (en club)». Pour lui, le scrutin qui aura lieu fin janvier sera sans doute décisif, même s’il se désengage totalement et étant lui-même socio, ne sait pas si il ira voter. Il souhaite cependant bon courage à celui qui reprendra le club. «Je ne sais pas (s’il restera). On verra comment se passent les élections, que celui qui doigt gagner gagne, et ensuite nous verrons.» Priorité pour l’instant sur la fin de saison, les titres et rien d’autre. Dans tous les cas, il ne décidera qu’en juin, et ne négociera pas avant avec d’autres clubs. La balle est désormais dans le camp des candidats, même si la Pulga est suffisamment conscient des galères du FC Barcelone, notamment pour faire (re)venir des joueurs comme Neymar : «Ça va être difficile de faire venir des joueurs parce qu’il n’y a pas d’argent. Il y a beaucoup de joueurs importants (à recruter) pour pouvoir être compétitif partout, et ces joueurs, tu dois les payer.»

La seule certitude qu’il donne est celle de son retour au club, non pas comme coach mais plutôt comme directeur sportif. Le reste sera décidé suite au scrutin.

Des élections difficilement salvatrices

Le 27 octobre 2020, coup de tonnerre sur la maison blaugrana : Josep Maria Bartomeu et son équipe de direction démissionnent du FC Barcelone. Une motion de censure était alors en passe d’être actée, malgré tous les efforts fournis par Bartomeu et Cie pour repousser le vote qui le mettrait à la porte. Finalement, il quitte le navire en perdition et confie les clés à Tusquets, devenu président par intérim. Une Commission de Gestion gère jusqu’aux prochaines élections les affaires courantes du FC Barcelone, limitées aux actions obligatoires afin d’assurer la protection des intérêts du club. Comme prévu par les statuts du club, dont les socios élisent la direction tous les 6 ans. Le vote se fait au suffrage universel direct, et tous les socios de plus de 18 ans ayant au moins une année d’ancienneté ont le droit de vote.

Une fois la prise de fonction de Tusquets actée, celui-ci est chargé de convoquer les élections présidentielles, dans un délais de trois mois après sa prise de fonctions. De nombreuses rumeurs donnent des dates de scrutin avant fin 2020, mais finalement, le club communique le 14 décembre sur la tenue des élections. Et c’est tout un processus électoral qui mènera à la date du 24 janvier 2021, date à laquelle les socios se déplaceront aux urnes pour voter. Avant ça, les pré-candidats ont du 23 décembre au 11 janvier pour récolter tous les parrainages et signatures  de socios nécessaires pour être officiellement candidat. Il faut minimum 2 257 signatures par pré-candidat pour que sa candidature soit acceptée. Du 12 au 14 janvier, ces signatures seront décomptées puis examinées. Enfin aura lieu la campagne électorale officielle, du 15 au 22 janvier, où ceux atteignant le nombre de signatures nécessaires pourront s’affronter. Même si évidemment, les tractations ont commencé depuis bien longtemps.

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Le 24 janvier 2021 sera le jour de l’élection, et les socios à travers l’Espagne éliront celui qui devra retaper de fond en combles le grand Barça. Là où d’habitude tout se passe à Barcelone, des bureaux de votes ont été installés en Catalogne (au Camp Nou, à Tarragone, Tortosa, Lleida, Gérone et en Andorre), mais aussi à Madrid, Séville, Valence et Palma de Majorque. Une première, contrainte de la pandémie mais aussi (sans doute) une réponse aux socios qui demandaient davantage de démocratie au sein du club. Enfin, le Barça compte prévoir des créneaux afin d’éviter les queues, même si les élections devraient avoir lieu toute la journée, de 9h à 21h. C’est près de 110 000 socios qui sont donc appeler à choisir une nouvelle direction, 93% vivants en Catalogne, 4% ailleurs en Espagne et 3% à l’étranger. 

Des pré-candidats aux projets divergents

On dénombre pas moins de 8 pré-candidats encore en lice à l’ouverture de la campagne de parrainage ce 23 décembre. Et c’est donc parmi les 110 000 socios aptes à voter qu’ils devront chacun trouver les 2 257 parrainages nécessaires pour voir leurs noms sur des bulletins le 24 janvier. À raison évidemment, d’un parrainage par socio.

Alors que le club croule sous les dettes, avec des finances lourdement impactées par la pandémie, ils devront trouver la solution pour sortir le club du marasme. Les joueurs ont heureusement accepté de baisser leur salaire de 30%, empêchant au club de se trouver en cessation de paiement, mais à crédit sur les prochaines années. Encore un problème budgétaire auquel la future direction devra faire face. Avec ces élections le 24 janvier, le Barça devra trouver des solutions en toute fin de mercato pour combler les absences en défense et les trous noirs en attaque (fin du mercato le 31 janvier). Dans ce contexte, difficile de comprendre pourquoi Tusquets a tant tardé à convoquer les élections. Parce que si la date rentre officiellement dans les clous, elle pouvait difficilement être aussi tardive (maximum le 27 janvier).

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Chez les candidats on retrouve un nom plutôt connu : Joan Laporta, ex-président de 2003 à 2010. Entre temps, il s’est lancé en politique en Catalogne. Malgré certains reproches des supporters à l’époque, il est le candidat favori de cette élection et a fait très fort avec sa pancarte au pied du Bernabeu avec écrit «Pressé de vous revoir». Son discours est fédérateur et pas très tranchant, afin de récupérer les votes des socios conservateurs. Il prône le retour au Barça authentique, avec une grande place pour les jeunes formés au club, un club véritablement engagé sur plusieurs fronts avec la notion de «més que un club» et une plus grande place pour les Penya (groupes de supporters) et socios. Dans la même veine on trouve évidemment Victor Font. Lui est beaucoup plus incisif et se positionne notamment pour un retour d’Unicef comme sponsor sur les maillots, un retour de Xavi au club dès que possible et un impossible retour de Neymar au Camp Nou après ce qu’il a fait au club. Soutenu par de nombreux proches du club, il est difficile de savoir si ces affinités pourraient se répercuter sur le vote. Mais les deux projets de Laporta et Font sont les plus populaires, et les deux viennent avec de beaux noms pour former leurs équipes.

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Si eux deux ne devraient pas avoir trop de mal à obtenir les parrainages nécessaires, ce sera sans doute plus compliqué pour d’autres. Jordi Farré par exemple, initiateur de la motion de censure et pré-candidat, a notamment proposé des tatouages et des pizzas à tous ceux qui le parrainaient. Certains sont perçus comme les candidats de «la continuité», s’inscrivant dans la lignée du travail de Bartomeu et auront donc du mal à se faire entendre : comme Emili Rousaud qui veut le retour de Neymar, Xavier Vilajoana qui axe son programme sur la passion ou Toni Freixa proche de Sandro Rosell de 2010 à 2014 puis proche de Bartomeu. Lluis Fernandez Ala également initiateur de la motion se présente aux élections avec un projet entre droiture économique et progrès de la Masia. Enfin Agusti Benedito se présente lui avec une promesse qui plaira surement aux socios : raser le Camp Nou pour reconstruire un stade neuf au même endroit.

Le Barça n’est donc surement pas au bout de ses peines, et c’est Lionel Messi qui finira ou pas d’achever le club blaugrana d’ici la fin de saison. Rendez-vous le 24 janvier 2021 pour connaître le futur grand manitou du FC Barcelone. La suite se jouera entre le mercato, la Ligue des Champions face au PSG et l’entrée en Copa del Rey.

Pour en savoir plus pour les programmes des pré-candidats, nos confrères de Furia Liga ont interviewé cinq d’entre eux. Les interviews sont à lire ici : https://www.furialiga.fr/category/elections-barca/

Crédit photo : Icon Sport

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